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A Téhéran, la police ferme l'ONG animée par Shirin Ebadi Le Monde, le 22 décembre 2008 Les explications ne sont venues que beaucoup plus tard. Dimanche après-midi 21 décembre, des dizaines de policiers et d'agents en civil ont fait irruption au Centre des défenseurs des droits de l'homme (CDDH), une ONG créée, en 2002 à Téhéran, par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi et cinq autres avocats iraniens qui défendent depuis des années, gratuitement, les prisonniers politiques. Près de 300 invités étaient attendus dans les locaux pour la remise d'un prix à un militant des droits de l'homme. La police a fait évacuer, apposant des scellés plombés sur l'entrée. Dans la soirée, les autorités judiciaires ont justifié cette fermeture en accusant le centre de se livrer à des "activités illégales", ainsi que l'a précisé l'agence de presse Mehr. Shirin Ebadi, qui n'était pas présente lors de l'intervention policière, a condamné cette action, annonçant que le centre portera plainte. Le prix Nobel de la paix tiendra également une conférence de presse mardi. Pression constante Pourquoi cette brusque fermeture d'un Centre qui publie régulièrement des rapports sur la situation en Iran ? "Parce que dans le contexte actuel de répression, il est devenu la seule voie de recours pour protester contre les arrestations et toutes les exactions", nous a confié, à Paris, Karim Lahidji, avocat proche de Shirin Ebadi et président de la Ligue de défense des droits de l'homme en Iran (LDDHI). "L'Iran, ajoute-t-il, a atteint un record d'exécutions, pratiquement une par jour, y compris des mineurs et des simples d'esprit. Les minorités (notamment les Bahais dont les chefs sont détenus depuis dix mois), les étudiants, les politiciens indépendants : personne n'y échappe. Toute tentative d'ouverture est réprimée : la campagne de récolte de signatures des femmes pour l'égalité a conduit à la condamnation de quarante-deux d'entre elles. Des dizaines de journaux ont été fermés. Et ce pourquoi ? Parce qu'ils dénonçaient une crise économique qui a fait des millions de nécessiteux et la progression de l'usage de la drogue qui frapperait 20 % de la population. Mais la pauvreté et la drogue ce sont aussi des atteintes aux droits de l'homme." Shirin Ebadi est sous pression constante depuis des mois, selon ses proches. Outre les coups de téléphone anonymes de menaces, à plusieurs reprises le ministère des renseignements lui aurait demandé avec insistance de fermer les bureaux du CDDEH. Ce qui aurait précipité l'intervention policière, estime M. Lahidji, serait la dénonciation en règle de la situation des droits de l'homme en Iran effectuée devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 18 décembre. La dénonciation était fondée sur un rapport du secrétaire général, Ban ki-moon, qui lui même reprenait des rapports fournis par le centre de Shirin Ebadi. AP, le 21 décembre 2008 La police iranienne a fermé dimanche le Cercle des défenseurs des droits de l'Homme, de la prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi. Interdite l'année dernière par les autorités iraniennes, l'organisation continuait de fonctionner depuis ses locaux situés dans le nord de Téhéran. Dimanche, alors que le Cercle s'apprêtait à décerner un activiste ayant passé 17 ans en prison, des policiers en uniforme et en civil ont fait irruption dans les bureaux. Ils ont fouillé les locaux puis ont condamné l'accès à l'immeuble. Aucune arrestation n'a été signalée. "Fermer nos bureaux ne nous fera pas arrêter nos activités de défense des droits de l'Homme", a déclaré Shirin Ebadi à l'Associated Press. "Nous nous retrouverons ailleurs et nous continuerons à soutenir les droits des activistes et des prisonniers politiques". D'après l'agence semi-officielle Mehr, la justice a ordonné la fermeture du Cercle parce qu'il n'avait pas les permis requis. L'organisation avait en outre publié des communiqués qui avait créé une atmosphère "de publicité médiatique contre l'establishment ces dernières années", selon les autorités judiciaires citées par Mehr. D'après Shirin Ebadi, les rapports du Cercle des défenseurs des droits de l'Homme ont probablement froissé Téhéran. Les délégués de l' ONU pour les droits humains ne peuvent visiter l' Iran mais se fondent sur ces rapports pour parfois condamner certaines violations. Dans son rapport annuel publié en mai, l'organisation de Shirin Ebadi estime que "la liberté de parole et la circulation de l'information ont encore décliné" depuis que le président Mahmoud Ahmadinejad a pris ses fonctions, en 2005. Le Cercle des défenseurs des droits de l'Homme fait campagne pour l'abolition de la lapidation et de l'amputation. Il réclame aussi la fin des exécutions de mineurs. Il s'apprêtait dimanche à décerner un prix à Taqi Rahmani, qui a passé 17 ans en prison pour avoir, selon l'accusation, tenté de renverser le régime islamique. La cérémonie a été reportée.
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