Un millier de Syriens fuyant le conflit dans leur pays, se sont réfugiés ces 24 dernières heures en Turquie qui a accusé le régime syrien de miner la frontière commune pour empêcher un exode qui, selon le Croissant rouge, pourrait atteindre 500.000 personnes.
"Le nombre de réfugiés Syriens a augmenté d'un millier en une seule journée et a grimpé à 14.700", dont la majorité sont des femmes, jeunes et enfants, a indiqué le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Selçuk Ünal lors d'un point de presse à Ankara, au jour anniversaire de la révolte en Syrie, pays voisin de la Turquie.
Parmi eux se trouve un général de l'armée syrienne qui a rejoint les rangs des déserteurs en Turquie regroupés sous le drapeau de l'Armée syrienne libre (ASL) qui disposent d'une base à Hatay (sud) où se trouvent les camps de réfugiés, a précise le diplomate.
"Avec ce général qui est arrivé hier (mercredi), nous accueillons à présent sept généraux", a-t-il dit.
Un groupe de 700 réfugiés étaient déjà arrivés en Turquie mercredi, marquant une importante augmentation du nombre de Syriens se réfugiant en territoire turc depuis le début du mouvement de contestation du régime de Bachar al-Assad en Syrie, le 15 mars 2011.
Cette vague de réfugiés s'explique selon les turcs par l'offensive menée par l'armée syrienne contre le bastion rebelle d'Idleb (nord-ouest de la Syrie) qui pousse les civils à fuir vers la Turquie.
Les Turcs craignent une répétion de la crise de 1991 lorsque 500.000 kurdes irakiens, fuyant les exactions du président de l'époque Saddam Husseïn lors de la guerre du Golfe, s'étaient massés à la frontière commune.
"Nous nous attendons à ce que d'autres (Syriens) arrivent en Turquie par la province frontalière (turque) de Hatay. Il existe divers scénarios qui prévoient un chiffre pouvant aller jusqu'à 500.000" personnes, a déclaré le président du Croissant rouge turc, Ahmet Lütfi Akar, cité par l'agence de presse Anatolie.
Il a cependant reconnu qu'une telle situation relevait de l' "extrême".
Le vice premier ministre turc Besir Atalay a par ailleurs accusé jeudi la Syrie de poser des mines à sa frontière avec la Turquie pour barrer le passage aux réfugiés.
"L'administration syrienne pose des mines à la frontière (turque) pour que les réfugiés ne puissent pas passer, elle prend des mesures", a-t-il dit sur la chaîne d'information NTV.
Le responsable turc a affirmé que l'armée syrienne "intervient militairement" du côté syrien contre les gens voulant traverser la frontière. "Il y a eu beaucoup de personnes qui ont perdu la vie", a-t-il ajouté.
La construction d'un nouveau camp d'une capacité de 20.000 places a été entamée dans la province de Sanliurfa (sud-est).
Un autre camp de réfugiés, composé cette fois de conteneurs, est également en cours de construction depuis l'hiver à Kilis (sud-est), sur la route menant à la grande ville syrienne de Halep (nord-ouest).
D'autre part, un "Convoi de la Liberté" composé de quelques centaines d'activistes, pour la plupart des Syriens exilés ou de la diaspora, est parti jeudi matin de la ville turque de Gaziantep (sud-est) vers la frontière syrienne, a constaté l'AFP.
Le but est en principe d'apporter de l'aide humanitaire à la population syrienne mais il sera sans aucun doute, comme ce fut le cas lors d'une première tentative également partie de Gaziantep le 12 janvier, empêché par la Turquie, d'approcher de la frontière.
Le gouvernement turc qui a rompu avec l'ancien allié syrien du fait de la répression a prévu d'organiser le 2 avril, à Istanbul, la deuxième édition du groupe des pays amis de la Syrie, après une première réunion en février à Tunis.