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Des soldats mécontents sèment la panique à Conakry

Reuters, le 11 mai 2007

CONAKRY - Six personnes ont été tuées vendredi en Guinée où des soldats réclamant une revalorisation de leur solde et le renvoi de leurs supérieurs ont défilé en tirant des coups de feu en l'air dans la capitale, Conakry, et dans d'autres villes du pays.

D'après le gouvernement, une personne a été tuée à Conakry, trois dans la ville minière de Kindia et deux à Géckédou, dans le sud-est, près de la frontière du Liberia .

A Conakry , des passants pris de panique se sont enfuis, des magasins et des banques ont baissé leur rideau, travailleurs et automobilistes sont rapidement rentrés chez eux tandis que les soldats gagnaient à pied un camp du centre de la ville côtière.

Le calme est revenu après que le Premier ministre Lansana Kouyaté eut demandé aux protestataires en uniforme de regagner leur caserne en leur promettant d'examiner leurs doléances.

Des incidents analogues s'étaient produits la semaine dernière dans plusieurs garnisons du pays, premier producteur mondial de bauxite. Ces troubles viennent ébranler l'autorité du nouveau gouvernement d'union dirigé par Kouyaté depuis mars.

Le gouvernement s'efforce d'imposer son autorité dans un pays qu'ont secoué en janvier et février de violentes grèves déclenchées par les syndicats contre le président Lansana Conté.

Durant leur manifestation, les soldats, dont certains étaient armés de lance-grenades, ont tiré une série de coups de feu en l'air.

Les forces armées guinéennes ont reçu en mars une forte augmentation de leurs soldes, peu après avoir contribué à mettre fin aux grèves et aux émeutes dirigées contre le président. Au moins 137 personnes, en majorité des manifestants atteints par les tirs de la police et de l'armée, avaient péri dans ces émeutes du début de l'année.

Dans un communiqué publié vendredi, le gouvernement a dit avoir déjà accédé aux demandes de relèvement de soldes et de pensions de retraites militaires. Ces augmentations coûtent 3,49 millions de dollars supplémentaires par mois au budget de l'Etat, souligne-t-il.

Un diplomate étranger a estimé que les militaires frondeurs ne cherchaient pas à opérer un coup de force mais qu'ils s'estiment lésés financièrement depuis une décennie.

Le président Conté, septuagénaire et malade, s'appuie sur les forces armées depuis son arrivée à la tête du pays par un putsch en 1984. Mais en 1996, des mutins réclamant une amélioration de leur solde n'avaient pas hésité à bombarder le palais présidentiel à l'arme lourde.

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Le président Conté limoge dans l'armée pour calmer la colère de militaires

AFP, le 12 mai 2007

CONAKRY - Le président guinéen Lansana Conté a limogé samedi de hauts responsables de l'armée, dont le ministre de la Défense et le chef d'état-major, pour calmer la colère de militaires réclamant des arriérés de soldes , dont les tirs ont fait au moins neuf morts dans le pays en 10 jours.

Le général Arafan Camara, qui avait été nommé ministre de la Défense dans le gouvernement formé le 28 mars dernier, a été "muté" et remplacé par le général Mamadou Baïlo Diallo, selon un décret présidentiel lu samedi matin à la radio.

Le général Kerfalla Camara, qui était chef d'état-major général des armées, a été relevé de ses fonctions et remplacé par le général Diarra Camara, d'après ce décret.

Le président Conté a également limogé le numéro deux de l'armée, le général Ibrahima Diallo, et nommé à sa place le colonel Mamadou Sampil. Le colonel Bambo Fofana, qui était directeur de l'intendance militaire, a été remplacé par le commandant Mamadou Korka Diallo.

Le décret présidentiel ne précise pas les nouvelles affections des quatre officiers supérieurs limogés, ni les raisons de leur limogeage. Aucune indication n'était immédiatement disponible sur le parcours de leurs remplaçants, à l'exception du nouveau ministre de la Défense, réputé homme de terrain et qui était à la retraite depuis 2005.

L'annonce des limogeages a été accueillie par une explosion de joie au camp militaire Alfa Yaya Diallo de Conakry , épicentre de la grogne des soldats.

"Dès qu'on a entendu ça à la radio, ça a été une explosion de joie ici", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un militaire joint dans ce camp, le plus grand du pays, situé près de l'aéroport de Conakry .

