Au moins 73 personnes ont été tuées vendredi en Syrie, la plupart à Houla (centre) où 50 civils ont péri dans les bombardements des forces gouvernementales dont les blindés sont entrés pour la première fois à Alep, deuxième ville du pays, à la suite d'énormes manifestations.
Alors que la trêve annoncée il y a plus d'un mois est quotidiennement violée, l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan a décidé de se rendre prochainement en Syrie.
Son porte-parole Ahmad Fawzi a indiqué vendredi que M. Annan finalisait les préparatifs de son départ, tout en refusant d'en dire plus, notamment sur la date de la visite, pour des raisons de sécurité. Des diplomates ont parlé d'une visite en début de semaine prochaine.
"Plus de 50 personnes ont été tuées, dont 13 enfants, et plus de 100 blessées dans des bombardements contre la ville de Houla dans la province de Homs", a déclaré le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, craignant que le nombre des victimes ne soit plus élevé.
"C'est un véritable massacre qui a lieu alors que les observateurs de l'ONU maintiennent le silence", a-t-il dénoncé dans un appel téléphonique à l'AFP.
"On parle depuis midi de bombardements et aucun des observateurs basés à Homs n'a bougé", a-t-il ajouté s'interrogeant sur le rôle des observateurs déployés depuis avril pour surveiller le cessez-le-feu.
A l'écart de la contestation pendant les premiers mois de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, Alep Nord a été vendredi le théâtre de manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes.
"Il s'agit des manifestations les plus importantes à Alep" depuis le début de la révolte en mars 2011, a indiqué M. Abdel Rahmane selon qui six civils ont été tués dans cette ville vendredi par les forces du régime.
Des blindés de l'armée, entrés pour la première fois dans les rues d'Alep, circulaient notamment dans les quartiers de Kalassé et Boustane al-Kasr, où des milliers de personnes participaient en début de soirée aux funérailles d'un jeune homme tué par balles, selon l'OSDH.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), "des dizaines de milliers" de manifestants ont également défilé dans plusieurs localités tenues par les rebelles, a indiqué M. Abdel Rahmane.
Malgré les bombardements et les tirs, des milliers de manifestants ont également défilé dans les régions de Homs, Hama (centre), Deir Ezzor (est) et Deraa, berceau de la contestation dans le sud.
Dans le Nord du pays, à la frontière avec la Turquie, des hélicoptères des forces gouvernementales ont mené pour la premières fois des Raids sur les zones rebelles kurdes, a indiqué OSDH, faisant état d'une vingtaine de blessés parmi les habitants.
"C'est la première fois que cette zone, désignée sous le nom de la montagne des Kurdes, est la cible de tirs aériens. Il s'agit d'une zone montagneuse très escarpée où les chars n'accèdent pas facilement", a indiqué à l'AFP M. Abdel Rahmane.
"Avec leurs mitrailleuses Lourdes, les hélicoptères visent des cibles précises pour tenter de nettoyer la zone en vue de permettre aux transports de troupes de lancer un assaut terrestre et déloger les rebelles", a-t-il dit.
Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester vendredi sous le slogan "Notre prochain rendez-vous, Damas", appelant à intensifier le mouvement dans la capitale, quadrillée par les agents de sécurité.
Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont tiré des lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le quartier historique de Midane à Damas, toujours selon l'OSDH qui fait état de plusieurs autres manifestations dans la capitale et sa banlieue où un enfant a été tué par un tireur embusqué à Irbine.
Depuis le début de la révolte, les localités et quartiers périphériques de Damas sont à la pointe de la contestation tandis que le centre reste peu touché, la répression y étant particulièrement importante.
Selon l'OSDH, plus de 12.000 personnes ont péri en Syrie depuis le début de la révolte anti-régime, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales.
Dans un rapport publié jeudi, les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU accusent l'armée et les services de sécurité de commettre "la plupart des violations graves des droits de l'Homme" et de poursuivre la pratique de la torture, y compris sur des enfants.
Par ailleurs, un groupe de pèlerins chiites libanais enlevés le 22 mai en Syrie ont été libérés, a déclaré à l'AFP le ministre libanais de la Santé, Ali Hassan Khalil.