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La torture «était la norme» dans une prison secrète d'Irak - 28 av. 2010
Des miliciens anti-Qaïda massacrés dans un village au sud de Bagdad - 3 av. 2010


SUR LE NET :

Rapport annuel 2009 d'Amnesty International - Irak -


 


Irak : les autorités doivent protéger les civils contre les violences meurtrières

Amnesty International, le 27 avril 2010

Amnesty International a demandé aux autorités irakiennes de renforcer de toute urgence la protection des civils, alors que le pays est en proie à un regain brutal de violence meurtrière.

Le nouveau rapport d'Amnesty International intitulé Iraq: Civilians Under Fire explique que chaque mois des centaines de civils sont tués ou blessés.

Beaucoup sont délibérément pris pour cibles par des groupes armés en raison de leur identité religieuse, ethnique ou sexuelle ou parce qu'ils dénoncent des atteintes aux droits humains.

L'incertitude qui plane quant à la date de la formation d'un nouveau gouvernement irakien a débouché sur une récente flambée d'attentats qui a causé la mort de plus de 100 civils pendant la première semaine d'avril uniquement.

« Les Irakiens continuent de vivre dans la peur, sept ans après l'invasion conduite par les États-Unis. Les autorités irakiennes pourraient faire bien davantage pour garantir leur sécurité mais, cette fois encore, elles ne viennent pas en aide aux personnes les plus vulnérables », a déploré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

Amnesty International a exhorté les autorités à prendre davantage de mesures pour protéger les personnes les plus menacées, et à traduire en justice, sans recourir à la peine de mort, les responsables présumés de crimes violents.
 
Si les forces de sécurité irakiennes, les troupes étrangères et les familles sont responsables de certaines atteintes aux droits humains, la plupart des homicides de civils en Irak sont imputables à des groupes armés, notamment à Al Qaïda. Cette organisation maintient une forte présence dans le pays, même si trois de ses hauts responsables ont semble-t-il récemment été tués.

Les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants politiques comptent parmi ceux qui sont tués ou mutilés en Irak en raison de leurs activités.

Omar Ibrahim Al Jabouri, directeur des relations publiques de la chaîne de télévision Rasheed, a échappé de peu à la mort lors d'un attentat le 13 avril 2010, alors qu'il se rendait à son bureau à Bagdad. Il a perdu ses jambes dans l'explosion d'une bombe fixée à son véhicule.

Les minorités religieuses et ethniques continuent elles aussi d'être prises pour cibles. Au moins huit chrétiens ont été tués à Mossoul en février 2010 dans des attentats motivés semble-t-il par l'intolérance religieuse.

Le 17 février 2010, des hommes armés non identifiés ont interpellé deux étudiants chrétiens, Zia Toma, 22 ans, et Ramsin Shmael, 21 ans, à un arrêt de bus à Mossoul et leur ont demandé de présenter leurs papiers d'identité. Ces hommes ont ensuite ouvert le feu, tuant Zia Toma et blessant Ramsin Shmael.

Les femmes et les jeunes filles risquent particulièrement de subir des violences tant de la part des groupes armés que de leurs proches. À la connaissance d'Amnesty International, peu d'hommes ont été déclarés coupables de viol en Irak. Les femmes subissent fréquemment des violences au sein de leur famille. Elles sont notamment victimes de crimes « d'honneur » lorsque leur comportement est considéré comme contraire aux codes moraux traditionnels – par exemple lorsqu'elles refusent d'épouser les hommes qui ont été choisis pour elles. Les militants qui défendent les droits des femmes sont également pris pour cibles.

En Irak, où l'homosexualité n'est pas tolérée, les membres de la communauté gay vivent sous la menace constante de violences. Certains dignitaires musulmans exhortent leurs fidèles à s'en prendre aux homosexuels présumés.

Les autorités s'abstiennent bien souvent de mener des enquêtes approfondies et impartiales sur les agressions visant des civils, d'arrêter les auteurs présumés de ces actes et de les traduire en justice. Dans certains cas, les civils sont même accusés d'être impliqués dans des attaques violentes.

Conséquence de l'insécurité persistante, des centaines de milliers d'Irakiens, dont un nombre disproportionné de membres de minorités, ont été contraints de quitter leur foyer. Les personnes déplacées à l'intérieur du pays et les réfugiés sont encore plus exposés aux violences et aux difficultés économiques.

Amnesty International a demandé aux autorités irakiennes de prendre immédiatement des mesures pour améliorer la sécurité des civils. Elles devraient consulter les membres des groupes les plus exposés afin de déterminer comment elles peuvent leur apporter la meilleure protection possible.

