En Afghanistan, l'insurrection des talibans s'est étendue à des régions jusqu'ici épargnées par les combats, selon deux cartes confidentielles des Nations unies publiées par le Wall Street Journal, lundi 27 décembre.

Ces cartes, censées évaluer le niveau de sécurité province par province, montrent une dégradation tout au long de l'année 2010. La première a été établie en mars, "au début de la saison des combats", note le quotidien. La deuxième l'a été en octobre, au début de l'hiver.

Un comparatif permet de voir que la situation est quasiment inchangée dans le sud afghan, région où la coalition internationale mène une offensive d'envergure depuis plusieurs mois, ainsi que dans l'Est. Ces deux zones sont classées "à très haut risque". Mais ces deux cartes montrent surtout une hausse de la violence dans seize districts du Nord et du Nord-Ouest, où le niveau de risque passe de "faible" ou "moyen" à "haut". Selon ces cartes, seuls deux districts – un dans la province de Kunduz (Nord), l'autre dans celle d'Herat, principale ville de l'ouest afghan – voient leur niveau de risque descendre de "haut" à "moyen".

"INCROYABLEMENT DIFFICILE DE TRAVAILLER DANS CERTAINES PARTIES DU PAYS"

Kieran Dwyer, chef du service de communication de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama), n'a pas souhaité commenter ces cartes, mais il a tout de même reconnu qu'il était devenu "incroyablement difficile de travailler dans certaines parties du pays". "Parallèlement à l'intensification du conflit dans certaines parties du pays, nous voyons surgir des insurgés dans des districts qui n'étaient auparavant pas visés", a-t-il concédé, soulignant que "les travailleurs humanitaires ou responsables gouvernementaux chargés d'apporter des services aux gens" sont de plus en plus visés. Ces documents internes à l'ONU contredisent le discours officiel de la Maison Blanche, selon lequel des "progrès fragiles" ont été obtenus contre les talibans.

L'OTAN envisage de transférer progressivement la responsabilité de la sécurité sur le territoire aux forces de sécurité afghanes d'ici 2014. Environ 140 000 soldats sont déployés en Afghanistan, dont 3 850 soldats français. Depuis le 1er janvier, 705 soldats de la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) ont été tués, selon un décompte effectué par l'AFP à partir du site indépendant icasualties.org, faisant de l'année 2010 la plus meurtrière depuis le début du conflit, en 2001.

En visite en Afghanistan au cours du week-end, le ministre de la défense français, Alain Juppé, s'est félicité du "soutien complet des autorités afghanes et de l'aide qu'elles peuvent nous apporter", affirmant que la nécessité de "réussir la transition" en Afghanistan était primordiale pour Kaboul et Paris.

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