Bain de sang au Pakistan
La Tribune, le 6 novembre 2010
Le Pakistan a vécu hier une journée meurtrière. Au moins une cinquantaine de personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées à Peshawar dans l’une des plus meurtrières attaques kamikazes depuis des mois dans ce pays, ont rapporté les médias, citant des sources locales.
Un kamikaze a fait exploser en fait sa bombe au milieu des fidèles dans une mosquée d’Akhurwall, un village proche de Peshawar, la plus grande ville du nord-ouest du Pakistan, selon le chef de la police locale, cité par les agences de presse. Une dizaine d’enfants figurent parmi les victimes et le bilan risque d’être plus lourd. Car plusieurs personnes sont restées coincées sous les décombres. «Plus de cent personnes sont blessées», a expliqué Khalid Umarzaï, le chef de la police locale. «Le toit principal s’est effondré et il y a des gens coincés sous les décombres», a-t-il poursuivi, cité par l’AFP. Les fidèles sortaient de la mosquée Waali quand le kamikaze a frappé.
Des habitants du quartier ont évoqué l’hypothèse d’une rivalité entre groupes d’activistes, a rapporté Reuters. Mais des sources affirment qu’il s’agit plutôt d’une attaque en signe de représailles contre la vaste opération militaire que les forces de sécurité pakistanaises mènent en ce moment dans cette région du pays. «Nous nous attendions à de telles attaques», a précisé M. Umarzaï.
Ce n’est pas la première fois que les terroristes s’en prennent aux civils, notamment aux lieux de culte. Début octobre dernier, une dizaine de personnes avaient été tuées dans l’explosion de deux bombes à l’entrée d’un mausolée soufi très fréquenté à Karachi, une autre grande ville du sud du Pakistan où les minorités religieuses sont régulièrement la cible des terroristes qui ont fait allégeance en 2007 à la présumée nébuleuse islamiste El Qaïda.
Depuis plus d’un an, l’armée pakistanaise mène de vastes opérations militaires dans le nord-ouest du pays dans le but d’anéantir les groupes islamistes qui en ont fait leur fief. Les attaques des drones américains et les opérations secrètes de la CIA dans les zones tribales, frontalières avec le voisin afghan, ont aggravé la situation sécuritaire à travers tout le Pakistan.
L’armée pakistanaise a perdu plus de 2 400 hommes dans les zones tribales depuis fin 2001 quand Islamabad s’est allié aux Etats-Unis pour pourchasser les présumés responsables des attentats du 11 septembre.
Par ailleurs, depuis l’été 2007, ce sont plus de 3 800 personnes à avoir péri dans tout le pays dans une vague de plus de 400 attentats et attaques (essentiellement suicide).