L'armée israélienne a violemment bombardé jeudi Gaza touchant des bâtiments abritant des médias et une agence de l' ONU après une incursion en profondeur de ses chars dans la ville, au 20e jour de son offensive dévastatrice contre le Hamas qui a tué près de 1.100 Palestiniens.
Le patron de l'ONU Ban Ki-moon, arrivé en Israël dans le cadre d'une tournée régionale, a jugé "insupportable" le nombre des victimes palestiniennes, alors que la diplomatie s'activait pour arracher un cessez-le-feu à Gaza où la situation humanitaire devient "dramatique" selon l'ONU.
L'armée israélienne a intensifié depuis le matin ses bombardements aériens et de chars contre Gaza-ville.
Trois employés de l'Unrwa, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, ont été blessés par des obus de chars qui ont endommagé son complexe à Gaza, selon un porte-parole de l'organisation. M. Ban, qui devait s'entretenir avec les dirigeants israéliens avant de se rendre vendredi en Cisjordanie pour rencontrer le président Mahmoud Abbas, s'est dit "scandalisé" par le bombardement du bâtiment de l'Unrwa.
L'agence, dont des entrepots ont été incendiés, a annoncé la suspension de l'ensemble de ses opérations à Gaza.
Deux cameramen palestiniens de la télévision arabe d'Abou Dhabi ont été blessés dans un raid aérien contre un immeuble de Gaza abritant les bureaux de plusieurs médias arabes et internationaux dont l'agence Reuters, les télévisions Fox, Sky ainsi que les chaînes Al-Arabiya et MBC.
Un incendie s'est déclaré en outre dans l'hôpital Al-Quds relevant du Croissant Rouge palestinien après qu'il eut été touché par des obus, ont indiqué des témoins et des responsables de l'établissement.
Quelques heures plus tôt, les chars, appuyés par l'aviation, avaient avancé sur plusieurs centaines de mètres dans Tal Al-Hawa, un quartier périphérique dans le sud-ouest de Gaza-ville, ont indiqué des témoins. Les soldats y ont affronté des combattants palestiniens tirant au mortier et à la roquette anti-char. Les blindés tiraient des obus, y compris en direction d'immeubles résidentiels, alors que l'aviation menait des raids.
Une colonne de chars a pris position dans un parc public du centre du quartier. Des centaines de familles palestiniennes fuyaient vers des zones plus proches du centre.
Déjà la nuit, la bande de Gaza avait été la cible de violents bombardements, les plus intenses depuis le début de l'offensive israélienne le 27 décembre, selon des habitants. L'armée a affirmé avoir visé "70 cibles" dans des raids aériens, notamment des sites de lancement de roquettes et des groupes d'hommes armés.
L'aviation a en outre effectué des attaques dans le nord du terrtoire. Une femme et ses trois enfants ainsi qu'une jeune voisine ont péri dans l'un des raids à Beit Lahya, selon des sources médicales.
Les groupes armés palestiniens, notamment le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, ont continué à tirer des roquettes sur Israël.
Selon l'armée, 17 de ces engins sont tombés le matin sur le sud d'Israël sans faire de victime. Une maison a été touchée à Sdérot, distante de quelque 5 km de la bande de Gaza.
Au moins 37 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens aux premières heures de la journée, selon des sources médicales palestiniennes.
Depuis le début de l'offensive, 1.070 Palestiniens ont été tués, dont 355 enfants et 100 femmes et plus de 5.000 autres blessés, selon un dernier bilan fourni à l'AFP par le chef des services d'urgence à Gaza, Mouawiya Hassanein.
Les tirs de roquettes sur Israël ont fait quatre morts depuis le 27 décembre. Au total, dix militaires et trois civils israéliens ont été tués.
Alors que les bombardements s'intensifiaient, la diplomatie battait son plein pour mettre fin aux combats avec l'arrivée d'un négociateur israélien en Egypte, qui joue les intermédiaires avec le Hamas en vue d'un cessez-le-feu, la visite de M. Ban et un sommet des monarchies arabes du Golfe.
L'émissaire israélien Amos Gilad devait discuter avec le chef des services de renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, d'un plan égyptien. Il devait rendre compte dans la soirée du résultat de ses entretiens aux dirigeants israéliens.
L'Egypte a affirmé avoir obtenu l'aval du Hamas à son plan, ce que le mouvement islamiste n'a pas confirmé, disant attendre la réponse d'Israël à sa "vision".
L'Assemblée générale de l'ONU doit tenir une réunion d'urgence dans la journée pour appeler au respect de la résolution 1860 du Conseil de sécurité de l'ONU demandant le 8 janvier un cessez-le-feu à Gaza et restée lettre morte. Le ministre allemand des Affaires étrangères Franck-Walter Steinmeier est aussi arrivé en Israël dans le cadre d'une tournée régionale.
Entretemps, la situation humanitaire dans le territoire surpeuplé et pauvre devient très critique, alors que les habitants fuient leurs maisons de crainte des raids et n'ont pas où aller.
Un million d'habitants vivent sans électricité, 750.000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.
La Croix-Rouge internationale y a jugé la situation humanitaire "dramatique" alors que le Fonds des Nations unies pour l'enfance a qualifié d'"inacceptable" la mort de plus de 300 enfants.