La plateforme d'accueil des demandeurs d'asile de Tours devrait être fermée d'ici la fin de l'hiver. C'est une des dernières plateformes départementales encore en activité. La régionalisation, mise en place par l'Etat, conduit aussi à remettre en cause le droit d'asile.
Non à la fermeture de la plateforme pour les demandeurs d'asile de Tours
La dégradation des services publics continue et touche de plus en plus de personnes. Les demandeurs d'asile ne sont pas épargnés. Dans pratiquement tous les départements, il existe des plateformes d'accueil pour ces derniers. Leur fonction est de les aider dans leurs démarches administratives (remplir le dossier OFPRA de demande d'asile, accompagner pour obtenir des titres de séjour temporaires en attendant qu'ils aient le statut de réfugié), et aussi d'organiser l'hébergement, la scolarisation des enfants, etc. Ces plateformes sont donc nécessaires.
Non à la régionalisation
L'Etat, dans son projet de régionalisation, prévoit de réduire le nombre de plateformes accueillant les demandeurs d'asile. Dans l'avenir, elles seraient cantonnées essentiellement dans les capitales régionales. Concrètement pour la région Centre, il n'y aurait plus qu'une plateforme à Orléans pour toute la région, qui regroupe 6 départements ! Cela signifie donc qu'à Tours, la plateforme, gérée par l'AFTAM (association nationale), disparaitrait. Il paraît évident qu'il sera très difficile, ne serait-ce que financièrement (le prix des aller/retour en train aura un effet dissuasif), que ces usagers puissent bénéficier des services auxquels ils ont droit.
A Tours, les services sociaux (Le CASOUS de l'Entr'Aide Ouvrière, les Territoires de Vie Sociale du Conseil général...) risquent d'être totalement débordés, conduisant à générer des situations difficiles et violentes . Est-ce que l'Etat ne veut pas légitimer sa politique xénophobe en créant des tensions pouvant conduire à des comportements violents à l'encontre des personnes d'origine étrangère ?
Localement, plusieurs luttes ont été menées pour imposer l'hébergement de ces personnes et qu'elles connaissent des conditions de vie décente. Par exemple, en 2005, la fac des Tanneurs a été occupée pendant 84 jours pour que des familles demandeuses d'asile soient accueillies en Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile (CADA). Ce qui fut obtenu ! Depuis plusieurs années, des mobilisations ont permis que de demandeurs d'asile ne soient pas expulsées de leur logement ou de leur hébergement ; à moins que les structures les hébergeant ne leur proposent des solutions concrètes, comme le prévoit la loi (article 4 de la loi DALO).
Un des objectifs de l'Etat est de continuer à dégrader les conditions de vie des demandeurs d'asile afin de réduire leur nombre. Or, la Convention de Genève, signée par l'Etat français, l'oblige à accueillir dignement toute personne sollicitant le statut de réfugié. Il doit donner les moyens (financiers, matériels) pour que ces êtres humains ne soient pas à la rue et puissent mener une vie sociale normale. La fermeture de la plateforme de Tours va totalement à l'encontre des obligations de l'Etat à ce propos.
Nous n'accepterons jamais cette politique qui consiste à durcir les conditions de vie des demandeurs d'asile pour tenter de décourager de nouveaux prétendants au statut de réfugié. On n'empêchera jamais des gens de vouloir émigrer. On aura beau ériger tous les murs d'une forteresse, l'intelligence humaine trouvera toujours des moyens pour les franchir ! Il n'y a d'autres solutions que la régularisation de tous les demandeurs d'asile : la délivrance du statut de réfugié !
Solidarité avec les salariés
La fermeture de la plateforme de Tours risque aussi conduire à des licenciements de salariés. Cette politique de casse des services publics et sociaux est inacceptable. Avec la crise, les difficultés sociales s'aggravent (chômage, précarité, expulsions de logement...). Il est aberrant de réduire les budgets sociaux, à moins de ne considérer l'être humain comme une simple variable économique. Qu'on ne nous argue pas le manque de moyens financiers. L'Etat, la Communauté européenne ont débloqué, l'espace d'un week end, des centaines de milliards d'euros pour venir en aide aux banques, aux industries de l'automobile et autres. Pour garantir des conditions de vie décentes, il ne le pourrait pas ! Cela s'appelle faire des choix : les profits avant tout ! Nous avons choisi : ce qui prime ce sont les êtres humains !
Soutenons les salariés de la plateforme de Tours qui luttent contre la fermeture de ce service public pour que les demandeurs d'asile puissent vivre dignement !
A Brest, la plateforme, gérée aussi par l'AFTAM, est menacée de fermeture. Le collectif CASSSPAPIER (soutenant les demandeurs d'asile) a occupé fin décembre pendant 2 jours la plateforme et ensuite la mairie pour dénoncer ce projet de fermeture.
Ce n'est qu'un début, le combat continue...
Nous sommes loin d'avoir perdu. A l'échelle nationale, il faut se mobiliser, en faisant pression sur les associations gestionnaires, les élus pour empêcher la fermeture des plateformes d'accueil des demandeurs d'asile, pour empêcher la casse de ce service public, pour défendre le droit d'asile !
Tours, le 23/01/09
Collectif de Soutien aux Demandeurs d'Asile et aux Sans Papiers
06 34 19 64 98
csdasp37@no-log.org