AFP, le 22 août 2012
Les forces de l'ordre togolaises ont dispersé mardi avec des gaz lacrymogènes une manifestation interdite de l'opposition regroupant plusieurs milliers de personnes à Lomé, et plusieurs personnes ont été blessées et d'autres arrêtées, selon les organisateurs de la marche.
La manifestation est organisée par le collectif "Sauvons le Togo", qui a appelé mardi soir, à une nouvelle marche suivie d'un sit-in mercredi sur la place de l'Indépendance.
"Nous avons prévu trois jours de manifestations. Mercredi, on se retrouve encore même endroit pour la marche avec pour point de chute la place de l'Indépendance", a déclaré sur une radio privée, Claude Améganvi, membre du Collectif.
"La marche de ce mardi a été empêchée par des forces de l'ordre. Et pour nous, elle sera encore reprogrammée", a-t-il souligné.
Mardi, des manifestants ont brûlé des pneus et dressé des barrages dans les rues, où l'atmosphère était tendue. Plus tard dans l'après-midi, plusieurs centaines de personnes ont tenté de rejoindre la place de l'Indépendance, mais ont été à nouveau bloquées par les forces de sécurité.
"Nous avons enregistré plusieurs blessés et des interpellations. Pour le moment, nous n'avons pas encore fait le décompte", a déclaré Me Zeus Ajavon, coordonnateur du collectif lors d'une conférence de presse.
Selon un communiqué conjoint des ministres de sécurité et de l'administration territoriale, "dix blessés légers dont un agent des forces de l'ordre" ont été enregistrés.
"Ce premier bilan fait également état de dégâts matériels subis par des véhicules de la police. Le gouvernement saisit l'occasion pour rappeler aux organisateurs des manifestations sur la voie publique, la nécessité de respecter les consignes des autorités compétentes, qui visent à préserver l'ordre public ainsi que la sécurité des personnes et des biens", souligne le communiqué lu à la télévision nationale.
Le collectif "Sauvons le Togo", qui groupe neuf organisations de la société civile et sept partis et mouvements politiques de l'opposition, réclame des changements dans le code électoral avant les législatives théoriquement prévues en octobre. Car aucune date n'a encore été fixée pour ce scrutin.
Les tirs de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre sont intervenus 10 minutes après le début de la manifestation, alors que les protestataires se dirigeaient vers une des grandes places de la capitale, la place Deckon, gardée par une centaine de policiers.
Le gouvernement avait interdit lundi les manifestations dans les endroits à forte activité commerciale, en réponse à l'annonce par le collectif de trois jours de marches et de sit-in à partir de mardi.
"Nous ne nous laisserons plus piétiner, la marche aura bel et bien lieu", déclarait Edem Akou, une revendeuse, avant le départ de la manifestation.
"Personne ne nous empêchera d'aller à Deckon", affirmait de son côté Dodji Amou, un chauffeur de taxi.
Le gouvernement a justifié l'interdiction de manifester dans les endroits à forte activité commerciale par la difficulté à y maintenir l'ordre et la sécurité. Mais les organisateurs avaient annoncé leur intention de passer outre cette interdiction.
Certains partis d'opposition demandent que les élections soient retardées pour permettre des réformes préalables. Le collectif "Sauvons le Togo" exige notamment l'abrogation de nouvelles dispositions du code électoral adoptées par l'Assemblée nationale sans consensus dans la classe politique.
Le Togo est dirigé depuis 2005 par le président Faure Gnassingbe, qui a succédé à son père Gnassingbe Eyadema, lui-même resté 38 ans au pouvoir. Faure Gnassingbe avait été porté au pouvoir par l'armée, puis a remporté les élections en 2005 et 2010.