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Tunisie : le Premier ministre démissionne face à la rue, Béji Caïd Essebsi le remplace

AFP, le 27 février 2011
 

Le Premier ministre tunisien de transition Mohammed Ghannouchi a démissionné dimanche, emporté par 48 heures de contestations et de violences à Tunis qui ont fait au moins cinq morts, ouvrant une période d'incertitude un mois et demi après la chute de Ben Ali.

Le président tunisien par intérim Foued Mebazaa a annoncé dimanche soir la nomination de l'ancien ministre Béji Caïd Essebsi au poste de Premier ministre de transition pour succéder à M. Ghannouchi.

"J'ai décidé de démissionner de ma fonction de Premier ministre" (...) Je ne serai pas le Premier ministre de la répression, a déclaré M. Ghannouchi lors d'une conférence de presse à Tunis, dont le centre-ville est depuis 48 heures le théâtre de batailles de rue entre forces de l'ordre et manifestants.

"Je ne suis pas le genre de personne qui va prendre des décisions qui pourraient provoquer des victimes", a poursuivi le Premier ministre démissionnaire pour expliquer sa décision.

Cinq personnes ont été tuées lors des violents affrontements ayant opposé samedi les forces de sécurité à des manifestants, selon un nouveau bilan publié dimanche par le ministère tunisien de l'Intérieur.

Dimanche matin, le coeur de la capitale tunisienne avait encore des allures champ de bataille.

Scandant des slogans hostiles au gouvernement, des protestataires tentaient de s'approcher en petits groupes du ministère de l'Intérieur, sur l'avenue Habib Bourguiba, épicentre des émeutes, auquel ils s'étaient déjà attaqués la veille.

La police a riposté en tirant en l'air et à coup de grenades lacrymogènes. Certaines interpellations ont été très violentes, selon des témoins, et des jeunes manifestants "suppliaient" les policiers d'arrêter de les tabasser.

Des jeunes lançaient des pierres sur des immeubles pour briser les vitres et avaient dressé des barricades pour freiner l'avancée des policiers.

Les heurts se sont rapidement arrêtés sitôt connue la nouvelle de la démission du Premier ministre, une annonce qui n'a toutefois pas été saluée par une explosion de joie.

Depuis sa nomination comme premier chef du gouvernement de l'après-Ben Ali, Mohammed Ghannouchi n'a pratiquement pas eu une journée de répit depuis la chute et la fuite de l'ancien président le 14 janvier.

La première équipe qu'il avait formée, avec notamment des poids-lourds de l'ancien régime, n'a pas tenu deux semaines.

Au bout de cinq jours de manifestations sous ses fenêtres, celui qui fut le dernier Premier ministre de Ben Ali onze ans durant avait jeté l'éponge le 27 janvier et formé une nouvelle équipe expurgée des "bénalistes" trop voyants, tout en sauvant sa tête.

Un mois plus tard jour pour jour, Mohammed Ghannouchi a cette fois décidé de partir après une manifestation monstre et surtout de très violents affrontements.

Vendredi, le gouvernement de transition, réuni en conseil des ministres, pensait pouvoir encore calmer le jeu, alors que la rue grondait, en annonçant des élections "au plus tard mi-juillet".

Cela n'avait pas réussi à mettre fin au raz de marée qui avait envahi le coeur de la ville avec comme objectif d'arracher la démission pure et simple de tout le cabinet.

En début d'après-midi, devant la place de la Kasbah noire de monde, des policiers avaient avancé le chiffre de "plus de 100.000 manifestants", soit la plus grande manifestation depuis la chute du régime de Ben Ali.

Le centre de Tunis résonnait de slogans déterminés: "Ghannouchi dégage!", "Ghannouchi prends tes chiens et démissionne!", "Non à la confiscation de la révolution!".

"Nous sommes là aujourd'hui pour faire tomber le gouvernement", affirmait Tibini Mohamed, un étudiant de 25 ans.

L'objectif a été atteint 48 heures plus tard.

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Tunisie : 3 morts dans des affrontements dans la capitale

AFP, le 27 février 2011

Trois personnes sont mortes dans des affrontements samedi entre manifestants et forces de l'ordre en plein centre de Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Selon ce communiqué, "trois personnes ont trouvé la mort parmi les douze qui ont été blessées lors de ces heurts et qui ont été transférées dans un hôpital pour y être soignées". L'utilisation du terme "personne" laisse entendre qu'il s'agirait de manifestants.

"Plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés à différents degrés", selon le communiqué qui ne précise par leur nombre.

D'autre part, selon le communiqué, "plus de 100 personnes ont été arrêtées ce samedi" et "88 autres auteurs d'actes de vandalisme ont été arrêtés la veille", lors des premiers affrontements entre forces de l'ordre et manifestants survenus vendredi dans le coeur de Tunis.

Le ministère attribue ces actes de violence contre la police "à un groupe d'agitateurs infiltrés dans les rangs de manifestants pacifistes et qui se sont servis de jeunes lycéens comme boucliers humains pour se livrer à des actes de violences, d'incendies visant à semer la terreur parmi les citoyens et visant les forces de sécurité intérieures".

Il appelle "la population à la vigilance et presse les parents à coopérer avec les forces de sécurité et à convaincre leurs enfants de ne pas participer à ces manifestations".

Auparavant, le ministère avait annoncé l'interdiction de circuler pour les piétons et les voitures dans l'avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, théâtre de violents affrontements, à partir de ce samedi 18H00 jusqu'à dimanche minuit, a rapporté l'agence TAP.

Cette avenue centrale a été livrée samedi à une véritable bataille rangée entre forces de l'ordre et manifestants, que la police a dispersés à plusieurs reprises en faisant usage de gaz lacrymogènes.