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Turquie - 1er mai : heurts violents entre police et manifestants à Istanbul
Tageblatt, le 2 mai 2007
Les célébrations du 1er mai ont donné lieu à des heurts violents mardi à Istanbul entre des manifestants de gauche et des policiers qui s'efforçaient de leur interdire l'accès d'une place symbolique de la ville. Près de 900 personnes ont été placées en garde à vue, a indiqué à l'agence de presse Anatolie le gouverneur d'Istanbul Muammer Güler. La direction de la Santé d'Istanbul a fait état de 23 personnes blessées ou indisposées par du gaz lacrymogène, dont 22, faiblement atteintes, ont quitté l'hôpital. Ces violences surviennent dans un contexte politique tendu, quatre jours après un premier tour de scrutin présidentiel marqué par une vive passe d'armes entre le gouvernement et l'armée. Dimanche, près d'un million de personnes avaient manifesté à Istanbul pour dire leur opposition au gouvernement et leur attachement à la laïcité. Mardi, 17.000 policiers avaient été déployés pour empêcher les militants syndicaux d'accéder à la place de Taksim, l'esplanade la plus fréquentée de la rive européenne d'Istanbul, interdite aux manifestations et où ceux-ci voulaient commémorer la mort de 34 de leurs camarades 30 ans plus tôt. Le 1er mai 1977, des tireurs non identifiés (des groupuscules d'extrême droite ont été soupçonnés) avaient fait feu sur la foule venue célébrer à Taksim la Fête du Travail, provoquant un mouvement de panique qui avait causé la mort de 34 d'entre elles. Après avoir repoussé à coups de canon à eau et de grenades lacrymogènes les premiers groupes de militants syndicaux tentant d'approcher la place de Taksim, la police a négocié avec leurs dirigeants la permission pour un petit millier de manifestants d'organiser une petite cérémonie sur l'esplanade. Les manifestants ont déposé des oeillets rouges à l'endroit où de nombreuses personnes avaient été piétinées en 1977 et scandé : "Côte à côte contre le fascisme" et "Longue vie au 1er mai". Les violences ont cependant repris en d'autres points de la ville, où des groupes tentaient de forcer les barrages de police. Dans le quartier de Harbiye, proche de la place de Taksim, des policiers ont tiré en l'air à plusieurs reprises pour disperser un groupe de manifestants qui leur jetaient des pierres. Plus au nord, dans le quartier populaire d'Okmeydani, où des groupuscules d'extrême gauche et kurdes défient régulièrement la police, un à deux milliers d'agents anti-émeutes ont affronté un nombre équivalent de manifestants une heure durant, a constaté un correspondant de l'AFP. Les manifestants, armés de bâtons, de pierres et de cocktails Molotov ont été dispersés à l'aide de grenades lacrymogènes et de canons à eau. Sur la très passante avenue Istiklal, débouchant sur la place de Taksim, les policiers ont chargé à plusieurs reprises sur un millier de jeunes manifestants et fait usage de grenades lacrymogènes avant de prendre position sur l'artère avec un blindé. Le gouverneur d'Istanbul Muammer Güler a affirmé que la police avait saisi des cocktails molotov et des armes à feu. Au moins une personne a été sérieusement blessée dans les violences, a indiqué le syndicat d'ouvriers DISK, qui a précisé dans un communiqué que six dirigeants syndicaux font partie des personnes arrêtées. "Nous ne méritons pas ça, la Turquie ne mérite pas ça. Vous donnez une image honteuse de la Turquie : celle des coups d'Etat de 1971 et 1980", a déclaré devant la presse Dogan Halis, dirigeant d'un syndicat des travailleurs de la santé, avant d'être arrêté par la police. "Nous n'avons pas vu une telle répression depuis l'époque de la loi martiale", a déclaré aux journalistes le président du DISK Suleyman Celebi, faisant référence aux routes bloquées, aux stations de métro et de ferry-boats fermées par les autorités pour empêcher les déplacements des manifestants. La circulation reprenait ses droits en fin de journée. Des heurts opposant des groupes de manifestants rivaux ont été signalés à Ankara et Izmir.
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