BRUXELLES , 24 jan 2011 (AFP) — Le pouvoir syrien met en prison les militants politiques, étouffe la liberté d'expression, réprime la minorité kurde, isole les détenus du monde extérieur et souvent les torture, a dénoncé lundi l'organisation Human Rights Watch (HRW) dans son rapport annuel.
"Le registre noir de la Syrie s'est distingué (en 2010). Les jugements rendus à l'encontre de deux éminents défenseurs des droits de l'Homme, dont un âgé de 80 ans, montrent jusqu'où les autorités syriennes peuvent aller pour faire taire leurs adversaires", déplore HRW.
Ces deux militants, Mouhannad Hasni et Haytham Maleh, condamnés par la Cour pénale pour avoir "affaibli le sentiment national" et "propagé des informations mensongères", sont "les véritables héros de la Syrie en 2010", estime Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à HRW.
"Les efforts de la Syrie pour attirer les touristes et les investisseurs étrangers lui donnent de l'éclat, mais ses prisons et ses services de sécurité sont d'un autre temps", insiste Mme Whitson.
HRW cite au moins cinq détenus ayant trouvé la mort en prison en 2010, "sans que des enquêtes sérieuses aient été menées par les autorités", et indique que la torture est pratiquée en toute impunité.
Islamistes et Kurdes font l'objet d'une sévérité particulière, et plusieurs militants ont été condamnés à de lourdes peines de prison, note aussi le rapport.
"Les kurdes sont victimes de discriminations. Plus de 300.000 d'entre eux sont privés de cartes d'identité, biens qu'ils soient nés en Syrie", affirme HRW. Estimés à plus de 1,5 million de personnes, soit 9% de la population, les Kurdes de Syrie réclament la reconnaissance de leur langue et de leur culture.