Un militant d'opposition biélorusse a été condamné, jeudi 17 février, à quatre ans de détention pour "troubles massifs à l'ordre public", lors du premier des procès des quarante-deux opposants qui encourent quinze ans de détention pour avoir manifesté en décembre contre la réélection d'Alexandre Loukachenko.
Vassili Parfenkov, 28 ans, qui avait travaillé dans l'équipe du candidat d'opposition à la présidentielle, Vladimir Neklaïev, était notamment accusé de bris de vitre de bâtiments officiels au cours de la manifestation, ce qu'il nie. Interpellé le 4 janvier, il était détenu depuis dans une prison du KGB à Minsk.
"C'est une décision politique qui n'a pas été prise au tribunal", a déclaré à l'AFP Andreï Dmitriev, le directeur de campagne de M. Neklaïev, lui aussi inculpé dans ce procès. "On ne peut considérer comme objectif un procès qui a duré une journée. Le pouvoir a montré qu'il se fiche des sanctions et qu'il a fait le choix de mater fermement la société civile en Biélarussie", a déclaré Vitali Rimachevski, ancien candidat d'opposition à la présidentielle, lui aussi inculpé.
L'ACCUSÉ A RECONNU AVOIR PARTICIPÉ À UNE MANIFESTATION INTERDITE
Ales Beliatski, qui dirige l'ONG de défense des droits de l'homme Viasna, a déclaré de son côté qu'il n'y avait "pas de preuves de troubles massifs". "Il n'y a eu ni bagarres massives ni incendies. L'accusé a reconnu avoir participé à une manifestation interdite", un délit passible de quinze jours de prison en Biélorussie, a-t-il ajouté. Selon M. Beliatski, de nombreux opposants et défenseurs des droits de l'homme n'ont pu suivre le procès, la plupart des places dans la salle du tribunal ayant été occupées à l'avance par des policiers en civil.
La juge Olga Komar a accusé les opposants d'avoir commis, lors de la manifestation qui avait suivi le scrutin du 19 décembre, des dégâts s'élevant à 4 600 dollars.
Plus de six cents personnes avaient été interpellées pendant cette manifestation, dont sept candidats à la présidentielle. Outre M. Parfenkov, quarante et un opposants, dont d'anciens candidats à la présidentielle, ont été inculpés pour "organisation de troubles massifs" et risquent jusqu'à quinze ans de prison.
"NOUVELLE MESURE NÉGATIVE"
La répression postélectorale a été vivement dénoncée par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ont boycotté l'investiture d'Alexandre Loukachenko et pris des sanctions contre son régime. "L'ouverture de ces procès est sans conteste une nouvelle mesure négative de la part du gouvernement" de la Biélarussie, a déclaré jeudi le porte-parole du département d'Etat.
Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis seize ans, a sans surprise été réélu avec environ 80 % des voix, à l'issue d'un scrutin marqué par des fraudes, selon les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Avant le vote, il avait qualifié ses opposants d'"ennemis du peuple" à la solde des Occidentaux.