RTWArchives

Plan du site
Sommaire
Archives


La charia instaurée dans la vallée de la Swat au Pakistan

 
 
Les Chiites, cibles faciles au Pakistan

Libération, le 6 avril 2009

Attentat . Un kamikaze a fait 22 morts dans une mosquée.

Lorsqu'ils ne s'attaquent pas au gouvernement ou à l'armée, les groupes sunnites radicaux pakistanais s'en prennent à la minorité chiite du pays. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un attentat ou un assassinat ne vise cette communauté, qui représente un peu moins de 20 % des 168 millions d'habitants que compte le Pakistan. Hier, ce sont 22 fidèles chiites qui ont été tués et une cinquantaine d'autres blessés par un kamikaze alors qu'ils assistaient à un majlis (rassemblement) dans la petite ville de Chakwal, dans le centre du Pendjab, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale, Islamabad.

Découvert. Le pire a cependant été évité, l'assaillant ayant été intercepté à l'entrée de la mosquée, dans la cour de laquelle environ 2 000 personnes s'étaient réunies. C'est lorsqu'il s'est vu découvert que le kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs. Cette nouvelle attaque intervient au lendemain d'un attentat-suicide qui visait les forces de sécurité. Cette fois, le kamikaze avait fait exploser sa bombe dans un camp des forces paramilitaires chargées de la sécurité des zones sensibles de la capitale, tuant huit soldats. Auparavant, les talibans pakistanais, dont le principal mouvement a fait allégeance à Al-Qaeda, avaient promis de venger les 13 personnes tuées samedi par des missiles américains tirés contre les zones tribales du Nord-Ouest, frontalières avec l'Afghanistan.

A la différence de la vague d'attentats visant le sommet de l'Etat pakistanais ou l'armée, la violence antichiite remonte aux années 80. Elle a provoqué l'émergence de groupes chiites radicaux qui s'efforcent de répliquer par des attaques visant essentiellement des mosquées sunnites. On estime à 4 000 le nombre de personnes tuées dans cette rivalité entre ces deux branches de l'islam. Avec le délitement du pouvoir pakistanais, les violences religieuses ont redoublé, notamment dans les bastions du sunnisme radical, comme Deira Ismaël Khan, où les chiites font l'objet de véritables persécutions, ou à Quetta, dans le Balouchistan.

Réfugiés. Dans certaines zones tribales se déroulent à présent de véritables guerres, totalement ignorées de la communauté internationale. Ainsi, dans celle de Kurram où environ 40 % des 500 000 habitants sont chiites, plus de 1 500 personnes auraient été tuées en deux ans et 5 000 autres blessées. A Islamabad, il existe à présent un camp pour réfugiés chiites qui accueillerait près de 50 000 personnes. Les chiites pakistanais sont devenus des cibles aussi bien pour les groupes talibans que les groupes jihadistes du Pendjab. Et, du fait également d'un gouvernement largement défaillant, il n'existe plus guère d'endroit où, dans le «pays des Purs», ils peuvent se sentir en sécurité.

   

 

Haut