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La RDC prise au double piège de la guerre et de la crise


SUR LE NET :

Recrudescence des viols et du recrutement d'enfants-soldats – Amnesty International.be -
le 29 sept. 2008

 

Les rebelles congolais prennent Ishasha - Réfugiés en fuite

Reuters, le 27 novembre 2008

Les rebelles tutsis congolais ont pris le contrôle d'Ishasha, ville de l'est du pays, à la frontière ougandaise, provoquant la fuite en Ouganda de milliers de civils congolais, ont annoncé les Nations unies.

"Il y a eu des combats", a déclaré Madnodje Mounoubai, porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc). "Ils ont attaqué, ils l'ont prise", a-t-il ajouté en parlant des rebelles du général renégat Laurent Nkunda.

Des personnalités internationales ont demandé jeudi à l'UE d'envoyer des troupes dans l'est du Congo jusqu'à l'arrivée de renforts des Nations unies dont Kinshasa tient à exclure les soldats indiens, présentés comme des éléments perturbateurs.

Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a informé cette semaine le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qu'il ne voulait pas que des Indiens fassent partie des 3.000 soldats et policiers de l'Onu dépêchés en renfort dans l'est du pays, indiquent des diplomates en poste à Kinshasa.

Dans une lettre et d'autres messages adressés à Ban et à des responsables de l'Onu, le gouvernement congolais se dit mécontent des soldats indiens dans la province du Nord-Kivu, où ils sont accusés de ne pas s'être opposés aux attaques et aux massacres imputables aux rebelles.

Motif d'embarras supplémentaire pour la Monuc, les Indiens ont aussi fait l'objet d'enquêtes pour inconduite sexuelle et commerce illicite d'or et d'armes. On les accuse en outre de s'être montrés favorables aux insurgés tutsis de Laurent Nkunda.

Les objections congolaises à l'attitude des soldats indiens coïncident avec un appel international lancé à l'Union européenne pour qu'elle contribue à sécuriser l'Est congolais, où la progression des rebelles a chassé de chez eux quelque 250.000 civils depuis août.

Les auteurs de l'appel, parmi lesquels figurent d'anciens présidents tchèque, irlandais et sud-africain, préconisent le déploiement immédiat d'une force européenne de réaction rapide.

"Bien que l'Onu ait autorisé l'envoi de 3.000 soldats de plus, il faudra trois à six mois pour les déployer. Le peuple congolais ne peut pas attendre", écrivent-ils dans une lettre au nom d'une population qui a subi massacres, exécutions, viols et tortures de la part des deux camps.

DES MILLIERS DE RÉFUGIÉS AFFLUENT EN OUGANDA

Sur le terrain, le Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) a annoncé que 13.000 réfugiés, dont 10.000 ce seul jeudi, avaient franchi en 48 heures la frontière avec l'Ouganda, autour d'Ishasha, pour fuir de nouvelles attaques contre des villages de la région de Rutshuru, dans l'Est congolais.

"Les rebelles ont attaqué mon village. Ils ont tué toutes les femmes, mêmes les femmes enceintes", a dit un réfugié de 20 ans prénommé Jean et cité par des représentants du HCR qui tentent de placer ces réfugiés en lieu sûr en Ouganda.

Evoquant les massacres perpétrés au Rwanda et dans l'ex-Yougoslavie, les signataires de l'appel adressé à l'UE - dont l'archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, et l'homme d'affaires George Soros - notent que les dirigeants mondiaux s'étaient engagés à ne jamais laisser se reproduire de telles atrocités.

"Votre autorité politique personnelle est nécessaire pour veiller à ce que (...) 'jamais plus' signifie vraiment jamais plus", ajoute la lettre adressée aux dirigeants européens.

La Belgique a indiqué mercredi qu'elle pourrait contribuer à une éventuelle force européenne déployée dans son ex-colonie. Mais plusieurs membres de l'UE, parfois déjà engagés en Afghanistan et en Irak , expriment des doutes à ce sujet.

"Rien n'est exclu, mais notre priorité principale est de renforcer la Monuc", a déclaré Nick Kay, ambassadeur de Grande-Bretagne au Congo.

La Monuc, dont les 17.000 soldats et policiers constituent la plus importante mission de maintien de la paix dans le monde, a dit ne pas être en mesure d'assurer une sécurité totale au Nord-Kivu, car elle est déjà disséminée à travers un pays de la taille de l'Europe occidentale.

