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  2008, l'espoir de changement au Zimbabwe étouffé par la crise

AFP, le 6 janvier 2009

L'instituteur Calisto Mpofu avait placé ses espoirs les plus fous dans les élections générales de mars au Zimbabwe, rêvant du redressement de son pays, enlisé dans le marasme économique. Mais la nation n'a fait, depuis, que s'enfoncer davantage dans la crise.

"J'espérais que les élections de mars signifieraient la fin des difficultés financières de ma famille", dit ce père de trois enfants. Neuf mois plus tard, après la flambée de violences qui a suivi le scrutin emporté par l'opposition pour la première fois depuis l'indépendance en 1980, la vie quotidienne a tourné au cauchemar.

Le 29 mars a vu de nombreuses provinces jusqu'alors acquises au président Robert Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, voter contre le régime tenu responsable de l'effondrement économique de l'ancien grenier à grains d' Afrique australe.

C'est le cas de la circonscription de Calisto Mpofu, située près de la frontière avec la Zambie, qui a élu député un candidat du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), désormais majoritaire au Parlement.

La défaite fut un choc pour le pouvoir. Peu après les élections, des militants pro-Mugabe déferlaient sur la ville, passant à tabac tous ceux suspectés d'avoir voté pour le MDC. Comme la plupart des autres instituteurs de son école, Calisto Mpofu a fui, tentant de trouver dans la capitale Harare un semblant de sécurité. Il survit en revendant sur les trottoirs des biens de première nécessité désormais introuvables dans les magasins, achetés au Botswana ou en Afrique du Sud.

Ses anciens élèves n'ont vraisemblablement plus de cours, estime-t-il. Selon l'Unicef, 20% seulement des enfants du Zimbabwe continuent d'aller à l'école.

Ses journées, Calisto Mpofu les passe pour l'essentiel à faire la queue : il attend des heures pour acheter de la nourriture, lorsque la nouvelle parvient d'une livraison de pain ou de farine. Il patiente souvent toute la nuit pour retirer à la banque de l'argent sans valeur. Il espère l'arrivée hypothétique d'un taxi collectif qui aurait trouvé de l'essence.

Depuis quelques semaines, alors qu'une terrible épidémie de choléra a fait 800 morts, il tient sa place dans les files pour obtenir de l'eau à la propreté douteuse. Harare n'a plus les moyens de traiter l'eau. Souvent, il n'y a pas d'électricité pour les pompes.

Il y a un an, "en janvier, il y avait seulement des queues pour le pain. Maintenant, il y a des queues pour l'eau, tout ça semble ne plus jamais devoir s'arrêter", soupire l'instituteur.

Le gouvernement est paralysé depuis la réélection contestée de Robert Mugabe à la présidence en juin, lors d'un second tour où il était seul en lice après le retrait de l'opposant Morgan Tsvangirai. Ce dernier avait jeté l'éponge face aux violences qui ont fait 180 morts, selon Amnesty international.

"Lors du second tour, des hommes se sont transformés en animaux, s'entretuant pour le pouvoir", lance Benard Mangwende, un fermier qui vend quelques légumes. En septembre, les rivaux ont signé un accord de gouvernement d'union, resté lettre morte.

L'épidémie de choléra, qui démontre le total effondrement du système, a conduit les pays occidentaux à réclamer le départ du plus vieux président du continent. Mais l'Afrique du Sud, principale puissance régionale, continue de promouvoir des négociations.

Et l'économie poursuit sa descente aux enfers. L'inflation, déjà d'un ahurissant 100.000% en taux annuel en janvier, dépasse l'entendement. En juillet, la dernière statistique officielle la portait à 231 millions%. Les experts estiment que l'inflation réelle se chiffre en milliers de milliards%.

La quasi-totalité de la population est au chômage. Même pour ceux qui ont une source de revenus, la norme est aujourd'hui d'un, quelquefois deux repas par jour, composés le plus souvent de thé et de bouillie de maïs.

Simon Mundawarara, pompiste, résume ainsi la situation: "On attend, on attend que les choses s'améliorent comme on attendrait Jésus."

 

 

   
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