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Opération de police dans la "jungle" de Calais, 150 arrestations - 21 av. 2009



Jungle de Calais : "Que deviendront les migrants déplacés ?"
 


Le Monde , le 24 avril 2009

Où iront les réfugiés ? C'est la question qui se pose après l'annonce, jeudi 23 avril, du ministre de l'immigration Eric Besson de démanteler la jungle de Calais d'ici à la fin de l'année. C'est dans cette zone boisée que campent près de quatre cents immigrés clandestins dans des conditions de vie très précaires. Afghans, Kurdes, Erythréens, Somaliens, Soudanais ou encore Iraniens dont l'unique espoir est de gagner clandestinement l'Angleterre.

Pour de nombreuses associations, le démantèlement de la jungle a déjà commencé avec l'arrestation et la garde à vue, mardi , de 180 migrants, majoritairement afghans. A l'avenir, "investir un tel endroit, relativement bien circonscrit, sera un jeu d'enfant pour les policiers ", estime Smaïn Laacher , sociologue, spécialiste des mouvements migratoires à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et auteur d' Après Sangatte ... Nouvelles immigrations, nouveaux enjeux (La Dispute, 2002). "Mais une fois les migrants chassés de la jungle, peut-on considérer que le travail de la police s'arrête là ?, demande Smaïn Laacher, et que deviendront les migrants déplacés ?"

"Ils se disperseront dans le Calaisis, répond Sylvie Copyans , membre de l'association Salam, en rejoignant les autres mini-jungles de Calais, où campent d'autres réfugiés, ou bien en squattant des maisons vides. C'est déjà le cas de trois logements du centre-ville, qui accueillent près de deux cents Africains."

UN NOUVEAU SANGATTE ?

Pour les associations d'aide aux réfugiés, démanteler la jungle aidera moins à résoudre le problème des migrants qu'à occulter certaines réalités. "Il s'agit de déplacer les réfugiés et non de les faire disparaître, empêcher les migrants de venir à Calais serait impossible. L'Etat cherche donc à atténuer leur visibilité dans l'espace urbain, en particulier dans les endroits où ils gênent, comme la jungle, située à côté d'une zone industrielle où des patrons se sont plaints" , explique Smaïn Laacher.

Pour les associations, la situation actuelle est en grande partie liée à la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte en 2002. Certains, comme Caroline Louchart de l'association La Belle Etoile , demandent ainsi l'ouverture d'une nouvelle structure d'accueil : "Les migrants arriveront toujours à Calais puisque c'est leur dernière étape. Mais avec une nouvelle structure, ils ne seraient pas livrés à eux-mêmes et pourraient disposer d'un abri, de nourriture ou encore d'une infirmerie." "Il n'y aura ni nouveau Sangatte ni mini-Sangatte" , a tranché Eric Besson, préférant tabler sur un renforcement des dispositifs policiers pour tarir progressivement l'immigration vers Calais.

Smaïn Laacher s'oppose lui aussi à l'ouverture d'un autre centre : "Sangatte apportait assurément de meilleures conditions de vie aux réfugiés. Mais parquer des gens dans des endroits sans destin n'est en aucun cas une solution. Les Etats doivent prendre leurs responsabilités."

 

 

   
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