La justice russe a acquitté, jeudi 19 février, les trois principaux accusés d'avoir participé à l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, tuée par balle le 7 octobre 2006 devant son appartement de Moscou. Le procureur général a dores et déjà déclaré que le parquet fera appel du verdict.

Sur le banc des accusés siégeaient notamment Djabral et Ibragim Makhmoudov, deux frères tchétchènes soupçonnés d'avoir organisé la surveillance de la victime et d'avoir conduit leur frère, tueur présumé, sur les lieux du crime le soir du meurtre. Un ancien policier, Sergueï Khadjikourbanov, suspecté d'avoir organisé la logistique de l'assassinat, figurait également dans le box. Tous ont été acquittés, ainsi qu'un ancien agent du FSB (Services fédéraux de sécurité, ancien KGB), Pavel Riagouzov, qui comparaissait pour des accusations d'extorsion et d'abus de pouvoir sans lien direct avec l'affaire.

PEU DE PREUVES

Le procès, qui avait débuté en novembre devant un tribunal militaire de Moscou, n'a pas suffi à faire toute la lumière sur l'assassinat de la journaliste. Le motif du crime et son commanditaire n'ont jamais été mis en évidence. Au cours des audiences, les avocats des accusés ont insisté sur le fait que l'ADN des prévenus n'avait pas été retrouvé sur l'arme du crime, et que les relevés des conversations téléphoniques des accusés ne permettaient pas de conclure qu'ils étaient présents sur les lieux du meurtre.

Anna Politkovskaïa était l'une des rares journalistes à enquêter sur les violations des droits de l'homme et la corruption en Tchétchénie . La présidence russe a toujours nié toute implication dans son assassinat, dénonçant une tentative de jeter le discrédit sur les autorités russes.

En janvier, l'ancien avocat de la journaliste, Stanislav Markelov, spécialiste des crimes commis en Tchétchénie, a également été abattu au coeur de Moscou, un meurtre qui s'ajoute à la liste des crimes ayant visé ceux qui ont dénoncé les exactions commises pendant les guerres dans cette région.