Enrôlés de force pour transporter du matériel dans les zones de combat, ces détenus, boucliers humains, sont victimes de tortures et d'exécutions sommaires.
La Birmanie utilise des prisonniers comme «mules humaines» pour transporter du matériel dans les zones de combat entre l’armée et les rebelles des minorités ethniques, a dénoncé mercredi l’organisation américaine Human Rights Watch.
Selon HRW, des détenus sont enrôlés de force, servent de boucliers humains et font l’objet de torture et d’exécutions sommaires.
«Les détenus porteurs sont fondamentalement des mules humaines pour l’armée birmane. Ils doivent emmener ces équipements très lourds à travers des zones minées», a expliqué Elaine Pearson, directrice-adjointe de HRW en Asie, en présentant le rapport «Dans le couloir de la mort» sur l’est de la Birmanie.
Selon elle, de tels éléments renforcent la nécessité d’une enquête internationale. «Le traitement brutal des détenus porteurs sur les lignes de front ne constitue qu’un des crimes de guerre en cours», a-t-elle martelé.
«Les autres comprennent les attaques délibérées de (…) civils, les tueries extra-judiciaires, les délocalisations forcées, la torture, le viol et l’utilisation d’enfants-soldats».
Guerre civile depuis l'indépendance
De nombreux groupes minoritaires, qui représentent un tiers des 50 millions d’habitants de la Birmanie, n’ont jamais pacifié leurs rapports avec le pouvoir central depuis l’indépendance en 1948. Depuis, une guerre civile oppose la capitale à certains de ces groupes, qui réclament plus de droits et d’autonomie.
Fin 2010, des analystes craignaient une offensive massive de l’armée birmane, accusée de vouloir mater les dernières rébellions une fois achevées ses réformes constitutionnelles post-électorales.
Le recours aux détenus de nombreuses prisons du pays est une «pratique systématique» avec des ordres venus de «haut niveau», a insisté David Mathieson, spécialiste de la Birmanie pour HRW.
Le mois dernier, les Etats-Unis se sont déclarés prêts à favoriser la création d’une commission d’enquête internationale sur les atteintes aux droits de l’homme en Birmanie, comme l’avait suggéré l’an passé le rapporteur spécial de l’ONU, Tomas Ojea Quintana.