Quatre manifestants ont été tués et des centaines d'autres blessés, vendredi 18 mars, par les forces de l'ordre syriennes lors d'une manifestation à Deraa, dans le sud du pays, selon un militant des droits de l'homme présent sur place. La police a ouvert le feu sur les manifestants, plusieurs hélicoptères ayant amené des renforts.
Les manifestants réclamaient des réformes démocratiques et dénonçaient la corruption. Une vidéo diffusée sur Facebook les montre en train de crier des slogans hostiles à l'homme d'affaires Rami Makhlouf, cousin du président Bachar al Assad, qu'ils traitent de "voleur". Les manifestants tués étaient parmi la foule qui scandait "Dieu, Syrie, liberté !"
MANIFESTATION DISPERSÉE À DAMAS
Les forces de l'ordre syriennes ont par ailleurs dispersé une petite manifestation après la prière du vendredi au cœur du vieux Damas, devant la mosquée des Omeyyades. Deux des manifestants au moins ont été emmenés par les agents de sécurité en civil. "Il n'y a de Dieu que Dieu", scandait la foule à l'intérieur de la mosquée.
Une contre-manifestation de soutien à Bachar Al-Assad a réuni au moins deux cents personnes sur une petite place près de la mosquée, criant des slogans favorables au président syrien. Les manifestants brandissaient des drapeaux syriens et certains une photo de Hafez Al-Assad, ex-président et père de l'actuel. Des familles terrifiées accompagnées d'enfants en pleurs se sauvaient de la place.
LE "VENDREDI DE LA DIGNITÉ"
Une page Facebook intitulée "La révolution syrienne contre Bachar Al-Assad 2011", qui comptait vendredi plus de 49 000 soutiens, avait appelé à des manifestations pour "le vendredi de la dignité le 18 mars" près des mosquées de toutes les régions syriennes. "Nous réclamons nos droits, la dignité pour les Syriens", "Ta participation signifie la liberté dans un proche avenir en Syrie", indique la page.
C'est la troisième manifestation en faveur des libertés qui a été dispersée cette semaine, les protestataires bravant la loi d'urgence décrétée dans le pays depuis 1963. La manifestation de parents de prisonniers politiques qui s'était déroulée mercredi près du ministère de l'intérieur a donné lieu à l'arrestation de trente-quatre personnes. Trente-deux d'entre elles ont été inculpées, jeudi, pour "atteinte au prestige de l'Etat", selon une organisation des droits de l'homme.
Les ONG syriennes ont appelé le gouvernement à "libérer immédiatement tous les détenus d'opinion et de conscience dans les prisons syriennes" et à "cesser de pratiquer la politique des détentions arbitraires contre les opposants politiques et les militants de la société civile et des droits de l'homme". Human Rights Watch, qui a fait état de l'arrestation de trente-quatre personnes, a appelé également à la libération de tous les manifestants interpellés.