AFP, le 3 mars 2012
Cet attentat a été revendiqué par un groupe islamiste qui prône le jihad en Afrique de l’Ouest, le Mujao.
Vingt-trois personnes ont été blessées samedi dans un attentat à la voiture piégée contre la brigade de gendarmerie de Tamanrasset, importante ville de garnison du Sud algérien, selon la Gendarmerie nationale citée par l’agence de presse algérienne APS.
Cet attentat a été revendiqué par un groupe islamiste qui prône le jihad (guerre sainte) en Afrique de l’Ouest. C’est la première fois qu’un attentat à l’explosif est commis dans cette région d’Algérie, frontalière avec le Niger et le Mali.
Quinze gendarmes en poste, cinq éléments de la Protection civile et trois personnes qui étaient de passage au moment de la déflagration ont été transportés à l’hôpital. Seul un gendarme est dans un état critique, a précisé l’agence algérienne.
Auparavant, le site internet du quotidien arabophone algérien "En Nahar" avait fait état de 24 blessés. Les victimes ont été transportées à l’hôpital, dont certaines dans un état critique, et l’auteur de l’attentat est mort déchiqueté par l’explosion, affirme encore le site de En Nahar.
Selon un journaliste de l’APS sur les lieux un «important dispositif de sécurité» a été mis en place autour de la zone de l’attentat.
«L’attentat a été perpétré à 7h45 (6H45 GMT) par un terroriste à bord d’un véhicule tout terrain de marque 'Toyota Station' qui a ciblé l’entrée principale du groupement de la GN (Gendarmerie nationale)», selon les services de la gendarmerie cités par l’APS.
D’après plusieurs sites internet, le kamikaze qui a lancé sa voiture contre le siège de la gendarmerie a occasionné d’importants dégâts matériels.
Haut lieu du tourisme saharien
Tamanrasset est la seconde plus grande wilaya (préfecture) d’Algérie et sa superficie est équivalente à celle de la France métropolitaine. C’est un haut lieu du tourisme saharien avec le Hoggar.
Elle est frontalière avec le Mali et le Niger, ce qui explique son «statut» de ville de garnison. De nombreux militaires y sont stationnés pour protéger les frontières.
Le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO) a revendiqué samedi dans un message à l’AFP au Mali cet attentat.
«Nous vous informons que nous sommes à l’origine de l’explosion (…) ce matin à Tamanrasset dans le sud de l’Algérie», a indiqué le MUJAO, un nouveau groupe islamiste apparu en 2011 et qui prône le jihad en Afrique de l’Ouest, dans un court message écrit.
Le MUJAO est apparu au grand jour en décembre 2011 en revendiquant l’enlèvement de trois Européens à Tindouf (ouest de l’Algérie), fief des indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
Cette action avait auparavant été attribuée par le Polisario à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), très actif dans les pays de la bande sahélo-saharienne depuis 2007. Le MUJAO serait une dissidence d’Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, selon des experts.
Le 12 décembre 2011, une vidéo montrant des hommes armés encadrant deux femmes, une Italienne et une Espagnole, ainsi qu’un Espagnol, enlevés le 23 octobre dans la région de Tindouf, avait été rendue publique par le MUJAO.
Dans une autre vidéo visionnée en décembre 2011 par un journaliste de l’AFP à Bamako, six membres du MUJAO, enturbannés, dont la plupart ont la peau noire, ont exposé leur idéologie, se référant à Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda tué par l’armée américaine au Pakistan, au mollah Omar, chef des talibans afghans, et à des figures historiques de l’islam en Afrique de l’Ouest subsaharienne.