Parallèlement à cela, elles devraient ouvrir des enquêtes dignes de ce nom sur les attaques visant des civils et amener tous les auteurs présumés de ces crimes, quels qu'ils soient, à répondre de leurs actes conformément au droit international. Elles devraient en outre désarmer immédiatement toutes les milices et supprimer la mention de l'appartenance religieuse sur les papiers d'identité.

Tous les groupes armés en Irak doivent sans plus tarder mettre fin aux atteintes aux droits humains, notamment aux attentats ciblant des civils, aux enlèvements et aux actes de torture.

Amnesty International a également demandé la suspension de tous les retours forcés de réfugiés en Irak tant que la situation demeure instable dans le pays. Plusieurs gouvernements européens renvoient de force des personnes en Irak, y compris dans les régions les plus dangereuses du pays, en violation flagrante des directives formulées par le Haut–Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Amnesty International s'est entretenue avec plusieurs Irakiens renvoyés de force par le gouvernement néerlandais le 30 mars 2010. Parmi les 35 réfugiés figurait un jeune homme de 22 ans, Turkmène chiite, originaire de Tal Afar, ville située au nord de Mossoul, où des centaines de civils ont été tués au cours des dernières années dans des violences motivées par l'intolérance religieuse ou des considérations politiques, et où les violences se poursuivent encore avec la même intensité. À la mi-avril ce jeune homme était toujours bloqué à Bagdad.

« L'incertitude persistante quant à la date de la formation d'un nouveau gouvernement à la suite de l'élection du mois dernier pourrait bien contribuer à une nouvelle recrudescence de la violence, dont les civils seraient les premières victimes. Cette incertitude menace d'aggraver une situation déjà désastreuse. Les autorités irakiennes et la communauté internationale doivent agir maintenant pour empêcher de nouvelles victimes inutiles », a conclu Malcolm Smart.


La torture «était la norme» dans une prison secrète d'Irak

AFP, le 28 avril 2010

Des détenus ont été violés, torturés à l'électricité et frappés dans une «prison secrète» à Bagdad, qui a ensuite été fermée, a affirmé mercredi dans un rapport l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).

Ces allégations rappellent les mauvais traitements infligés en 2004 à des prisonniers irakiens par une unité de l'armée américaine dans la prison d'Abou Ghraïb, près de Bagdad, et qui avaient révulsé l'opinion publique internationale. HRW indique avoir interviewé 42 hommes récemment transférés de la «prison secrète» vers le centre de détention de Roussafa, dans l'est de Bagdad, après des informations faisant état de mauvais traitements dans cette prison.

«L'horreur que nous avons découverte laisse à penser que la torture était la norme à Mouthana», centre de détention situé dans l'ancien aéroport de Mouthana, dans l'ouest de Bagdad, affirme Joe Stork, directeur adjoint du département Moyen-Orient de HRW.

Selon HRW, durant les interrogatoires, les enquêteurs pendaient par les pieds les prisonniers, les frappaient, les fouettaient et leur mettaient un sac en plastique sur le visage pour les empêcher de respirer.

«Quand ils s'évanouissaient, ils étaient ranimés par des chocs électriques sur leurs parties génitales et sur leur corps», ajoute le rapport.

Des détenus ont affirmé que les enquêteurs et les services de sécurité les sodomisaient avec des manches à balai ou avec leur pistolet.

Certains ont dû faire des fellations aux interrogateurs et aux gardes, assure le rapport. Les détenus étaient fouettés avec des câbles, brûlés à l'acide ou avec des cigarettes et ont eu les dents cassées.

Un détenu a raconté qu'un autre prisonnier décrit comme un médecin avait réclamé des soins d'urgence pour un codétenu victime d'une hémorragie cérébrale après avoir été torturé.

«Les gardiens ont sorti l'homme torturé de la cellule, et l'y ont ramené (peu après) disant qu'il allait bien. Il est mort une heure plus tard», a-t-il dit.

Interrogés le 26 avril dans le centre de détention de Roussafa, les détenus, originaires de la province de Ninive (nord) et soupçonnés d'être des insurgés, ont été arrêtés en 2009, selon le rapport.

«Le gouvernement doit poursuivre en justice tous les responsables de ces brutalités systématiques», a réclamé M. Stork, appelant à une enquête indépendante.

Après la révélation par le Los Angeles Times le 19 avril de mauvais traitements dans cette prison, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait annoncé sa fermeture.

Un porte-parole du ministère irakien des Droits de l'Homme avait indiqué vendredi dernier que ce centre avait été fermé vers la mi-avril, à la suite d'une enquête du ministère ayant révélé des mauvais traitements.

Le 19 avril, Amnesty International avait demandé aux autorités irakiennes d'enquêter sur les informations du Los Angeles Times .


   

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