Les islamistes shebab ont exécuté par balles mercredi à Beledweyne (centre de la Somalie) deux jeunes filles jugées coupables d'espionnage, ont rapporté jeudi des témoins sur place.
Cette exécution, une première concernant des femmes sous un tel chef d'accusation, s'est déroulée devant plusieurs centaines de personnes dans cette ville proche de la frontière avec l'Ethiopie.
Les jeunes filles semblaient âgées de 17 ou de 18 ans, selon les témoignages recueillis par l'AFP.
"Ces femmes espionnaient pour l'ennemi et ont été arrêtées par les mudjahidines (combattants islamiques) la semaine dernière", a déclaré à la foule, après l'exécution, Sheikh Youssouf Ali Ougas, commandant régional des shebab. "Après une longue enquête, elles ont avoué leurs crimes", a-t-il ajouté.
Ce responsable islamiste a ajouté que des dizaines d'autres personnes étaient détenues à Beledweyne pour le même motif et encouraient la même peine. La ville a été le théâtre de violents combats ce mois-ci entre les shebab et des forces pro-gouvernementales.
Les shebab, qui ont fait vœu d'allégeance à Al-Qaïda, contrôlent la plus grande partie du centre et du sud de la Somalie, livrée au chaos depuis 1991, et tentent de renverser le fragile gouvernement de transition protégé par une force de l'Union Africaine dans la capitale Mogadiscio.
"Le groupe (shebab) a informé la population qu'une punition publique allait se dérouler à l'encontre de deux femmes jugées coupables d'espionnage", a rapporté un des témoins, qui ne s'est identifié que par le prénom d'Ali.
"Je ne savais pas qu'il comptait les exécuter. Les deux filles étaient assises par terre, les mains liées dans le dos. Un groupe de combattants leur a alors couvert le visage et les a exécutées dans le dos", a poursuivi ce témoin.
"C'était choquant, les filles étaient si jeunes. On voyait qu'elles étaient désespérées, mais personne ne pouvait leur venir en aide", a ajouté Ali.
"Nous étions tous profondément désolés pour ces jeunes filles exécutées ainsi devant des centaines de personnes", a rapporté une autre témoin, Maryam Ahmed. "Je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer. Je suis inquiète pour les dizaines d'autres personnes détenues en ce moment pour les mêmes raisons", a-t-elle ajouté.
Les shebab, considérés par les Etats-Unis comme une organisation terroriste, avaient déjà exécuté deux hommes sous l'accusation d'espionnage ce mois-ci à Mogadiscio.
Il y a deux ans, la lapidation d'une femme condamnée pour adultère par un tribunal islamique de Kismayo, dans le sud du pays, avait provoqué l'indignation dans le monde entier. Depuis, les islamistes somaliens ont multiplié les exécutions pour meurtre ou espionnage, et coupé les mains de nombreux voleurs présumés.
Les shebab somaliens se revendiquent d'une conception de l'islam particulièrement sévère, inspirée de la doctrine wahhabite et appliquée par une police religieuse, l'Armée de la moralité.