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Condition des femmes sur le net :

RAJFIRE
Femmes sous lois musulmanes
Sysiphe
A.I. - Droits des femmes

 


Les traditions nous font la vie dure

(Les pénélopes : http://www.penelopes.org/xhome.php3)

Le 8 mars 2000, la Directrice générale de l'UNICEF, Carol Bellamy, dénonçait les violences meurtrières sanctionnées par la " tradition " dont sont victimes les femmes et les filles du monde entier. Meurtres pour "l'honneur", attaques à l'acide, infanticide dirigé contre les petites filles, immolation par le feu des épousées, étaient ce jour-là, clairement définis comme des crimes d'hommes contre les femmes, restés impunis.

Cependant, ces pratiques se répandent, voire augmentent. Force est de constater que, partout dans le monde, la loi est du côté des hommes, seuls dépositaires du droit à l'existence des femmes.

La tradition inscrite dans la loi

Dans de nombreux pays, malgré les textes inscrivant dans la Constitution l'égalité des droits devant la loi quels que soient la race, le sexe, l'ethnie, la religion..., le viol ou toute agression sexuelle sont purement et simplement impunis si l'agresseur épouse sa victime, mineure ou pas. Le mariage fait, dans tous les cas, œuvre d'amnistie. Au Costa Rica, " l'enlèvement, le viol, ou l'atteinte aux bonnes mœurs restent impunis si leurs auteurs déclarent leurs intentions d'épouser la victime consentante ". Toute opposition au mariage par la personne détenant l'autorité paternelle est considérée par le Code Pénal " sans fondement et injuste ". Le Code Pénal de l'Empire d'Ethiopie, stipule que " Quiconque enlève une femme par la violence ou après avoir obtenu son consentement à l'enlèvement en l'intimidant par la violence, la ruse ou la tromperie est punissable d'incarcération totale pour une durée qui n'excède pas trois ans ". Non seulement la sanction est mineure mais, les poursuites ne sont entamées qu'après annulation du mariage... Au Liban, dans le cas d'un mariage légal entre un violeur et sa victime, les poursuites judiciaires sont arrêtées et si un jugement a été prononcé, l'exécution dudit jugement est suspendue. Avant l'expiration de trois ans, les poursuites judiciaires peuvent reprendre et la sentence est de nouveau applicable si un divorce est prononcé. Au Pérou, " Celui qui, par tromperie, commet des actes sexuels ou d'autres actes analogues avec une personne âgée de 14 à 18 ans, sera puni d'une peine privative de liberté n'excédant pas trois ans ou d'une peine complémentaire de trente à soixante-dix-huit périodes de travaux d'intérêt général. " Et là encore, la peine est annulée si l'agresseur se marie avec sa victime. En Uruguay, dans le Code Pénal, il est écrit : " Le mariage entre le délinquant et la victime éteint le délit ou la peine dans la mesure du possible dans les cas de viol, même de mineure, d'agression sexuelle, de rapt, ou d'attentat à la pudeur. "

En Inde comme en Malaisie, la loi précise que " Des relations sexuelles entre un mari et sa femme d'au moins seize ans d'âge ne constituent pas un viol ". Toute plainte d'une femme contre son mari est donc nulle et non avenue. En Papouasie-Nouvelle-Guinée ou en République de Serbie, la formule est plus subtile : toute personne qui a des rapports sexuels sans consentement ou avec un consentement obtenu par la force... avec une femme ou une jeune fille avec laquelle il n'est pas marié, est coupable d'un crime appelé viol.

Au Nigeria du Nord, aucune infraction n'est constatée si l'agression a été commise par : " un parent ou un tuteur pour corriger leurs enfants ou leurs pupilles, âgés de moins de 16 ans ", " un maître d'école, qui dans le cadre de sa fonction, vise à infliger des corrections à un enfant âgé de moins de 16 ans ", " un maître pour infliger des corrections à son domestique ou apprenti, âgé de moins de 16 ans " ou par un mari pour infliger des corrections à sa femme, la loi nationale de l'époux et l'épouse devant reconnaître de telles corrections ". Ces lois invalident donc toute forme d'inceste, de harcèlement sexuel, de violences conjugales. A contrario, en Iran, le témoignage de femmes seules ou avec celui d'un homme ne pourra prouver l'adultère, mais constituera une fausse accusation, qui est un acte punissable. Le contraire n'est évidemment pas vrai. Par ailleurs, le prix du sang pour le meurtre ou l'homicide involontaire d'une femme musulmane équivaut à la moitié de celui d'un homme musulman.

Au nom de l'honneur

Aucune religion n'impose l'excision. Cette pratique correspond à une tradition destinée à préserver la virginité, exigée par le futur mari, et à supprimer toute sexualité féminine. Ainsi, 130 millions de femmes et de fillettes africaines ont subi des mutilations génitales. On en trouve également dans la péninsule arabique, notamment au Yémen et à Oman et de façon sporadique, en Indonésie. Chaque année, deux millions de fillettes ou de jeunes filles, dont 75 % des Egyptiennes, des Ethiopiennes, des Kenyanes, des Nigérianes, des Somaliennes et des Soudanaises, sont excisées, infibulées, voire pire (voir le détail des mutilations effectuées). A Djibouti et en Somalie, 98 % des filles sont mutilées (voir les chiffres plus précis).

