80 à 100 000 Roms vivraient en Bosnie-Herzégovine, un des pays des Balkans où les discriminations sont les plus frappantes. Beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés, et les Roms n’ont pas de représentants politiques ni de fort mouvement d’affirmation sociale.
Le robinet situé au centre du quartier rrom de Varda, dans les environs de Kakanj, en Bosnie centrale, représente l’unique source d’eau pour 350 habitants, installés dans les bicoques sans eau et canalisation urbaine.
« Aucun enfant ne va à l’école ici. Quand on leur demande une explication, ils disent qu’ils n’ont pas d’eau ni de savon pour se laver et que les autres enfants refusent de s’asseoir à côté d’eux », explique la présidente de l’Association pour les peuples menaçés en Bosnie-Herégovine, Fadila Memisevic, en parlant du projet « Les relations avec les Roms sans préjugés ».
D’après elle, le quartier de Varda n’est pas une exception, et la discrimination des Rroms est plus forte en Bosnie-Herzégovine que dans d’autres pays des Balkans. Leur situation est devenue très inquiétante durant la guerre, et les conditions de vie difficiles font que très peu de Roms vivent au-delà de 50 ans.
Les représentants de la mission de l’OSCE en Bosnie - Herzégovine pensent que le manque de vêtements et l’impossibilité d’acheter les manuels nécessaires représentent les raisons les plus fréquentes de l’absence des enfants rom des écoles, même dans les cas où les parents sont favorables à la scolarisation.
« Le bas niveau de formation des Rroms s’explique par les discriminations et le manque d’acceptation des Roms comme citoyens égaux, ainsi que par l’inconscience des Roms eux-mêmes par rapport à l’obligation légale et à la nécessité de l’éducation », explique Sanela Besic, coordinatrice du Conseil des Rroms de Bosnie-Herzégovine.
L’exclusion du système de l’éducation entraîne un grand taux de chomage parmi les Roms, ce qui rend difficile leur participation dans la société et l’amélioration de leur situation économique. Selon les experts, la création des programmes sociaux et d’éducation doit être une priorités dans les tentatives d’intégration sociale des enfants rrom.
« La faiblesse politique est un autre désavantage des Rroms. Ils sont inactifs, leur présence dans les partis politiques n’est pas organisée », ajoute Fadila Memisevic, qui propose une émission mensuelle du programme en langue rromani sur la télévision publique.
Les Roms constituent la minorité la plus nombreuse de la Bosnie-Herzégovine, qui compte environ quatre millions d’habitants. D’après les données du Conseil des Roms, ils sont entre 80 et 100 000. Il est difficile de donner un chiffre précis, parce que les statistiques officielles sur le sujet n’existent pas. Lors du recensement de 1991, seules 8864 personnes ont déclaré la nationalité rrom, puisque beaucoup d’entre eux se déclaraient Musulmans, Serbes ou Croates pour échapper aux discriminations.