Vendredi, le président Conté s'était rendu au camp Alfa Yaya Diallo à la rencontre des militaires mécontents mais la plupart d'entre eux étant absents, il n'y était resté que 5 minutes et leur avait donné rendez-vous ce samedi à 09h00 (locales et GMT).

Jusqu'à 12h00, M. Conté n'était pas encore arrivé sur place, selon une source militaire.

Ces limogeages sont "une façon d'accéder aux revendications des militaires. On sait que c'est lié à la +pagaille+ qu'il y a en ce moment" en Guinée, a commenté un analyste.

Les militaires protestataires, qui affirment n'avoir pas perçu leurs soldes depuis 1996, accusaient de corruption les quatre responsables limogés.

Ils exigeaient également des discussions directes avec le chef de l'Etat, et non plus seulement avec le Premier ministre Lansana Kouyaté qui avait entamé des négociations avec eux le 4 mai qui avaient permis de ramener un calme relatif.

Depuis le 2 mai, dans des camps militaires de Conakry et de différentes villes du pays des militaires protestaient en tirant en l'air pendant de longues heures, surtout la nuit.

Les protestations, d'abord circonscrites aux camps, s'étaient ensuite étendues à l'extérieur de ces lieux, dans la capitale et dans plusieurs villes dont Kindia (130 km à l'est de Conakry ), Guéckédou (600 km au sud-est de Conakry), Kissidougou, Nzérékoré, Macenta (sud-est), Mamou et Farannah (centre).

La grogne avait pris de l'ampleur, jeudi et vendredi, avec six morts (trois à Kindia, deux à Guéckédou, un à Conakry ), selon un bilan publié par le gouvernement, qui a multiplié les appels au calme jusqu'à vendredi soir.

Au total, neuf personnes - des civils, pour la plupart - ont trouvé la mort, 75 ont été blessées dans les violences et la confusion ayant marqué le mouvement de protestation

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La révolte des soldats continue

AP, le 12 mai 2007

CONAKRY - Des soldats exigeant une hausse de leur solde ont continué de tirer des coups de feu vendredi pour le deuxième jour consécutif dans plusieurs villes de Guinée. Les incidents ont fait au moins deux morts.

Les hommes armés de mitrailleuses ont bloqué les principales voies d'entrée dans la ville de Kindia, à 135km à l'est de Conakry, où deux personnes ont perdu la vie sous le feu des militaires, a déclaré le gouverneur de la région Abou Cheri Camara.

Des coups de feu ont également retenti à Mamou, située à 280km à l'est de la capitale, tandis qu'à Macenta, à quelque 800km au sud, les militaires bloquaient les véhicules et tenaient la localité en otage. Des scènes similaires se déroulaient à Kissidougou, Faranah et dans d'autres villes importantes du pays.

Dans une allocution radiodiffusée, le ministre de l'Information Justin Morel Junior a appelé les mutins à "rester calme et regagner leur caserne". Il a ajouté que le président Lansana Conté avait accepté de recevoir les soldats samedi pour entendre leurs doléances.

Des tirs s'étaient produits jeudi à Conakry près de la base militaire d'Alpha Yaya Diallo, où les soldats menaçaient d'entamer une grève , selon des témoins. Des militaires joints par téléphone avaient déclaré qu'ils avaient décidé de porter leur colère dans la rue, pour protester contre l'augmentation mercredi de leurs seuls supérieurs possédant 14 ans d'ancienneté. La maison du colonel Bambo Fofanah a été mise à sac par de jeunes militaires. Il ne semblait pas y avoir de blessés.

"Les soldats tirent depuis (jeudi) soir. Certains en profitent pour mettre à sac des commerces et cambrioler les demeures des riches", a déclaré Mabinty Camara, femme d'affaires, à Kindia. Selon un enseignant barricadé chez lui, Mody Sory Barry, "la ville est assiégée. Les soldats sont furieux, nerveux (...) Nous avons peur".

Dans un pays où la majorité des 10 millions d'habitants vivent dans la pauvreté malgré les richesse en bauxite, qui sert à fabriquer l'aluminium, la loyauté de l'armée envers le président apparaît comme la clef du maintien du régime autoritaire et corrompu. Au début de l'année, la répression des manifestations de masse organisées par les syndicats pour obtenir la démission de Lansana Conté, au pouvoir depuis 1984, s'est soldée par quelque 120 morts.

Une guerre civile en Guinée menacerait la stabilité de cette région de l' Afrique de l'Ouest tout entière, qui se remet lentement des conflits de Sierra Leone et du Liberia , et alors que la situation reste précaire en Côte d'Ivoire.

   

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