AFP, le 18 mars 2012

Des heurts entre Kurdes et forces de sécurité turques ont fait neuf blessés dimanche à Diyarbakir (sud-est) et à Istanbul à l'occasion des célébrations du Nouvel an kurde, le Newroz, en dehors des dates autorisées par Ankara.

A Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien peuplé en majorité de Kurdes, un policier a eu un bras cassé et une personne âgée a été blessée à la tête par des jets de pierres, a rapporté l'agence de presse Anatolie, qui fait état de nombreuses arrestations.

La police a tenté de disperser avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau les groupes qui convergeaient vers la principale esplanade de la ville, a constaté un correspondant de l'AFP.

Mais les agents ont été débordés et une foule de quelque 40.000 personnes s'est rassemblée pour célébrer le Newroz, sautant au-dessus de feux comme le veut la tradition et dansant.

De nombreux participants arboraient les couleurs vert, rouge et jaune des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan PKK) et scandaient des slogans en faveur du chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan.

Des heurts se poursuivaient dans les quartiers avoisinants avec des jets du cocktails molotov sur la police par les manifestants, qui ont incendié une dizaine de véhicules. Deux hommes qui transportaient dans leur voiture un fusil d'assaut ont été interpellés, selon des sources sécuritaires.

A Istanbul, une ville où vit une importante communauté kurde, les heurts ont fait sept blessés dont un ou deux policiers et 106 personnes ont été arrêtées, a affirmé le gouverneur de la ville, Hüseyin Avni Mutlu, cité par Anatolie.

Des groupes de militants kurdes bloqués par la police au moment où ils se dirigeaient vers le lieu des festivités désigné par le Parti pour la paix et la démocratie (BDP, principale formation kurde de Turquie) ont érigé des barricades et jeté des pierres sur les policiers, a indiqué Anatolie.

Les forces antiémeutes ont riposté avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau, selon l'agence, qui précise qu'un groupe de députés du BDP a été dispersé par les mêmes moyens.

"Ces gens-là (les manifestants kurdes) n'ont rien à voir avec les fêtes du Newroz. Ce qu'ils veulent, c'est se battre avec les forces de sécurité. Nous ne les laisserons pas faire", a déclaré M. Mutlu.

Les célébrations du Newroz, qui coïncident avec l'arrivée du printemps, sont l'occasion pour la communauté kurde de revendiquer davantage de droits et d'afficher son soutien au PKK.

Cette année, les autorités ont rejeté les demandes du BDP qui souhaitait organiser les célébrations le dimanche, jour de repos hebdomadaire en Turquie, et ont désigné le mercredi 21 mars comme étant la seule date autorisée pour ces fêtes.

Le BDP a affirmé qu'il maintiendrait son programme, au risque de heurts avec la police.

Cette épreuve de force intervient dans un climat de tensions, la justice turque réalisant depuis plusieurs mois une vaste opération contre ce qu'elle considère comme la branche urbaine du PKK, qui a conduit à l'arrestation de plusieurs centaines de suspects.

Des incidents meurtriers ont par le passé émaillé la fête du Newroz dans plusieurs villes turques, en particulier dans le sud-est. Le Newroz le plus sanglant s'est produit en 1992, avec quelque 50 personnes tuées par les forces de sécurité au cours de heurts dans le sud-est.

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