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Recrudescence des viols et du recrutement d'enfants soldats – Amnesty International.be -
le 29 sept. 2008

 
Les réfugiés congolais de Masisi s'estiment abandonnés

Reuters, le 9 décembre 2008

Alors que les autorités de Kinshasa et les rebelles tutsis du Nord-Kivu ont engagé lundi des pourparlers de paix au Kenya, les conséquences humanitaires des derniers mois d'affrontements dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC ) commencent à se faire lourdement sentir.

"Rukundo: parents inconnus; sexe féminin; âge: cinq ans; maladie inconnue. "Dusingamana: parents inconnus; sexe féminin; âge: neuf ans, diarrhée." "Uwahiszemo: parents inconnus; sexe masculin; âge: 17 mois; maladie inconnue."

La liste des décès au camp de Kilimani, à Masisi, dans la province orientale du Nord-Kivu, ne cesse de s'allonger, alourdissant encore le bilan d'une crise qui a fait, directement ou non, plus de cinq millions de morts en dix ans.

Plus de 250.000 personnes ont encore été déplacées ces dernières semaines dans cette région par des combats aux motivations politico-ethniques.

De combats sporadiques en initiatives de paix éphémères, la situation humanitaire n'a cessé de s'aggraver.

Josephine Foraha s'est enfuie vers Kilimani en mai 2007, lorsque les rebelles tutsis du général déchu Laurent Nkunda ont fait irruption dans son village.

Avec son mari et ses neuf enfants, elle est restée dans le camp après la conclusion, en janvier 2008, d'un accord de paix censé mettre fin aux affrontements dans la région entre, d'une part, les forces gouvernementales et milices locales et, d'autre part, les rebelles de Nkunda, soutenus par le Rwanda voisin.

Pistes à risques

Mal lui en a pris. "Mon mari a été le premier à mourir", raconte-t-elle, tapie dans un abri de fortune fait de feuilles de bananier qui fait office de foyer familial.

"Son coeur a cédé. Il ne mangeait plus. Le premier de mes enfants est mort en septembre, le deuxième en octobre", explique-t-elle, son plus jeune enfant accroché à son dos.

Trois milices rivales, l'armée nationale et les rebelles occupent des positions sur les collines qui surplombent Masisi.

Ces groupes, parmi lesquels figurent des rebelles hutus qui ont participé au génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, se disputent le contrôle des pistes boueuses qui serpentent à travers ces collines.

Des éléments armés écument ces lacets de latérite, stratégiques pour l'acheminement de l'aide médicale de l'ONG Médecins sans frontières aux dispensaires locaux, fréquemment pillés.

"Chaque fois qu'il prennent la route, les gens prennent un risque", souligne Emma Zoratti, responsable de l'antenne de MSF à Masisi.

Les personnels médicaux ont évacué de nombreuses zones d'affrontements au Nord-Kivu, où chaque mouvement de réfugiés accroît les risques d'épidémies mortelles.

Mais parfois les civils déplacés ont trop peur pour venir se faire soigner. "Ils ne viennent pas. Même quand leurs enfants sont très malades, ils ne viennent tout simplement pas", explique Emma Zoratti.

"Ceux qui arrivent finalement sont souvent en trop mauvais état pour être sauvés", déplore-t-elle.

Plus la force de pleurer

Le conflit dans l'ex-Congo-belge, nourri par des haines ethniques et la convoitise de ses richesses minérales, est considéré comme le plus sanglant depuis la Seconde Guerre mondiale.

La plupart des morts sont des victimes indirectes des combats. Elles succombent à des maladies soignables comme le paludisme, la diarrhée ou le choléra, qui sont aggravées par de mauvaises conditions sanitaires et la malnutrition, autant de 'produits dérivés' du conflit.

"Ce qui a tué mon mari, ce qui a tué mes filles, est encore là. C'est la guerre", affirme Joséphine Foraha.

Dans une aile de l'hôpital de Masisi, les enfants d'un village voisin frappé par une épidémie de rougeole sont en quarantaine. Le personnel estime que ceux qui souffraient déjà de malnutrition ne survivront pas à la maladie. Les autres risquent la cécité. La plupart n'ont plus la force de pleurer.

Chaque nouvelle vague de combats inonde les salles d'opérations de l'hôpital.

Les médecins ont lutté durant des semaines pour sauver la jambe de Bananiye Hakiza, un enfant de 12 ans atteint par les balles de miliciens pro-gouvernementaux. Il les a finalement implorés de l'amputer et repose aujourd'hui sur son lit, une couverture dissimulant son moignon.

"Tant qu'il n'y aura pas de sécurité, nous ne pourrons pas regagner nos foyers. La communauté internationale nous a abandonnés", résume un résident du camp de Masisis, Gabardine Rwarakabije.

   


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