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SUR LE NET :

- Syrian Observatory for Human Rights



Carte de la Syrie

 
Réfugiés syriens en Grèce : après la guerre civile, la crise économique

AFP, le 25 avril 2013

"C'est bien simple chaque fois que je vais voir un employeur grec pour demander du travail, en général il pleure plus fort que moi" raconte Ali Al Massoud, 28 ans arrivé il y a sept mois avec sa femme Samira, alors enceinte de sept mois et leurs trois enfants.

L'exode massif des Syriens fuyant la guerre civile et l'entassement des réfugiés dans les pays voisins conduit de plus en plus d'intrépides à tenter d'entrer dans l'Union européenne via la Grèce, frontalière de la Turquie.

Mais après avoir bravé la marche, les nuits dans le froid, les passeurs et les douaniers, ces hommes, femmes et enfants chassés de leurs foyers doivent déchanter en arrivant dans ce premier pays européen sur la route de leur exode.

Rongée par la crise économique, le chômage et la montée de la pauvreté, sommée par l'UE de renforcer ses contrôles aux frontières, la Grèce n'est accueillante ni pour les migrants irréguliers ni pour les réfugiés, qui se retrouvent sans distinction dans les mêmes centres de rétention surpeuplés.

Pour ceux qui en sortent, la vie quotidienne à Athènes est devenue si difficile que certains envisagent de retourner en Syrie, dit à l'AFP, Joan Akkash, journaliste syrien kurde arrivé depuis huit mois. Mais pour aller où quand leur maison a été détruite par les combats ?

"C'est bien simple chaque fois que je vais voir un employeur grec pour demander du travail, en général il pleure plus fort que moi" raconte Ali Al Massoud, 28 ans arrivé il y a sept mois avec sa femme Samira, alors enceinte de sept mois et leurs trois enfants.

"Nous voulions fuir la Syrie et Bachar el Assad, maintenant nous voudrions fuir la Grèce" dit-il.

Le village kurde dont ils sont originaires au nord de la Syrie a été détruit en juillet 2012 par des bombardements. Aujourd'hui, la famille est éclatée entre Irak et Grèce.

"Nous sommes coincés ici alors qu'il n'y a pas de problème économique en Syrie, si on travaille, on gagne sa vie" ajoute son cousin, Khalid Bero, 30 ans, chauffeur routier.

La famille s'entasse à quinze sur trois générations dans un petit appartement du centre d'Athènes. Le père Jamal travaillait là - légalement - depuis des années.

Son salaire n'est pas suffisant pour faire vivre tout le monde. Noura, la mère est obligée de glaner des légumes à la fin des marchés, une "honte" pour Khalid, son neveu. Ils peinent à obtenir du lait et des couches pour le dernier né, Ryan, cinq mois.

Ironie de la crise, pour Husam Hashah, qui vient de perdre une partie de sa famille noyée en mer Egée en tentant de rejoindre la Grèce : c'est lui l'étranger, vivant à Athènes depuis plusieurs années, qui soutient financièrement son amie grecque, au chômage.

Selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), le nombre de Syriens arrivant en Grèce par la mer à partir de la Turquie, est en "augmentation".

Comme le HCR, l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) dénonce le "manque total de réponse humanitaire et de solidarité" de la Grèce à l'égard des réfugiés syriens.

Ils représentent selon la police, qui en a intercepté l'année dernière 7.500, quelque 40% des arrivées irrégulières dans le pays en 2012.

Selon des chiffres européens, 11.900 Syriens au total ont été intercepté aux frontières de l'Union en 2012 contre 3.000 par an durant les trois années précédentes.

Le coordonateur régional du HCR, Panos Moumtzis basé à Amman en Jordanie, a prévenu le 17 avril à Athènes que les conditions d'accueil des quelque 1,3 million de réfugiés dans les pays frontaliers de la Syrie arrivaient à un point de rupture et pourraient devenir "explosives" dans les prochains mois.

En l'absence de toute solution politique au conflit, il a laissé entendre que la Grèce, aux marches de l'Europe, devait se préparer à augmenter en volume et en qualité ses conditions d'accueil.

Au passage, il a souligné la qualité de l'accueil au Liban et en Jordanie, où les frontières restent ouvertes ainsi que "l'accès au système scolaire et de santé". Objectif difficile à réaliser en Grèce, même si Samira, la femme d'Ali, a accouché sans problème dans une maternité publique.

Dans un climat empoisonné par l'émergence du parti néonazi Aube Dorée, le gouvernement grec - soumis aux injonctions contradictoires de son bailleur de fonds européen et des organisations humanitaires - semble tétanisé.

Le ministère de l'Ordre public vient d'annoncer que les arrivants syriens ne seraient plus refoulés aux frontières, qu'ils resteraient au maximum trois jours en centre de rétention, et qu'ils recevraient un permis de séjour de six mois renouvelable.

Mais sur l'île de Lesbos (Mytilène), en face des côtes turques, "actuellement, 60 personnes, des Afghans, des Syriens, vivent sur la plage sans secours", dit à l'AFP le pope orthodoxe Dimou Eustratios, membre d'une association locale d'aide aux migrants. "Ce n'est pas à nous de gérer ça, c'est à l'Etat, que fait l'Etat?".


 

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