Les troupes des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ont du mal à voir leur côte grimper, et leurs comportements pendant le processus d’invasion de la capitale ivoirienne, au mois d’avril dernier, sont loin de recueillir l’assentiment des organismes des droits de l’homme. Les membres des ex-FAFN viennent de se voir accusés de nouveau de s’être rendus coupables d’exécutions sommaires. Des exécutions qui s’apparentent à des représailles systématiques contre les partisans de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Ces informations sont d’autant plus gênantes et graves pour les autorités ivoiriennes qu’elles proviennent de la mission des Nations unies, plutôt favorable à l’actuel homme fort du pays. Elles arrivent tandis que l’inculpation récente de la quarantaine de proches de Gbagbo fait craindre une justice revancharde...
Les FRCI font décidément partie de la race de ceux qui drainent la poisse avec eux. En effet, les anciens rebelles ayant contribué à l’installation effective de l’actuel président ivoirien, ont été des vainqueurs sans auréoles. Les observateurs auront vite fait de relever la barbarie et tous les actes condamnables auxquels ces derniers s’étaient livrés dans le sillage de la capture de Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier. Les organisations de défense des droits humains n’ont eu de cesse de dénoncer les massacres de Duékoué en fin mars, et plus largement dans toute la partie ouest du pays, qui est progressivement tombée sous leur contrôle. Outre les exactions, c’est le caractère sélectif et à la limite ethnocentriste des massacres qui a été dénoncé.
Il est même troublant d’apprendre que trois mois après la fin théorique de la crise, les mêmes exactions aient pu continuer. C’est pourtant ce que dit l’Onuci. Selon un rapport rendu public par la représentation des Nations unies en Côte d’Ivoire, du 11juillet au 10 août 2011; ce sont au total 26 personnes qui sont mortes d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Des crimes auxquels s’ajouteraient quelques 85 cas d’arrestations arbitraires et de détentions illégales.
On ne peut pas dire que sous l’ère d’Alhassane Ouattara, les droits humains s’en tirent mieux. Du moins, pour le moment. Quant aux éventuels responsables de violations des droits de l’homme, l’Onuci pointe principalement des éléments identifiés comme appartenant aux FRCI. A côté, les membres de la confrérie des Dozos et les miliciens guéré pro-Gbagbo sont également épinglés par le rapport onusien. Autre indice compromettant pour la nouvelle armée ivoirienne, les lieux de commissions des crimes. A propos, des villages proches d’Abidjan,
Duékoué, Daloa et plus globalement, des régions regorgeant de partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo, sont les principales localités citées par le rapport.
Ce document sonne donc comme une confirmation des accusations jusque-là portées à l’encontre des membres de l’armée ivoirienne, proches d’Alassane Ouattara. On ne peut pas dire que cette nouvelle tombe pour le président ivoirien au meilleur moment. Alors qu’il ne s’est pas encore remis du tollé général suscité par la récente inculpation d’une demi-douzaine des partisans et membres de la famille de Gbagbo. Une inculpation qui contraste du reste avec les promotions dont il gratifie des partisans à lui qui sont loin d’être "clean".
L’autre élément révélateur de ces informations réside dans l’institution qui les divulgue. En effet, il faut rappeler que l’action de l’Onuci a été plus que déterminante dans l’issue de la bataille d’Abidjan. Même sur le plan politique, il convient de se souvenir que les hostilités ont commencé quand Young Ji-Choi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies dans le pays, a déclaré que les élections du 28 novembre avaient été remportées par Alassane Ouattara.