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Le pouvoir azéri accuse l'opposition d'être manipulée par les Arméniens

Armenews, le 19 avril 2011

Alors que l’opposition azérie, encouragée par le mouvement de contestation à l’oeuvre dans le monde arabe et musulman, se mobilise pour exiger davantage de démocratie et tenter de soustraire le pays au pouvoir autoritaire exercé par la dynastie Aliev, les autorités d’Azerbaïdjan ont réagi en agitant la menace d’un complot orchestré par l’Arménie dont l’opposition locale serait le relais, justifiant ainsi la répression musclée exercée contre les manifestants. Des responsables du parti au pouvoir à Bakou ont accusé ouvertement vendredi 15 avril les partis d’opposition d’Azerbaidjan d’aider par leur mouvement l’Arménie, et même d’être au service de l’ennemi arménien.

Ali Ahmedov, dirigeant du Parti Yeni Azerbaïdjan du président Ilham Aliyev a ainsi déclaré que les groupes locaux de l’opposition répandent une « idéologie hostile dirigée contre les intérêts nationaux du peuple azerbaïdjanais ». « En raison de leur hostilité personnelle, ces gens de l’opposition servent les intérêts de l’ennemi de l’Azerbaïdjan : l’Arménie ", a ajouté M.Ahmedov lors d’une séance du Parlement azerbaïdjanais. « L’opposition radicale est un outil entre les mains de ces parlementaires étrangers qui soutiennent les Arméniens », a surenchéri Mubariz Gurbanli, le numéro deux du Parti au pouvoir, lors de la même séance du Parlement. Un autre député progouvernemental, Asef Hajiyev, a sur le même ton accusé l’opposition d’entretenir des liens avec « le lobby arménien » et de vouloir déstabiliser la situation politique dans le pays. « L’État et le peuple azerbaïdjanais prendront toutes les dispositions nécessaires pour contrecarrer ces tentatives », a-t-il ajouté, menaçant. Un autre député du parti majoritaire, Fazil Mustafa, est allé plus loin encore, en désignant les responsables de l’opposition comme des traîtres et des agents de l’étranger.

Ces accusations visent avant tout la principale force d’opposition, le Parti nationaliste Musavat et les formations membres du Front populaire, pourtant peu suspects de sympathies arméniennes, qui n’avaient pu remporter de sièges au Parlement lors des élections législatives de 2010, très controversées et critiquées par l’Occident pour les multiples fraudes et irrégularités qui les avaient entachées. Les dirigeants de ces partis ont exprimé leur soutien aux centaines d’Azerbaïdjanais qui avaient défié les autorités et leur appareil répressif pour descendre dans la rue et dénoncer le pouvoir autoritaire du clan Aliyev. La police azerbaïdjanaise a fait usage de la force pour disperser les manifestations et procédé à des dizaines d’interpellations et arrestations parmi les militants de l’opposition et les autres manifestants.

Les partisans du pouvoir au Parlement azéri ont également critiqué les diplomates occidentaux en poste à Bakou ainsi que les représentants d’organisations internationales coupables d’avoir rencontré des dirigeants des partis d’opposition et des militants d’associations de défense des droits civiques au siège du Musavat le 8 avril. Pour les députés proches du parti au pouvoir, de tels contacts seraient la preuve de la partialité de ces diplomates et de leurs positions favorables aux Arméniens. « Nous sommes prêts à acheter des billets pour des représentants de chacune de ces 20 ambassades [à Bakou] et les envoyer à Erevan », a déclaré fort élégamment M. Mustafa, qui a exigé en retour qu’ils « plaident en faveur du retour des territoires azerbaïdjanais occupés »...


   
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