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Tunisie : un vent de révolte souffle sur Gafsa

 
 

Tunisie : verdict allégé dans le procès des "révoltés de Gafsa"

AP, le 4 février 2009
 

Au terme d'un procès marathon, la cour d'appel de Gafsa, chef-lieu de la région minière du sud-ouest tunisien secouée en 2008 par des troubles sociaux, a allégé mercredi le verdict prononcé en première instance à l'encontre de la trentaine de prévenus, dont des syndicalistes, impliqués dans ce mouvement sans précédent en Tunisie depuis plus de 20 ans, a-t-on appris auprès des avocats de la défense.

Les prévenus, qui comparaissaient en état d'arrestation, avaient été condamnés en décembre dernier à des peines allant de deux ans de prison avec sursis à 10 ans de réclusion.

Le porte-parole du mouvement, Adnane Hajji, et un autre dirigeant, Béchir Laâbidi, qui avaient écopé de la peine maximale, ont vu leur peine réduite à huit ans de prison ferme.

La Cour a également ramené de dix à six ans le jugement prononcé contre deux autres inculpés.

Douze autres prévenus, initialement condamnés à six ans de réclusion, ont bénéficié d'une réduction de peine allant de quatre à deux ans de prison ferme.

Le nombre des prévenus condamnés en première instance à deux ans de prison avec sursis a été porté de sept à douze, avec la modification du non lieu dont avaient bénéficié cinq inculpés, et ce à la demande du parquet.

"C'est un jugement honteux", s'est écrié l'avocat Chokri Bélaïd qui a qualifié le verdict de "politique". Selon lui, "le dossier ne renferme aucun argument juridique qui étaye les accusations".

Les prévenus, baptisés "révoltés de Gafsa", étaient accusés de "participation à une entente en vue de commettre des agressions contre les personnes et les biens", de "rébellion armée" et de "fabrication et détention d'engins incendiaires".

Une "source judiciaire" (gouvernementale) fait état "d'un véritable plan d'action" fomenté par les prévenus qu'elle accuse d'avoir "minutieusement préparé et exécuté des attaques contre des édifices publics et privés entièrement saccagés, outre les cas multiples d'atteinte à la propriété d'autrui".

Lors de leur interrogatoire mardi, les prévenus ont nié toute implication dans des actes de violence, dénonçant les tortures qu'ils affirment avoir subi lors de leur incarcération, selon Me Mohamed Abbou.

La même source gouvernementale réfute ces allégations, assurant que "les prévenus sont détenus dans des conditions normales, garantissant leur intégrité physique et morale et reçoivent régulièrement les visites des membres de leurs familles ainsi que celles de leurs avocats".

Les avocats de la défense ont plaidé le non-lieu en faveur de leurs clients, soutenant qu'ils "ne faisaient pas partie d'une bande de malfaiteurs, mais avaient plutôt participé à un mouvement social dans le but de voir leur condition s'améliorer".

Plusieurs observateurs étrangers venus de France, d'Algérie et du Maroc étaient présents à l'audience, dont un avocat représentant le barreau de Paris et la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH). Deux diplomates de la délégation européenne et de l'ambassade des Etats-Unis y assistaient également.

Les troubles avaient été déclenchés en janvier 2008 par la publication de résultats contestés d'un concours de recrutement de la Compagnie des phosphates de Gafsa, principal employeur de la région au taux de chômage élevé.

Les heurts entre manifestants et les forces de l'ordre s'étaient soldés par la mort de trois personnes et le calme n'avait été rétabli qu'à la suite de l'intervention de l'armée.