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Tortures routinières dans les prisons afghanes
Libération, le 19 mars 2012
L'autorité afghane des droits de l'homme pointe des cas fréquents dans une dizaine de prisons.
La police et les services de renseignement afghans (NDS) torturent leurs détenus de manière habituelle dans au moins une dizaine de prisons, dénonce la Commission indépendante afghane pour les droits de l'homme (AIHRC).
«Des chercheurs ont trouvé des preuves crédibles de torture dans neuf établissements du NDS et plusieurs appartenant à la police afghane», pointe l'AIHRC dans un rapport publié samedi.
Parmi les tortures infligées figurent «des passages à tabac, des suspensions au plafond, des décharges électriques, des menaces ou des cas effectifs d'abus sexuels et d'autres genres d'abus physiques ou mentaux utilisés de manière habituelle pour obtenir des confessions ou d'autres informations», selon ce texte.
Un rapport de l'ONU publié en octobre dernier avait déjà dénoncé des «tortures systématiques» de prisonniers dans cinq centres de détention afghans, ajoutant que 46% des détenus interviewés qui avaient séjourné dans les geôles du NDS «avaient subi des techniques d'interrogatoire» semblables à la torture.
Responsables non sanctionnés
«Quatre des centres où la torture a été rapportée étaient aussi identifiés par le rapport de l'ONU», observe l'AIHRC, qui s'inquiète par ailleurs «sérieusement» du manque de transparence de «la politique américaine quant aux transferts de détenus».
D'après le rapport, dans au moins trois cas, des militaires américains n'appartenant pas à la force internationale de l'Otan (Isaf) ont transféré des prisonniers afghans vers le centre du NDS de Kandahar, où l'Isaf n'envoyait plus de détenus. Les trois hommes ont ensuite été torturés.
Le gouvernement afghan y est également critiqué pour avoir «réorienté» des fonctionnaires «responsables d'abus sur des détenus» plutôt que de les avoir «révoqués et poursuivis».
«Le fait que le gouvernement fasse l'objet de défis sécuritaires ne signifie pas que la torture est justifiable ou inévitable», affirme l'ONG.
Début mars, les Etats-Unis et l'Afghanistan ont signé un accord prévoyant le transfert d'ici six mois au gouvernement de Kaboul du contrôle de la prison américaine de Bagram, au nord de Kaboul, surnommée parfois «le Guantanamo afghan» pour le symbole qu'elle représente.
(AFP)
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