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Homophobie :

 

 


Iran : Des domiciles privés perquisitionnés pour “immoralité” Les autorités renforcent les arrestations arbitraires et le harcèlement

Human Rights Watch, le 28 mars 2008

L'arrestation de plus de 30 hommes participant à une fête à un domicile privé dans la ville d'Ispahan montre les efforts renouvellés des autorités iraniennes de durcir les “codes” de moralité, et souligne la fragilité des droits fondamentaux dans un pays où les forces de polices violent continuellement le droit à la vie privé, déclare aujourd'hui Human Rights Watch.

L'organisation exige que les autorités iraniennes libèrent les hommes qui auraient été arrêtés fin février, et qu'elles renoncent à poursuivre les personnes accusées de conduites homosexuelles entre adultes consentants, de consommation d'alcool ou d'autres offenses “morales” du même type.

“Quand la police défonce quotidiennement des portes pour défendre un type de moralité, cela signifie qu'une limite a été franchie dans l'invasion à tout moment de la vie privée des personnes” déclare Joe Stork, responsable du Moyen-Orient à Human Rights Watch. “Le système répressif de l'Iran pour contrôler l'habillement, le comportement et les vies personnelles de gens viole les droits fondamentaux.”

Des sources internes à l'Iran ont rapporté à Human Rights Watch que les 28 et 29 février, la police d'Ispahan a perquisitionné un domicile privé et arrêté une trentaine d'hommes participants à la fête. Ils ont été emprisonnés presque quatre semaines sans voir d'avocat ni être accusés. La police aurait parlé d'eux à un professionnel de médecine légale en lui demandant de chercher des “preuves” de leur conduite homosexuelle.

En mai 2007, durant la campagne nationale pour faire respecter les codes vestimentaires et comportementaux, la police est intervenu au cours d'une autre fête privé dans un immeuble d'habitation d'Ispahan. 87 personnes furent arrêtées, dont quatre femmes et au moins huit personnes qui furent accusées de porter des vêtements du sexe opposé. Les victimes ont raconté à Human Rights Watch que la police a mis torse nu beaucoup d'entre elles dans la rue, et les ont battues jusqu'à ce que leur dos ou leur visage saigne. Plusieurs personnes auraient eu des os brisés.

Parmi ces personnes arrêtées, 24 hommes ont été jugés pour “facilitation de l'immoralité et mauvaise conduite sexuelle” ainsi que pour possession et consommation d'alcool. En juin 2007, un tribunal d'Esfahan les a jugé coupables de différentes combinaisons de ces accusations. La plupart ont été condamnés à 80 coups de fouet et à des amendes de 10 à 50 millions de riyals (1000 à 5000 $US). Les verdicts ont fait l'objet d'appels et n'ont pas été appliqués.

Des sources en Iran ont indiqué à Human Rights Watch que depuis les arrestations en mai 2007, la police a intensifié la surveillance, le harcèlement et les abus contre les personnes liées aux 87 hommes arrêtée ou bien suspectées de comportement homosexuel.

Selon le récit d'un homme la police « m'a jeté de l'eau... Ils m'ont menacé, ils m'ont dit « collabore avec nous » ».... Ils sont après tout le monde, ils disent « vous développez votre gang, vous recrutez de nouveaux membres, où est-ce que vous vous réunissez ? » Ils m'ont dit « sors et rencontre des gens ». Au fond, ils me demandent d'espionner pour eux.

Human Rights Watch a appris qu'en décembre 2007, lors d'une autre réunion privée à Esfahan, la police a arrêté 16 autres personnes et les a soumis à des examens médico-légaux. Les autorités les ont relâchées après quatre jours de détention.

D'autres témoignages indiquent qu'en mars 2008, la police d'Esfahan a piégé plusieurs hommes sur internet en répondant à des annonces personnelles et en les questionnant pour leur faire révéler les noms de leurs amis et leurs contacts. La police a trouvé des images érotiques d'hommes sur le portable d'un autre homme après l'avoir arrêté et il est rapporté qu'un tribunal l'aurait condamné à trois ans d'emprisonnement.

La législation iranienne prévoit des peines allant jusqu'à la peine de mort pour des pratiques homosexuelles de pénétration entre hommes dès la première condamnation et elle prévoit des condamnations allant jusqu'à 100 coups de fouet pour des pratiques sans pénétration. Le comportement homosexuel entre femmes est passible de la peine de mort à la quatrième condamnation. Le code pénal iranien requiert quatre aveux répétés ou le témoignage de quatre hommes vertueux en tant que témoins oculaires pour prouver le lavât ou la sodomie. Cependant, des juges acceptent des preuves circonstanciées ou la déduction. Lors de la rafle en mai 2007 à Esfahan, il est rapporté que la police aurait amené quatre témoins civils pour prouver que des choses immorales se déroulaient.

Les dernières peines de mort relatées pour comportement homosexuel ont été prononcées en Iran en mars 2005. On ne sait pas si la sentence a été exécutée. Lors de longues interviews avec des hommes et des femmes en Iran et en-dehors d'Iran, Human Rights Watch a recensé de nombreux cas d'arrestations arbitraires et de tortures basés sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre.

Des sources occidentales ont émis l'hypothèse que des accusations de comportement homosexuel ont pu être converties en accusations de viols dans le système judiciaire iranien mais Human Rights Watch n'a trouvé aucune preuve.

« En Iran, pour certaines personnes, l'espion à la fenêtre de la chambre ou quelqu'un qui frappe à la porte peut signifier la menace d'une peine de mort », a déclaré Stork, « la vie privée, la protection contre les arrestations arbitraires et la protection contre la torture sont des Droits Humains. La police et les juges doivent les respecter. »

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