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Chassés par la guerre, les enfants des déplacés afghans meurent de froid
AFP, le 9 février 2012
Après avoir fui la violence des talibans et les attaques des troupes de l'Otan, des milliers d'Afghans, qui ont trouvé refuge dans des camps de la capitale Kaboul, font face à un nouvel ennemi : le froid, particulièrement vif cet hiver, tue leurs enfants.
Del Agha, un fermier de la province de Kandahar, bastion taliban dans le sud, dit avoir a quitté ses terres il y a quatre ans après qu'un bombardement de l'Otan eut tué plusieurs villageois. La semaine passée, sa fille de trois ans est décédée.
"Il faisait très froid cette nuit-là. Quand je me suis réveillé, elle était morte", raconte-t-il devant son domicile, sorte de trou dans le sol entouré de murs de terre d'un mètre de haut, au sommet desquels quelques vieilles étoffes et des morceaux déchirés de tente font office de toit.
Vivant à Charhi Qambar, l'un des camps de déplacés situé aux portes de Kaboul, Del Agha déplore une vie "très dure" et confie : "J'ai peur pour mon autre enfant", un nourrisson de quelques mois, qui tousse à ses côtés.
Khair Mohammad, 12 ans, a également fui il y a quatre ans le sud de l'Afghanistan. Sa famille a fait ses bagages lorsque son oncle, soupçonné d'être un espion à la solde des troupes étrangères, a été pendu à un arbre et éventré au couteau.
Les tempêtes de neige et un vent glacial traversant sa hutte depuis quelques semaines, ajoutés aux températures négatives - jusqu'à -16 degrés la nuit -, lui rendent la vie difficile. "Depuis que le froid est arrivé, tant d'enfants sont morts. On les enterre là-bas", explique-t-il, désignant une petite colline.
Ce dernier mois, "quinze victimes" du froid, "presque toutes des enfants", ont été recensées dans à peine trois des quarante camps de déplacés de Kaboul, observe Ghulam Sakhi Kargar Noorughli, un porte-parole du ministère de la Santé, ajoutant que la moitié des décès sont survenus à Charhi Qambar.
D'après des résidents, ce bilan est au moins deux fois supérieur.
La guerre entre les insurgés islamistes et les forces pro-gouvernementales, soutenues par les troupes de l'Otan qui ont chassé les talibans du pouvoir fin 2001 ont poussé quelque 447.000 Afghans à abandonner leurs maisons, d'après le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Pour la seule année 2011, 185.000 personnes, majoritairement dans le sud, ont dû quitter leurs villages, soit une augmentation de 45% par rapport à l'année précédente, d'après Nader Farhad, un porte-parole du HCR.
Environ 18.000 personnes vivent désormais dans de ce que l'agence onusienne appelle des "campements informels" dans ou près de Kaboul. Parmi ceux-ci, 1.500 migrants sont "liés au conflit", tandis que les autres ont quitté leurs foyers pour des raisons économiques, selon la même source.
Un quart de la population afghane est en outre constituée de réfugiés autrefois exilés au Pakistan ou en Iran et revenus au pays après l'intervention militaire occidentale.
Malgré les milliards de dollars d'aide ayant inondé le pays depuis la chute des talibans, l'Afghanistan reste l'un des pays les plus pauvres du monde.
"Nous avons fait une erreur, la plus grande erreur jamais commise par le HCR", déclarait fin décembre à l'AFP Peter Nicolaus, chef du HCR en Afghanistan, au sujet de la stratégie de son organisation, qui ne s'est pas souciée des débouchés professionnels offerts aux réfugiés, les condamnant à la misère.
L'Afghanistan était en 2009 le deuxième pays du monde, après le Tchad, où la mortalité pour les enfants de moins de 5 ans était la plus élevée, d'après l'Unicef, qui l'évaluait à 199 pour mille en 2009. Un enfant sur 5 n'atteignait pas l'âge de 5 ans dans ce pays.
Selon le ministère de la Santé, qui se base sur une étude plus récente, ce pourcentage aurait diminué de moitié, pour atteindre 97 décès pour 1000 en 2011. Un enfant sur 10 meurt avant ses 5 ans en Afghanistan.
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