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Nouvelles flambées de violences en province en Tunisie

AFP, le 6 février 2011

 

La Tunisie a replonglé ce week end dans la violence, avec plusieurs attaques menées par des bandes de jeunes contre des postes de police ou administrations au Kef (nord-ouest), à Kébili (sud) et à Gafsa (centre-ouest), a-t-on appris de sources syndicales et officielles.

Après de premiers affrontements qui s'étaient soldés samedi par la mort de deux manifestants selon le ministère de l'Intérieur, quatre de sources syndicales, de nouveaux heurts ont éclaté dimanche au Kef.

L'immeuble abritant le siège de la police, déjà en partie incendié samedi, était de nouveau en feu dimanche après-midi, selon des sources syndicales, qui ont précisé que l'armée avait été déployée dans la ville après des attaques menées par des "bandes de jeunes".

"C'est la panique en ville. L'immeuble (des) forces de sécurité du district est en feu. L'armée cherche à faciliter le travail des secours", a affirmé à l'AFP Raouf Hadaoui, un syndicaliste joint par téléphone.

"La situation est explosive avec des tirs à balles réelles et des incendies dans plusieurs endroits", selon un autre témoin.

Des bandes de jeunes ont tenté d'attaquer la prison du Kef pour libérer des détenus et ont été repoussés par l'armée, ont aussi affirmé à l'AFP Raouf Hadaoui et un autre syndicaliste, Abdelatif Bouguera.

Tous deux ont affirmé que les jeunes, organisés en bandes mobiles, parcouraient la ville en pillant des habitations. "Ils sont payés par le RCD (ex-parti au pouvoir) pour semer le trouble", a déclaré M. Hadaoui.

De son côté, l'agence officielle TAP a confirmé l'incendie ainsi que le déploiement de l'armée.

Dans la nuit de samedi et dimanche, les troubles ont gagné la ville de Kébili, où un jeune est mort après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine tête lors de heurts avec les forces de l'ordre, selon la TAP.

Selon l'agence, un "groupe de jeunes" avait tenté d'attaquer et incendier un poste de la garde nationale à la sortie nord de la ville, avant d'être repoussé par les forces de l'ordre.

Le groupe a ensuite tenté d'attaquer un autre poste de la garde nationale puis s'est dirigé vers la résidence du gouverneur. L'armée s'est interposée, précise l'agence, qui rapporte que des sit-in avaient eu lieu samedi pour dénoncer la nomination du nouveau gouverneur.

Dans le bassin minier du centre-ouest, le nouveau gouverneur de Gafsa, Mohamed Gouider, a été contraint dimanche de quitter ses bureaux à bord d'un véhicule de l'armée, sous la pression de nombreux manifestants qui demandaient sa démission, toujours selon la TAP.

Trois semaines après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, la situation reste très tendue en Tunisie.

Le gouvernement a dénoncé à plusieurs reprises "un complot" des partisans du président déchu, affirmant que les attaques menées dans certaines villes étaient l'oeuvre de jeunes payés par son parti, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique).

Après un grand coup de balai dans la police et le remplacement des gouverneurs des 24 provinces du pays, le gouvernement de transition avait pourtant parié sur une amélioration de la sécurité et annoncé un allègement samedi du couvre-feu en vigueur depuis le 12 janvier.

Mais ces derniers jours les habitants de plusieurs villes et des partis politiques ont contesté les nominations de gouverneurs et réclamé un nettoyage en profondeur de toutes les administrations.

Le parti d'opposition Ettajdid (ex-communistes) a notamment dénoncé la nomination "sans concertation" de gouverneurs "issus pour la plupart du RCD".

A Tunis, José Ignacio Salafranca, le chef d'une délégation du Parlement européen en visite depuis quatre jours, a fait part de sa "vive préoccupation" après les morts du Kef et réclamé "une enquête pour identifier les coupables" afin de les traduire en justice.