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Des dissidents iraniens se souviennent comment ils ont fait leur "confession"

AP, le 8 août 2009

Quand les accusés reconnaissent publiquement tous les crimes qui leur sont reprochés lors des procès politiques en cours à Téhéran, d'autres dissidents iraniens revivent le processus d'isolement, de mauvais traitements et de menaces qui les a parfois forcés à débiter de semblables confessions dictées par leurs bourreaux.

En regardant les aveux filmés de réformateurs influents comme l'ancien vice-président Mohammad Abtahi et Mohammad Atrianfar, Ebrahim Nabavi, que ses satires du régime clérical ont rendu populaire en Iran, revoit sa propre confession télévisée en 2000, après plus de trois mois de prison.

"Quand vous vous asseyez (au tribunal), vous avez l'impression d'être tout seul, que votre sort dépend de vous seul et la seule chose que vous voulez faire, c'est de vous détruire vous-même" par la confession, confie Ebrahim Nabavi, qui vit aujourd'hui à Bruxelles.

"La confession est déjà écrite. Ils font tellement souffrir le prisonnier qu'à la fin, il dit ce qui est écrit. Par exemple, ils écrivent qu'il n'y a pas eu de fraude dans l'élection (présidentielle du 12 juin, ndlr) et que les réformateurs ont lancé une révolution de velours (...) et ensuite ils amènent Abtahi à dire" ça, estime Mahboubeh Abbasgholizadeh, militante connue des droits de la femme, emprisonnée et interrogée deux fois, en 2004 et 2007.

Des personnes arrêtées dans la vague de répression post-électorale de ces dernières semaines racontent avoir été entassées dans des cellules, frappés par les gardiens ou même forcés de lécher la cuvette des toilettes.

Ebrahim Nabavi affirme, lui, avoir été "brisé" par la pression psychologique, sans que ses bourreaux de la prison d'Evin, à Téhéran, l'aient touché. Placé à l'isolement pendant un mois et demi dans une cellule de 1,80m sur 1m, il n'a vu personne pendant trois jours.

"Vous savez ce que ça veut dire, la solitude? Après une heure, vous vous sentez soudain séparé du reste du monde. Tout le monde vous a abandonné (...) Vous vous sentez de plus en plus faible, opprimé et victime d'une injustice. Vous avez l'impression d'avoir perdu votre droit de vivre. Puis, petit à petit, vous vous reprochez de vous être mis dans ce pétrin et vous commencez à ressasser les choses que vous avez faites pour chercher vos erreurs", explique-t-il. "Vous commencez à vous humilier vous-même, vous vous abaissez vous-même".

Quand les interrogatoires ont commencé, il a été soulagé de ne plus être seul. "Au moins, vous parlez à quelqu'un. Celui qui vous interroge devient la personne la plus proche de vous parce que vous n'avez personne d'autre dans ce monde", se souvient le satiriste âgé de 51 ans.

Après sa confession, il a été condamné pour avoir insulté le régime islamique mais libéré sous caution. Il a quitté l'Iran en 2003 et continue de critiquer le pouvoir sur Internet.

Il y a aussi les menaces sur les proches. "Vous finissez par sacrifier votre intégrité politique pour préserver votre vie privée", explique encore Ebrahim Nabavi. Comme il refusait de donner son adresse personnelle, les autorités ont menacé d'aller chez sa mère, cardiaque. "Tout de suite, j'ai dit: 'je ferai ce que vous voudrez', je savais qu'ils n'avaient pas de conscience et se moquaient bien de sa vie".

Comme lui, le journaliste d'investigation Akbar Ganji, qui a passé six ans dans la prison d'Evin, estime que "l'isolement est pire que la mort". "Après un certain temps, l'apathie vous gagne. A ce moment-là, (le prisonnier) est prêt (...) à avouer tout ce qu'on veut pour sortir de là".

Arrêté en 2000, le reporter a refusé de signer ses aveux. Après sa libération en 2006, il a quitté le pays. Mais "chaque personne a une expérience différente", souligne Akbar Ganji, "ce qui est important, c'est que ceux qui cèdent ne soient pas mal considérés mais plutôt défendus comme des héros et que les régimes criminels qui emploient de telles méthodes soient condamnés".

Iran : plusieurs manifestants et manifestantes victimes de viols en détention, selon l'un des leaders de l'opposition réformatrice

AP, le 10 août 2009

Plusieurs hommes et femmes détenus pour avoir pris part aux manifestations de protestation contre les résultats du scrutin présidentiel iranien du 12 juin ont été les victimes de viols avec violence par leurs gardiens au point d'en garder de graves séquelles physiques et mentales, a affirmé lundi l'un des leaders de l'opposition réformatrice.

Mahdi Karroubi, l'un des deux candidats réformateurs battus le 12 juin, a déclaré avoir reçu des informations d'anciens commandants militaires et autres hauts responsables iraniens et demande l'ouverture d'une enquête.

"Un certain nombre de détenus ont déclaré que certaines femmes ont été si sauvagement violées que leur appareil génitale a été endommagé. D'autres jeunes garçons ont été si sauvagement violés qu'ils souffrent de dépression et d'importants dégâts physiques et psychiques", a souligné Karroubi dans une lettre publiée sur son site Internet.

Il a ajouté que ces crimes, s'ils sont avérés, serait une "honte" pour le régime islamique. Il n'a donné aucun nom de responsables affirmant l'existence de ces viols.

Dimanche, le chef de la police iranienne a reconnu que des manifestants arrêtés lors de la contestation post-élection présidentielle avaient été victimes de mauvais traitements. Le général Ismail Ahmadi Moghaddam, cité par les médias publics, a toutefois affirmé que certains prisonniers morts en détention avaient succombé à des virus, et pas à la torture, comme l'affirme le camp réformateur.

"Ce centre de détention a été construit pour accueillir des criminels dangereux. Accueillir des personnes liées aux récentes émeutes a causé des épidémies", avait affirmé Moghaddam, cité par l'agence officielle IRNA. Les manifestants "sont morts de maladies virales, et pas sous les coups", a-t-il ajouté, selon l'agence semi-officielle Fars.

Selon plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme, au moins trois manifestants sont morts après avoir été détenus et torturés à la prison de Kahrizak.

Le directeur de cet établissement a été démis de ses fonctions, et la fermeture de la prison a été ordonnée le mois dernier. Trois gardiens ont également été arrêtés pour des accusations de mauvais traitements sur des prisonniers.

Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées lors du mouvement de contestation qui a suivi l'élection controversée du 12 juin, qui a vu la victoire de Mahmoud Ahmadinejad. Au moins 30 personnes sont mortes dans les violences, selon les chiffres d'une commission d'enquête parlementaire, mais les ONG craignent que le bilan soit beaucoup plus lourd. La prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a évoqué une centaine de morts.

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