Un charnier contenant 72 corps, probablement d'émigrants clandestins venus d'Amérique centrale et du Sud, a été découvert dans une ferme du nord-est du Mexique, non loin des Etats-Unis.
Le témoin, un Equatorien, apparemment seul survivant du massacre, a été placé sous protection fédérale, a indiqué à l'AFP un représentant de la Marine nationale, qui a requis l'anonymat.
Des troupes de Marine avaient trouvé le charnier mardi près de San Fernando, une ville de 30.000 habitants dans l'Etat de Tamaulipas, à la frontière avec le Texas. Les militaires avaient réalisé la veille une opération terrestre et aérienne contre les occupants de la ferme, qui ont riposté tout en prenant la fuite.
Trois suspects et un soldat ont été tués dans les échanges de tirs, a annoncé le ministère de la Marine. Un fuyard, un mineur, a été arrêté.
Les victimes, parmi lesquelles on compte 14 femmes, "pourraient être originaires du Salvador, du Honduras, de l'Equateur et du Brésil", a dit à l'AFP le secrétaire du Conseil gouvernemental de sécurité, Alejandro Poire.
Le survivant, blessé par balle, avait donné l'alerte à un barrage routier où il avait demandé de l'aide en affirmant avoir été attaqué par des malfaiteurs dans la ferme.
La Marine nationale a désigné le gang des "Zetas", force montante du trafic de drogue dans le Tamaulipas, où ils concurrencent le cartel dit "du Golfe", leur ancien employeur.
Les clandestins avaient été interceptés par des hommes armés, qui leur auraient proposé de travailler pour eux comme hommes de main, mais les auraient abattus devant leur refus, d'après les déclarations du survivant, présenté sous le prénom de Freddy.
Un demi-million d'émigrants clandestins traversent chaque année le Mexique, la plupart en provenance d'Amérique centrale, selon la Commission mexicaine des droits de l'Homme.
En six mois, de septembre 2008 à février 2009, 10.000 d'entre eux ont été enlevés par des bandits, ressort-il des chiffres de la Commission, et la plupart des survivants ont accusé le gang des "Zetas".
Dans la région, les "Zetas" sont suffisamment puissants pour se permettre de dresser des barrages sur les routes et de contrôler la circulation, ont déjà constaté des journalistes de l'AFP.
Mercredi, ils avaient cédé le contrôle des rues de San Fernando, face à un important déploiement militaire.
"Il y a beaucoup de mouvement, on ne voit passer que des camions et des voitures de l'armée à toute vitesse", murmurait un habitant souhaitant rester anonyme.
Au Mexique, les règlements de comptes entre trafiquants et leurs affrontements avec l'armée et la police ont fait officiellement 28.000 morts depuis l'arrivée au pouvoir en décembre 2006 du président Felipe Calderon, qui a fait déployer 50.000 militaires en renfort de la police.
Les bandes rivales s'affrontent pour le contrôle du trafic de drogue et l'approvisionnement du marché des Etats-Unis, premier client mondial de la cocaïne. Mais certaines d'entre elles, les "Zetas" notamment, ont fait du racket des clandestins une activité parallèle.
Ces "Zetas" sont dirigés par d'anciens membres d'unités d'élite des forces armées mexicaines qui avaient déserté dans les années 1990 et s'étaient mis au service du chef du cartel du Golfe, Osiel Cardenas Guillen, actuellement en prison aux Etats-Unis.
Les deux organisations se sont séparées il y a plusieurs mois et s'affrontent depuis dans plusieurs Etats mexicains, dont le Tamaulipas.
Les cartels utilisent volontiers des fosses communes, notamment de vieux puits de mine, pour se débarrasser des corps de leurs victimes.
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