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Préfet "en mission" ou provocation à la discrimination ?

La Nouvelle République, le 23 juin 2007

Le préfet d'Indre-et-Loire comparaissait jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris pour ses propos diffusés sur le blog de la NR pouvant assimiler délinquance et gens du voyage.

C'était au mois de novembre dernier. L'interview de Paul Girot de Langlade parue dans les colonnes de la Nouvelle République avait détonné dans le paysage tourangeau, habituellement si tempéré. Face à notre rédaction départementale, le préfet d'Indre et loire (en poste depuis six mois) avait exprimé sans retenue sa fermeté sur les questions de société.

Au sujet des gens du voyage, il avait traduit son "agacement" en affirmant sans ambages : "Il y en a trop en Indre et Loire. On a été trop laxiste pendant trop longtemps... Il faut arrêter de se voiler la face. Chacun sait que quand ils arrivent quelque part, il y a de la délinquance". Des propos chocs qui avaient provoqué ensuite, en cascade, une vague de commentaires contrastés sur le blog de notre journal.

Jeudi, c'est pour complicité de "provocation à la discrimination à raison de l'origine" que Paul Girot de Langlade était appelé à comparaître devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris au côté d'Olivier Saint-Cricq, le directeur de la publication du site internet de la NR. Ce dernier était poursuivi à titre d' "auteur principal" mais, très vite, les débats se sont focalisés sur la responsabilité du préfet d'Indre et Loire. Après avoir tenté de démontrer que ses propos avaient été sortis de leur contexte sur le blog du journal, le représentant de l'Etat a fini par les assumer en indiquant qu'il ne se sentait "pas responsable ni coupable" de racisme ou de discrimination. "Je suis dans mon job quand je dis qu'il y a de la délinquance là où sont les gens du voyage" a-t-il précisé. Un argument repris par son avocat, Me Bertrand Domenach : "Monsieur Girot de Langlade s'est borné à exprimer un fait qu'il a pu constater dans l'exercice de sa mission".

Par ailleurs, tout comme l'avocat de la NR - Me Guillaume Bardon - le défenseur du préfet a souligné que la communauté des gens du voyage ne correspondait pas à "une ethnie, une nation, une race ou une religion" au sens de l'article de loi fondant les poursuites.

Délibéré le 13 septembre

Cependant, auparavant, la représentante du parquet avait demandé au parquet d'entrer en voie de condamnation en considérant que "de tels propos sur les juifs, les Nègres, les arabes seraient intolérables et sont intolérables". Le procureur, Anne de Fondette, a requis une peine d'amende en laissant aux juges le soin de fixer le montant.
Pour la NR, Me Bardon a rappelé en outre que les propos en cause constituaient la position du représentant de l'Etat dans le département, "ce qui en soit donne à l'information une portée d'intérêt général". Quant au MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) qui s'était porté partie civile, son avocat Me Pierre Mairat a demandé solidairement aux prévenus 50 000 € de dommages et intérêts en estimant les propos du préfet "inadmissibles et insupportales".

Le jugement a été mis en délibéré jusqu'au 13 septembre.