En exprimant leur opposition à l'envoi de soldats indiens, des responsables congolais en parlent comme d'un "facteur de déstabilisation". Ils s'emploient à ne pas trop envenimer l'atmosphère en évitant de mentionner l' Inde publiquement.

"Ils parlent des Indiens, personne ne l'ignore", a cependant déclaré un diplomate occidental à Reuters.

La RDC prise au double piège de la guerre et de la crise

Reuters, le 25 novembre 2008

Combats au Nord-Kivu, chute du prix des matières premières, doutes sur la gestion gouvernementale et colère de la population face à la corruption, autant d'ingrédients qui expliquent le tourbillon dans lequel est entraînée la République démocratique du Congo.

Les combats dans le nord-est du pays coïncident avec la crise financière internationale, à laquelle la RDC n'échappe pas.

La demande de cobalt et de cuivre est en baisse, les prix s'effondrent et les prévisions de croissance économique du pays pour 2009 ont été revues de 12% à 9%. D'après une commission gouvernementale chargée d'étudier divers scénarios, la hausse du PIB pourrait être plus faible encore, de l'ordre de 5,7% à 7,4%.

Les doutes planant sur un accord d'investissement de neuf milliards de dollars passé avec la Chine , conjugués à la colère de la population face à la corruption de certains officiers de l'armée gouvernementale, alimentent les frustrations dans un pays qui peine à se reconstruire après la guerre de 1998-2003.

"La dynamique est mauvaise pour le Congo. Le cuivre est à la baisse (...) et la crise financière a frappé. Il y a des choses plus graves encore que la guerre dans l'Est", assure un homme d'affaires étranger travaillant dans le secteur minier.

"On est en plein coeur de la tempête."

La victoire du président Joseph Kabila aux élections organisées en 2006 sous l'égide de l'Onu avait attiré de nombreux investisseurs prêts à injecter des milliards de dollars dans l'industrie minière, en particulier dans la région du Katanga, dans le sud-est. Mais depuis juillet, où il avait atteint son plus haut niveau, le prix du cuivre s'est effondré de 60% en raison d'une baisse de la demande.

USINES À L'ARRÊT

Une quarantaine de mines et d'usines de traitement, qui nourrissent des milliers de personnes, ont interrompu leur activité, a fait savoir récemment le gouvernement.

Même les plus fervents supporters de la cause congolaise sont forcés d'admettre que la guerre et la crise économique infligent "une double peine" à la RDC.

La confiance des investisseurs a aussi été altérée par le processus de révision des contrats miniers lancé l'an dernier avec pour objectif d'accroître les parts de l'Etat. Censé durer six mois, il n'est toujours pas achevé un an et demi plus tard.

D'après un membre de la Fédération des entreprises congolaises (FEC), de nombreuses sociétés se plaignent par ailleurs du harcèlement fiscal du gouvernement, désespérément à la recherche de ressources.

Bien que les mines de cuivre soient éloignées géographiquement du Nord-Kivu, le général rebelle Laurent Nkunda, qui entend "libérer" tous les Congolais, a ajouté à ses exigences la renégociation de l'accord d'investissement de neuf milliards de dollars passé avec la Chine.

En vertu de cet accord, la Chine a accès à des mines et accorde en retour des prêts à la RDC pour le développement de cinq projets d'infrastructures stratégiques.

D'après des analystes, Laurent Nkunda tente de donner une autre envergure à son mouvement en incluant l'accord avec la Chine dans l'équation. Il essaie aussi de profiter du mécontentement grandissant de la population face au manque de progrès dans les projets d'infrastructures.

"La crise est un allié de Nkunda car la marge de manoeuvre de Kabila est très étroite. Kabila perd la face dans l'Est et les cinq projets n'avancent pas", estime un diplomate.

Selon le responsable de la FEC, un premier investissement chinois de 350 millions de dollars a été retardé en raison de querelles judiciaires. Des détails de l'accord auraient aussi été revus en raison des craintes de la Chine sur la baisse des prix du cuivre et des doutes du FMI sur la viabilité de la dette.

Certains économistes mettent désormais en garde contre le risque d'inflation, alors que les dépenses militaires augmentent pour faire face au conflit dans l'Est.

Enfin, les plus grandes craintes entourent les projets d'exploitation pétrolière menés avec des entreprises étrangères sur les rives du lac Albert. Certaines sources proches des services de sécurité craignent que Laurent Nkunda ne s'allie à d'anciens miliciens dans cette région voisine de l'Ouganda.
   

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