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BOSNIE-HERZÉGOVINE Acat – mis en ligne le 19 mars 2011 Plus de 400 personnes ont été déchues de leur nationalité bosniaque. Beaucoup craignent des persécutions en cas de renvoi vers leur pays d'origine. Dans l'attente d'une éventuelle expulsion, certaines sont placées en rétention illimitée. ---------------------- Le Courrier des Balkans, le 27 janvier 2011 Le « Centre pour les migrants illégaux » de Lukavica, près de Sarajevo, est le théâtre de graves violations des droits de la personne. 20 personnes, des Albanais, des Égyptiens, des Syriens, des Palestiniens, des Algériens et un Turc, soupçonnées de « terrorisme international »sont retenues dans des conditions inhumaines et humiliantes.En principe, ce que confirment de nombreux témoignages, les ressortissants étrangers, interpelés en Bosnie-Herzégovine et placés dans des centres de rétention, sont relâchés au bout de quelques jours si ils ne peuvent être renvoyés dans leurs pays d’origine. Cela n’est pourtant pas le cas de vingt personnes originaires d’Albanie, Egypte, Syrie, Palestine, Algérie et Turquie, qui sont accusés d’« activités terroristes », et qui vivent depuis six mois dans des conditions insupportables. Ils sont régulièrement insultés et passés à tabac par leur geôliers, sans que ne leur ait été exposé le motif de leur accusation, ni la durée de leur détention, et sans qu’il n’aient bénéficié d’aucune aide juridique. Après plusieurs mois de tortures et passages à tabac, sans accusation clairement notifiée, sans traitement médical, sans aide juridique, sans interprète pour leur expliquer les documents qu’ils doivent signer, sans résultat de leur demande d’asile, sans aucun contact avec l’extérieur, un groupe de huit détenus (quatre Palestiniens, deux Algériens et deux Tunisiens) ont commencé le 28 décembre 2010 une grève de la faim. Un acte désespéré, auquel, depuis 28 jours, aucune structure de l’État de Bosnie-Herzégovine n’a réagi. « Personne ne nous explique pourquoi nous sommes là » E-Novine a pris connaissance, par le biais de l’ONG française Migreurop et par les familles de plusieurs détenus, de ces témoignages bouleversants de personnes qui subissent la terreur et la violation permanente de leurs droits fondamentaux. « J’ai vécu trois ans en Grèce. Nous avons quitté ce pays parce que les conditions de vie et de travail étaient trop dures. Nous avons traversé à pied la frontière entre la Grèce et l’Albanie. De là nous sommes allés au Kosovo. Au Kosovo j’ai été arrêté. J’ai été enfermé dans un camp de rétention. La j’ai demandé l’asile et au bout d’une semaine on m’a libéré, du coup j’ai continué ma route vers le Montenegro. Du Monténégro j’ai essayé de passer en Bosnie. Lorsque nous étions en train de franchir cette frontière la police bosnienne nous a arrêtés. Ils étaient beaucoup, ils ont été très agressifs. Certains policiers nous ont volé de l’argent, nos effets personnels » raconte Y.S., prisonnier à Lukavica. « Depuis six mois que nous sommes ici, nous n’avons jamais été devant un tribunal. Personne ne nous explique notre situation, pourquoi nous sommes là et combien de temps on doit rester. Ils nous envoient des documents à signer du tribunal. Signer ou pas signer c’est la même chose, en tout cas on ne sait pas ce qu’il y a écrit dessus. Nous avons vu une interprète une seule fois, lors de notre arrivée. » Poursuit le témoin anonyme, mentionnant des détails effrayants : « Nous subissons toujours des violences, des violences verbales et des provocations, notamment envers notre religion, et des violences physiques. Ils nous tabassent. Ils nous frappent avec des coups de poings, de pied, avec les matraques. C’est complètement inutile d’aller chez le médecin, il ne dit rien, il fait partie la direction du camp. » « Personne ne s’occupe de nous. Nous sommes très faibles et fatigués. Personne ne nous écoute. Si on pose une question et on nous répond en nous giflant, et ceux d’entre nous qui étaient gravement blessés n’ont reçu une aide médicale qu’au bout d’un mois. Nous avons décidé de continuer notre grève de la faim à tout prix, parce qu’on ne peut rien faire d’autre », conclut Y.S. à la fin de son témoignage. L’appel d’E-Novine L’UE a financé le Centre pour les migrants illégaux en Bosnie-Herzégovine, qui a ouvert fin 2009 dans le cadre du Pacte de Stabilité pour l’Europe du Sud-Est, dans le but de mettre en place un contrôle des frontières. Toutefois Bruxelles ne se soucie pas vraiment des conditions dans lesquelles sont détenus des êtres humains. E-Novine demande aux autorités bosniennes, signataires de la Convention internationale sur les droits de tous les travailleurs migrants, d’arrêter au plus vite et sans tarder l’agonie des détenus du camp de Lukavica, en respectant leur droit à l’aide juridique, leur droit à l’asile, et leur intégrité physique. E-Novine appelle également les autorités de l’UE à assumer leur responsabilité pour les violations graves des droits humains qui se déroulent précisément en raison de l’aide financière européenne, et les appelle à prendre des mesures efficaces pour arrêter cette terreur. E-Novine invite toutes les personnes de bonne volonté à informer les institutions compétentes de cette terreur internationale et à faire pression sur ceux qui font de Lukavica un nouveau Guantanamo.
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