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Des miliciens anti-Qaïda massacrés dans un village au sud de Bagdad AFP, le 3 avril 2010
BAGDAD — Des insurgés déguisés en militaires ont pris d'assaut, dans la nuit de vendredi à samedi, un village au sud de Bagdad et ont exécuté 25 personnes dont des miliciens anti-Qaïda, des membres des forces de sécurité et cinq femmes, ont indiqué des responsables de la sécurité.
Cette attaque est une opération de représailles contre ces villageois sunnites qui se sont retournés contre le réseau d'Oussama Ben Laden en 2007, estiment ces responsables.
"Des hommes portant des uniformes, au volant de véhicules semblables à ceux utilisés par l'armée, ont pris d'assaut trois maisons dans le village de Soufia, dans la région de Hour Rajab, et ont assassiné 25 personnes dont cinq femmes", a affirmé un responsable du ministère de l'Intérieur.
Hour Rajab est une grande région agricole située au sud de Bagdad qui fut l'un des derniers bastions d'Al-Qaïda autour de la capitale irakienne. D'importantes opérations américaines y ont été menées en 2007 pour mettre fin à l'insurrection.
"Selon des témoins dans le village, les hommes armés sont entrés dans le village avant minuit et ont quitté les lieux après 02H00 (11H00 GMT)", a ajouté le responsable du ministère, précisant que les victimes ont été menottées dans leurs maisons avant d'être abattues.
"Les hommes armés sont arrivés au volant de quatre véhicules", a précisé une source au ministère de la Défense. Elle a souligné que les victimes appartenaient aux milices sunnites Sahwa qui se sont retournées contre le réseau Al-Qaïda et aux forces de sécurité.
Le porte-parole du commandement militaire de Bagdad, Qassem Atta, a de son côté affirmé que "parmi les victimes figurent des membres des forces de sécurité".
Une source médicale à l'hôpital de Yarmouk de Bagdad, qui a pu lire le rapport de police, a indiqué que les bras et les jambes des victimes étaient brisés et toutes portaient des blessures par balles à la tête ou au torse.
Elle a affirmé que toutes les victimes étaient de la tribu des Joubour et plusieurs étaient membres de la famille Jourmout, qui avait reçu des menaces d'Al-Qaïda après avoir rejoint les forces gouvernementales.
Selon Qassem Atta, 17 personnes ont été arrêtées lors d'une opération de recherche lancée après l'attaque.
Les Sahwa sont régulièrement la cible des éléments encore actifs d'Al-Qaïda, qui bien que largement affaibli après une grande offensive américano-irakienne en 2007, a encore les capacités de perpétrer des attaques.
Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis au moins la mi-novembre lorsque treize miliciens anti-Qaïda avaient été assassinés dans la région d'Abou Ghraib, à l'ouest de Bagdad.
Estimé à 94.000, les Sahwa sont formés en majorité d'anciens insurgés sunnites ralliés à l'armée américaine, moyennant financement, pour combattre Al-Qaïda.
Créés en septembre 2006 par des chefs de tribus sunnites de la province occidentale d'Anbar, puis peu à peu généralisés aux autres zones de peuplement sunnites du pays, les groupes Sahwa ont infligé d'importants revers à Al-Qaïda.
Ces miliciens ont largement contribué à faire reculer le réseau extrémiste et diminuer la violence dans ces régions qui constituaient depuis 2003 les foyers de l'insurrection anti-américaine.
Leur contrôle, précédemment américain, a été transféré entre janvier et avril 2009 au gouvernement irakien.
L'attaque de dimanche est venue rappeler la fragilité de l'état de la sécurité en Irak, où la violence, qui a largement diminué, reste encore bien présente et le sort de ces miliciens qui ont payé un lourd tribut dans la lutte contre Al-Qaïda. |
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