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Guinée : 20 candidats sur 24 dénoncent des "fraudes", la Céni mise en cause

AFP, le 30 juin 2010

Le directeur des opérations électorales de la Ceni, Pathé Dieng, a réagi en réaffirmant qu'"aucun résultat" du scrutin de dimanche "ne serait manipulé" et a qualifié de "totalement infondées" les accusations de fraudes lancées par divers partis.

 Vingt partis politiques guinéens - sur les 24 engagés dans l'élection présidentielle de dimanche - ont lancé tout au long de la journée de mardi des accusations de "fraudes", que la Commission nationale électorale indépendante (Céni) a qualifiées de "totalement infondées".

Selon le code électoral guinéen, la Céni doit proclamer les premiers résultats provisoires dans les 72 heures suivant le scrutin, soit avant mercredi 18H00 (locales et GMT).

La communauté internationale avait salué l'atmosphère de paix et de sérénité qui avait prévalu, dimanche, pour la première élection libre de l'histoire de la Guinée, après 52 ans de dictatures.

Mais, depuis lundi, les favoris, puis les plus petits partis, ont surenchéri pour dénoncer "fraudes" et "irrégularités".

Mardi soir, un collectif de 17 partis a ainsi estimé que "des irrégularités manifestes avaient entaché le déroulement du processus électoral".

"De nombreux faits survenus sur toute l'étendue du territoire donnent des raisons de penser que ni la transparence ni la liberté et la régularité du scrutin n'ont été observés", a déclaré Abé Sylla, responsable de la Nouvelle génération pour la République (NGR), au nom de ce collectif constitué pour l'essentiel de petites formations.

L'un des principaux candidats, Alpha Condé, avait auparavant accusé le président de la Céni, Ben Sékou Sylla, "d'avoir tout fait pour que le scrutin se passe mal". Cet opposant de très longue date a notamment cité le fait que des bureaux de vote aient été "situés à 20, 30 km des populations" dans son fief de Haute-Guinée et a évoqué des "fraudes graves" dans trois quartiers de la banlieue de Conakry.

"Nous n'allons pas permettre à des pyromanes de mettre ce pays à feu et à sang", a lancé M. Condé.

Avant lui, les porte-parole de trois candidats - les ex-Premiers ministres Cellou Dalein Dalein, Lansana Kouyaté et Sidya Touré - avaient multiplié les dénonciations. Les uns après les autres, ils avaient évoqué des "fraudes massives" dans certaines communes de Conakry ou d'autres villes, des "bourrages d'urnes", le fait que des urnes aient disparu puis réapparu, etc.

Maurice Zogbélémou Togba, responsable de la campagne de l'ancien Premier ministre Sidya Touré (1996-1999), a toutefois "regretté que les leaders de partis se mettent à faire des déclarations sur les radios" à ce sujet. "Il faut éviter d'intoxiquer l'opinion. Qu'ils attendent les résultats, le contentieux électoral est prévu par la loi", a-t-il dit.

Le directeur des opérations électorales de la Ceni, Pathé Dieng, a réagi en réaffirmant qu'"aucun résultat" du scrutin "ne serait manipulé" et a qualifié de "totalement infondées" les accusations de fraudes.

Selon M. Dieng, "les informations reçues par la Céni" pour la centralisation des résultats couvraient mardi "moins de 50%" des votes. "En pareille circonstance, la prudence requiert que les données soient agrégées et vérifiées", a-t-il dit.

Un délai avait été donné aux commissions de recensement des votes pour faire parvenir, jusqu'à mardi, les résultats à la Céni. Selon M. Dieng, le général Sékouba Konaté, président de la transition, a mis à la disposition de la commission un hélicoptère pour acheminer des résultats.