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Nigeria : nombreux morts dans le Nord, Jonathan condamne les émeutes
AFP, le 19 avril 2011
Le président nigérian Goodluck Jonathan a appelé mardi les dirigeants politiques et religieux à condamner les violences meurtrières dans le Nord du Nigeria qui ont suivi son élection du 16 avril.
Le nombre de blessés par balle, machette ou ayant reçu des coups est passé de 276 à 375, a précisé dans la soirée la Croix-Rouge qui n'était pas en mesure d'indiquer le nombre de morts et qui faisait état du retour mardi à "un calme relatif". Aucun bilan officiel des victimes n'était disponible.
Le président Jonathan a appelé les chefs politiques et religieux à condamner ces violences.
"Nous saisissons cette occasion pour demander à nos dirigeants politiques et religieux de condamner ces actes afin que notre pays connaisse un développement à la place de la destruction", a-t-il déclaré à Abuja au siège de la commission électorale, qui l'a proclamé lundi vainqueur de la présidentielle.
Selon lui, la plupart des émeutiers sont des "jeunes au chômage" que le gouvernement va aider afin qu'ils ne "restent pas plus longtemps l'objet de manipulations"
Goodluck Jonathan, 53 ans, a été proclamé lundi vainqueur de l'élection présidentielle qui s'est déroulée samedi. Son principal rival, Muhammadu Buhari, un musulman du Nord, largement devancé, a lancé mardi un appel au calme et condamné les violences.
M. Buhari qui dirigea une junte militaire en 1984-85, a obtenu quelque 12 millions de voix (31%) contre 22 millions (57%) au président sortant.
"J'apprends avec peine l'éruption de la violence dans quelques parties du Nord à la suite de l'annonce des résultats de l'élection et les attaques contre des églises et des chrétiens", a déclaré Muhammadu Buhari à la BBC en langue haoussa.
"Mon parti et moi, nous nous dissocions de ces événements. J'ai contesté les élections en 2003 et en 2007 mais je n'ai jamais eu recours à la violence. Je n'ai pas de raison de le faire cette fois-ci. J'appelle le peuple à rester calme et à respecter la loi", a-t-il déclaré.
Les premières violences avaient éclaté dimanche soir, provoquées par des accusations de fraudes lors du scrutin. Le principal parti d'opposition, le Congrès pour le changement démocratique dont M. Buhari était le candidat, avait dénoncé des irrégularités, ce qu'il n'a pas répété mardi.
Goodluck Jonathan a suspendu mardi le ministre de l'Intérieur après les violences, a annoncé la présidence, lui reprochant dans un communiqué, "nombre d'erreurs dans la conduite politique de son ministère" et "son comportement personnel et officiel".
Les émeutes ont affecté 14 Etats où des manifestants musulmans ont brûlé des commerces, des églises et des maisons, faisant plusieurs morts, selon un responsable nigérian de la sécurité.
La police a dit avoir arrêté des dizaines de personnes, affirmant que les troubles étaient liés au mécontentement de certains après le résultat de la présidentielle, mais n'étaient "ni ethniques ni religieux".
Dans le Nord, beaucoup considéraient, avant le scrutin, que la confirmation de Goodluck Jonathan serait une entorse à la rotation traditionnelle du pouvoir entre Nord et Sud. M. Jonathan qui était vice-président, est devenu chef de l'Etat en mai 2010 au décès de son prédécesseur musulman Umaru Yar'Adua (2007-2010).
Les troubles ont affecté Kano, deuxième ville du pays, et Jos (centre), théâtre de fréquentes violences intercommunautaires à la frontière entre le Nord musulman et le Sud chrétien, mais aussi Kaduna, Zaria, Sokoto.
Dans la ville de Potiskum, dans l'Etat de Yobe (nord-est), des témoins ont rapporté que la foule avait tenté d'immoler une chrétienne mais qu'elle avait été sauvée par des habitants.
"La situation s'est relativement calmée à présent mais des manifestations violentes ont eu lieu pendant la nuit, tout spécialement dans les Etats de Kaduna, Katsina et Zamfara", faisant "de nombreux morts", a déclaré mardi matin à l'AFP Umar Abdul Mairiga, coordinateur de la Croix-Rouge nigériane, sans plus de précisions.
Les troubles ont déplacé plus de 25.000 personnes, selon la Croix-Rouge. "La colère monte chez ces déplacés car aucun secours ne leur parvient", a ajouté M. Mairiga.
Selon des habitants et la police, de jeunes chrétiens ont brûlé mardi une mosquée, près de Kano mais "la situation est sous contrôle", a relevé un porte-parole, ajoutant qu'un couvre-feu de 24 heures a été instauré.
Dans l'ensemble, les observateurs ont jugé le scrutin de samedi plus honnête que les précédents mais des résultats anormalement élevés en faveur de M. Jonathan dans plusieurs Etats du Sud, approchant ou dépassant même les 99%, ont semé le doute.
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