L'" honneur " légitime aussi le crime. Au Maroc, " Le meurtre, les blessures, et les coups sont excusables s'ils sont commis par l'époux sur son épouse ainsi que sur le complice à l'instant où il les surprend en flagrant délit d'adultère ". En Syrie, un homme ayant surpris sa conjointe, son ascendante, sa descendante ou sa sœur, en flagrant délit d'adultère ou de rapports sexuels illégitimes avec un tiers, et qui tue ou blesse l'une d'entre elles, bénéficie " d'une excuse absolutoire ". En Jordanie, un homme qui surprend sa femme ou bien l'une de ses connaissances de sexe féminin en flagrant délit d'adultère peut tuer ou blesser la première ou les deux, sans crainte d'être poursuivi. Et il en faut peu pour se faire accuser de comportement immoral. Adultère, perte de virginité, grossesse illégitime, regard déplacé...les Jordaniennes craignent pour leur peau. Selon des sources policières, 95% des meurtres ont été perpétrés sur la seule base d'une suspicion, d'une rumeur ou par vengeance. Le crime d'honneur est particulièrement pratiqué en Arabie Saoudite, dans le nord de l'Égypte et au Yémen, mais on en trouve quelques traces dans le Maghreb, au Liban et en Palestine, dans le territoire de Gaza. Dans tous les cas, le criminel est considéré par ses proches et par les institutions comme un héros auquel on doit respect et considération. Pour les Musulmans, une fille n'existe pas pour elle-même mais pour sa famille qui a tous les droits sur elle. Les femmes existent pour assurer la descendance. Toute sexualité hors mariage de la part des femmes met en péril la garantie de la paternité de l'homme. Même si l'Islam s'est historiquement écarté de ce droit coutumier tribal, les pratiquants en ont hérité avec discipline et conviction. La loi islamique punit néanmoins les relations adultères de mort par lapidation si quatre hommes peuvent témoigner. Si bien que seule la femme, tombée enceinte hors du mariage, sera punie, la grossesse devenant une preuve irréfutable. L'homme, quant à lui, sera condamné uniquement s'il avoue.

On estime ainsi qu'en 1997, 300 femmes ont été assassinées au nom de "l'honneur" dans une seule province pakistanaise, 400 au Yémen, 52 en Egypte. Entre 1996 et 1998, on en compte 36 au Liban. En 1999, plus de deux tiers des meurtres commis dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ont été des assassinats pour " l'honneur ". En Jordanie, il y a en moyenne 23 meurtres de ce genre par an.

Notons que des pays arabes ou méditerranéens ont ratifié la Convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, à l'exception de l'Iran, la Syrie, l'Afghanistan, l'Arabie saoudite, la majorité des Etats du golfe (Barein, Katar, Oman), les Emirats arabes, le Soudan unis mais aussi... les Etats-Unis et le Vatican.

Les textes du judaïsme et du catholicisme

La seconde version du récit de la création dans la Genèse fait apparaître la femme comme postérieure à celle de l'homme, et présente l'être humain féminin comme formé d'un élément enlevé à l'homme, donc n'étant pas apparu sur terre comme un être autonome. Depuis, la Bible relate que la femme a entraîné l'homme vers la "faute" (Cf. Adam et Eve). La peur des femmes a ainsi toujours régné. Dans le Judaïsme comme dans le Catholicisme, les hommes décident pour les femmes. Elles n'ont pas droit à l'autodétermination. La femme n'est qu'un complément de l'homme. Même si aucun archétype de la femme n'apparaît dans le Judaïsme - la femme juive n'est pas tenue de jouer le jeu virginal et maternel - en tant que partenaire sexuelle reconnue de l'homme, la femme doit rester passive. La féminité n'existe que pour satisfaire les besoins de l'homme. Elle n'est pas propriété de la femme. Pas question non plus d'exprimer un quelconque désir pour les femmes catholiques. En fait, l'homme ne peut trouver de plaisir qu'à prendre la femme malgré elle, ou bien se contenter d'une partenaire rendue frigide ou indifférente par l'effacement de sa personnalité, d'une femme objet de tous ses phantasmes, c'est-à-dire répondant à la représentation qui lui convient. Quant à l'homosexualité féminine, la Bible l'ignore. Par ailleurs, la monogamie est de rigueur. Mais, seule la femme adultère est punie. Pour couronner l'ensemble, tout bon Catholique le sait, " si quelqu'un est agressé, frappé sur la joue droite, il doit tendre la joue gauche ". Cette assertion autorise donc l'agresseur à continuer, excuse l'agressivité elle-même, et l'amnistie de tout crime. Le Judaïsme interdit explicitement à l'homme de violer une femme. Il n'en est pas de même chez les Catholiques qui restent beaucoup plus flous sur la question. Au cours des siècles, dans les pays sous juridiction catholicisante, l'homosexualité a été punie sans qu'il y ait loi, tandis que le viol n'a été ni sanctionné par la loi, ni puni. De ce fait, on peut dire que le viol a été ignoré, voire encouragé.

Un rapport de force à renverser

Toutes les religions et traditions, on l'aura compris, sont au service d'un patriarcat tenace, où la domination masculine fait loi. En d'autres temps, une telle panoplie de crimes perpétrés sur une base raciste et de plus restés impunis, provoquait des révolutions, des changements de Constitution. Toute forme de violence contre les femmes est légitimée au prétexte qu'elle a vocation à protéger la dignité, l'honneur et l'intégrité des hommes et surtout à interdire toute forme de sexualité librement choisie. Le pouvoir de perpétuer l'humanité continuera-t-il à faire peur ? Ce qui pourrait représenter un véritable rapport de force en leur faveur se retourne contre les femmes et engendre pour elles un danger parfois mortel.


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