Violences ethniques au Kirghizistan, au moins 26 morts

Reuters, le 11 juin 2010

Des affrontements ethniques entre Kirghizes et Ouzbeks vendredi à Och, deuxième ville du Kirghizistan, ont fait au moins 26 morts.

Il s'agit des plus graves violences dans le pays depuis la destitution du président Kourmanbek Bakiev en avril.

Des habitations et des maisons de thé ont été incendiées et des coups de feu résonnent à intervalles réguliers dans le quartier à majorité ouzbek de cette cité de 200.000 habitants, située dans une région particulièrement instable aux confins de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan.

"Le quartier de Tcheriomouchki, à majorité ouzbèque, est en flammes", a rapporté une journaliste de Reuters présente sur place. "Il y a des heurts entres Kirghizes et Ouzbeks. De nombreuses personnes ont dressé des barricades".

Le gouvernement intérimaire a décrété l'état d'urgence dans quatre provinces du sud du pays, ancien fief de Bakiev. Des troupes et des blindés ont été envoyés sur place.

Des jeunes gens, armés de pistolets et de barres de fer, ont passé la nuit à sillonner les rues de la ville. Les affrontements ont fait 26 morts et 454 blessés, selon un bilan provisoire fourni par le ministère de la Santé. De nombreuses victimes auraient été touchées par balles.

"Malheureusement, il s'agit d'un conflit entre deux ethnies. Nous devons (mobiliser) des forces et des moyens pour arrêter et calmer ces gens, c'est ce que nous sommes en train de faire", a déclaré Roza Otounbaïeva, présidente intérimaire, s'exprimant devant la presse à Bichkek.

"Nous cherchons à bloquer pratiquement toutes les routes menant à Och. C'est ce que nos forces de sécurité tentent de faire", a-t-elle ajouté.

SITUATION TENDUE

Un médecin de la ville a fait état d'un bilan de blessés plus lourd que celui du gouvernement. Selon lui, plus de 500 personnes ont été admises à l'hôpital avec des blessures causées à l'arme blanche.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué que cinq personnes avaient été arrêtées et que la situation à Och était "tendue". Selon un porte-parole, les premières informations laissent penser que les émeutes ont débuté dans un casino.

Non loin de la mairie d'Och, plusieurs magasins étaient encore en flammes dans la matinée. Une foule était rassemblée à proximité et on entendait des coups de feu.

Les ministres de la Défense et de l'Intérieur, Ismaïl Isakov et Bolot Cherniazov, se sont rendus sur place aussitôt après une réunion d'urgence. Isakov a été récemment nommé représentant spécial du gouvernement pour le Sud-Kirghizistan.

Selon un porte-parole officiel, les émeutes ont impliqué entre 1.000 et 3.000 personnes dans la nuit. Les attroupements se sont dispersés après l'arrivée de véhicules blindés dans les rues d'Och. L'état d'urgence restera en vigueur jusqu'au 20 juin.

Le sud du Kirghizistan est le fief de Bakiev, déposé en avril après un soulèvement. Le 13 mai, les partisans de Bakiev s'étaient brièvement emparés de plusieurs bâtiments publics dans le Sud pour manifester leur opposition au gouvernement intérimaire de Bichkek.

La crise au Kirghizistan est suivie de près par la Russie et les Etats-Unis, qui disposent chacun d'une base militaire dans ce pays, ainsi que par la Chine.

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