Libye : HRW dénonce des arrestations arbitraires à Tripoli
AFP, le 13 mars 2011
LE CAIRE - Les forces loyales au colonel Kadhafi répriment "avec brutalité" toute opposition à Tripoli, à coup d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées, voire de tortures, a dénoncé dimanche l'organisation Human Rights Watch (HRW).
Les forces de sécurité ont arrêté des dizaines de manifestants anti-Kadhafi, de personnes soupçonnées de critiquer le régime ou d'avoir fourni des informations aux médias étrangers et aux organisations de défense des droits de l'Homme, a déploré HRW, citant des témoignages d'habitants de Tripoli.
"Etant donné le passé de la Libye en terme de torture et de meurtres politiques, nous sommes profondément inquiets du sort de ceux qui ont été emmenés", a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
HRW indique que la répression a débuté le 20 février, après une manifestation d'opposants sur la place Verte, dans le centre de la capitale.
Selon trois témoins, les forces de sécurité ont tiré sur une foule pacifique, faisant un nombre inconnu de blessés et de morts. Un manifestant a rapporté en avoir vu trois autres se faire "descendre", dont un à bout portant.
Les autorités ont lancé une vague d'arrestations la nuit même, notamment dans les quartiers de Tajoura et Fachloum, perçus comme points de départ de la mobilisation, selon des témoignages recueillis par l'organisation de défense des droits de l'Homme.
Le 25 février, les forces gouvernementales ont réprimé une autre manifestation pacifique après la prière du vendredi, blessant des dizaines de personnes et arrêtant de nombreux manifestants, selon HRW.
HRW a indiqué que les habitants sollicités afin d'obtenir des informations sur la situation dans la capitale avaient trop peur pour continuer à lui répondre, les forces du régime pourchassant les informateurs des médias et ONG étrangers.
Une des sources d'HRW sur les manifestations anti-régime a ainsi disparu avec son fils autour du 20 février, et n'avait toujours pas été retrouvé le 12 mars.
Certaines personnes ont été relâchées après une brève période de détention, mais le sort de nombreuses autres reste un mystère, souligne l'organisation basée à New-York.
Les prisons de Jdeida, Ain Zara et Abou Salim comptent parmi les lieux de détention possibles à Tripoli - la dernière étant "célèbre pour le massacre de 1.200 prisonniers après une mutinerie en 1996", rappelle HRW.
Trois journalistes de la BBC, arrêtés le 7 mars et détenus par l'armée et la police secrète libyennes dans différentes casernes militaires pendant 21 heures ont raconté avoir subi des "agressions répétées", dont un simulacre d'exécution.
Ces journalistes, les seuls "témoins directs du sort actuel des prisonniers" en Libye selon HRW, ont dit avoir vu des détenus "en mauvais état" après avoir été "violemment battus".