Après 22 jours de bombardements meurtriers, Israël a mis un terme ce week-end à son offensive dans la bande de Gaza.
Alors que les armes se taisent petit à petit dans la bande de Gaza après trois semaines de combats, les équipes de secours palestiniennes parcourent le territoire pour compter les morts. Depuis l'annonce de la trève, 95 corps de Palestiniens ont ainsi été découverts dans des décombres au nord de la bande de Gaza, à Jabiliya et à Beit Lahya.
Cette offensive israélienne n'a épargné ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les bâtiments de l' ONU à Gaza.
Les civils, durement frappés par l'opération "Plomb durci"
En 22 jours, 1300 palestiniens ont été tués, dont plus de 410 enfants et 108 femmes, selon le dernier bilan des services d'urgences de Gaza. Plus de 5300 personnes ont été blessées. Deux hauts dirigeants du Hamas, dont Saïd Siam, le "ministre" de l'Intérieur, et quelques 500 militants et cadres du mouvement ont été tués.
Côté israélien, 13 personnes ont été tuées, dont 3 civils. 80 civils ont été blessés, dont quatre très grièvement. 113 soldats israéliens ont été blessés.
De nombreux bâtiments abritant aussi bien des militants du Hamas que des civils ont été détruits. Des milliers de Palestiniens se retrouvent ainsi à la rue.
Des obus israéliens sont tombés près de trois écoles et d'un centre de santé administrés par les Nations unies. Lors de la dernière attaque, le 17 janvier, au moins 30 personnes ont été tuées et 55 blessées.
Le 15 janvier, des bombardements ont ravagé un complexe de l'ONU (Unrwa), un bâtiment de presse et un hôpital. Israël a été accusé par le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Miguel d'Escoto, de violer le droit international:
"Les violations du droit international commises lors de l'attaque de Gaza ont été dûment notées: punition collective, usage disproportionné de la force et attaque de cibles civiles dont des maisons, des mosquées, des universités et des écoles."
Cette chronologie retrace les principaux drames qui ont marqué ce conflit :
L'utilisation d'une nouvelle arme ?
L'organisation Human Rights Watch a accusé l'armée israélienne d'utiliser du phosphore blanc, arme interdite par le droit international contre des civils, dans des zones dhabitation très peuplées.
Dans un article publié sur Rue89 et consacré au phosphore blanc, Anyssa Bellal, de lAcadémie de droit international humanitaire de Genève a expliqué:
"Les munitions au phosphore blanc ne sont pas interdites par le DIH [droit humanitaire international, ndlr], contrairement à dautres armes comme les bombes à fragmentation, les mines anti-personnel et les armes chimiques. Mais leur utilisation est soumise aux principes de ce même droit: elles ne doivent pas causer de maux superflus et il faut distinguer entre civils et combattants."
Les journalistes étrangers tenus loin de Gaza
Depuis le début de l'offensive israélienne, l'ensemble du territoire palestinien a été bouclé avec l'interdiction formelle, pour les journalistes internationaux, d'y pénétrer.
Les correspondants de la presse arabe, déjà sur place, ont travaillé dans des conditions très dures. Nidal al Moughrabi, correspondant de Reuters, a fait le récit de son travail sous les bombes, sur le site de l'agence:
"Sur la radio utilisée par les journalistes de Reuters, les informations affluent: 'Ils ont bombardé une voiture à Beït Lahiyah', rapporte un reporter. 'Trois cadavres sont arrivés à l'hôpital Chifa', dit un autre. 'Plusieurs blessés dans un raid aérien contre des tunnels', ajoute un troisième, basé dans le Sud, près de la frontière avec l'Egypte.
"Au bureau de Reuters à Gaza, où sont reçus ces appels, les vitres des fenêtres ont été recouvertes d'adhésif de façon à minimiser les risques de blessures si elles étaient soufflées par une bombe. Mais les locaux ont été secoués à plusieurs reprises par des explosions à proximité et la principale baie vitrée n'a pas résisté.
"Au sommet de l'immeuble, l'équipe a installé une caméra fixe. Les cameramen préfèrent éviter de filmer à partir des fenêtres du bureau, de crainte que des soldats israéliens ne se méprennent en croyant être visés par une arme."
La caméra fixe a été détruite le 15 janvier lors de l'assaut contre un bâtiment de presse.
Depuis le 27 décembre, quatre journalistes ont été tués: l'un travaillait pour les télévisions algérienne et marocaine, deux autres pour une radio gazaouie et le quatrième était le caméraman personnel du président palestinien Mahmoud Abbas.