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Avec la "guerre des cartels", l'enlèvement est l'autre plaie du Mexique, qu'il soit individuel ou collectif, contre rançon, lié aux affrontements entre trafiquants pour le contrôle du trafic de drogue ou au racket sur les centaines de milliers de clandestins qui traversent le pays.
"Le nombre d'enlèvements au Mexique a augmenté de 317% ces cinq dernières années", a déclaré à l'AFP le président de la Commission de sécurité publique à la Chambre fédérale des députés, Jose Luis Obando.
Le pays est encore sous le coup du rapt de 20 Mexicains en week-end à Acapulco, la station balnéaire de la côte du Pacifique, secouée elle aussi par la "guerre des cartels" qui a fait 28.000 morts depuis l'avènement du président Calderon, fin 2006.
Fin août, l'opinion avait été horrifiée par la découverte du massacre de 72 émigrants clandestins, enlevés et abattus par leurs ravisseurs près de la frontière des Etats-Unis.
Un survivant avait dénoncé les "Zetas", un gang d'anciens hommes de main devenu l'un des sept cartels qui ravagent le pays.
Jeudi, une nouvelle Loi générale contre le crime d'enlèvement a été votée massivement par les députés fédéraux: elle porte à 70 ans de prison la peine encourue par les ravisseurs meurtriers de leurs victimes. En 2008, le président Felipe Calderon s'était prononcé en faveur de la prison à vie.
Le 30 août 2008, comme déjà en 2004, une "marche blanche" avait rassemblé 200.000 personnes à Mexico pour dénoncer le manque d'efficacité de la police et de la justice contre ce type de crime, trop souvent impuni.
A l'époque, l'opinion publique était traumatisée par l'enlèvement et l'assassinat d'un adolescent de 14 ans, Fernando Marti, fils d'un des hommes d'affaires les plus connus du pays.
C'était une manifestation de la classe plutôt aisée de la société, qui craignait pour les épouses ou les enfants, cible des rançonneurs.
Depuis, le Mexique a découvert l'horreur des fosses communes clandestines : 50 corps ici, 60 ailleurs... L'ombre des cartels plane sur la multiplication de ces fosses, dans lesquelles ils se débarrassent de leurs victimes, membres de gangs ennemis ou clandestins dévalisés.
Les 20 séquestrés d'Acapulco laissent les autorités et les médias perplexes.
Ils n'avaient rien à voir avec le "crime organisé", a conclu le Parquet local.
Reste l'hypothèse d'une méprise de la part de "soldats" d'un cartel qui auraient cru à l'irruption de rivaux sur leur territoire...
"Jusqu'ici, les enlèvements collectifs frappaient seulement les émigrants clandestins", remarque le président du Conseil citoyen de sécurité publique, Me Jose Antonio Ortega, qui a répertorié 5.351 enlèvements au Mexique ces quatre dernières années.
Mais il ne compte pas, précisément, ceux qui frappent nombre des 400.000 à 500.000 clandestins venus d'Amérique centrale qui traversent chaque année le pays en espérant entrer aux Etats-Unis.
Me Ortega dénonce une collusion fréquente entre cartels, police et politique : "le problème de l'enlèvement persistera tant qu'il y aura collusion entre autorités et ravisseurs".
L'enlèvement "politique" fait figure d'exception. Cette hypothèse n'est pas éliminée dans le cas de celui, en mai dernier, d'un ancien candidat à la présidence, Diego Fernandez de Cevallos, un proche de M. Calderon.
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