MOSCOU - Deux suspects interpellés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de la journaliste russe d'opposition Anna Politkovskaïa ont été relâchés et un troisième n'est plus lié à l'affaire, rapportent jeudi les agences de presse russes.

L'annonce de dix arrestations lundi par le procureur général de Russie Iouri Chaïka avait été accueillie avec scepticisme par les observateurs de la liberté de la presse et les responsables de la "Novaïa Gazeta", le journal où travaillait la journaliste.

Le procureur général avait estimé que l'assassinat, le 7 octobre 2006 à Moscou, de cette inlassable critique du Kremlin, notamment en Tchétchénie, était l'oeuvre d'un commando de la mafia tchétchène spécialisé dans les assassinats sur commande, des officiers des services de sécurité dont le FSB (ex-KGB) étant soupçonnés d'avoir fourni les informations nécessaires à l'exécution.

Il avait estimé que l'assassinat avait été commandité hors de Russie, avec pour objectif de discréditer le régime de Vladimir Poutine. Ces remarques avaient été interprétées comme une allusion à Boris Berezovksy, ancien oligarque exilé à Londres et l'un des principaux détracteurs de Poutine.

Ces arrestations intervenaient comme une rare confirmation des soupçons de collusion entre policiers et groupes mafieux à Moscou.

Mais deux de ces policiers ont depuis été remis en liberté, selon les agences, qui citent des sources proches de l'enquête. Les services du procureur général se sont refusés à tout commentaire.

Un colonel du FSB est toujours derrière les barreaux, mais son arrestation n'a rien à voir avec l'affaire Politkovskaïa, selon le porte-parole du tribunal militaire de Moscou Alexandre Minchanovsky. Un quatrième suspect, ex-policier, a quant à lui été mis hors de cause puisqu'il était en prison à l'époque de l'assassinat, selon le journal "Kommersant".

Une manifestation, à la mémoire d'Anna Politkovskaïa, qui aurait eu 49 ans ce jeudi, a rassemblé 200 à 300 personnes dans le centre de Moscou, dont des défenseurs des droits de l'Homme, des journalistes et des responsables de l'opposition. Ils se sont rendu vers l'immeuble où la journaliste a été tuée et ont déposé des fleurs.

"Le dernier argument de n'importe quelle dictature est une balle et ils l'ont utilisé contre Politkovskaïa. C'était un coup tiré contre la liberté de la presse", a déclaré sur place l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov, très critique envers le Kremlin.

 

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