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Ils campent au Sanitas en attendant un logement

La Nouvelle République, le 1er juillet 2015

Depuis une douzaine de jours, une quarantaine de demandeurs d’asile, adultes et enfants, campent dans le quartier du Sanitas, à Tours, en attendant un toit.

Ne leur demandez pas si la misère est moins pénible au soleil : même ceux qui viennent du pays d'origine de Charles Aznavour ne supportent plus le soleil brûlant. Depuis une douzaine de jours, Badre Davrichev, Yézidi d'Arménie d'une trentaine d'années, sa femme et ses deux filles, vivent sous une toile de tente au Sanitas, juste derrière le local de Chrétiens migrants : « Là-dessous, on a froid quand il fait froid et on a chaud quand il fait chaud ! Cela devient difficile, surtout pour ma femme qui a été opérée deux fois du cœur. »

" La situation est devenue dramatique "

Une quarantaine de demandeurs d'asile, adultes et enfants parfois en bas âge, campent ainsi fortuitement en attendant des jours meilleurs : un peu moins de canicule, mais surtout un vrai toit. « Hier, on a dû refroidir dans la baignoire un petit de six mois », raconte Rose-Marie, une des bénévoles de Chrétiens migrants. « Cela fait des semaines qu'on tire la sonnette d'alarme et on ne voit pas venir de solution. Le 115 est saturé tous les soirs : il y a en ce moment entre 60 et 80 rejets de demandes d'hébergement. Vendredi, une femme et deux enfants ont été logés dans un hôtel. Mais le problème global subsiste. On espère toujours qu'il va se passer quelque chose : une ville comme Tours peut bien absorber une quarantaine de demandeurs d'asile ! Surtout quand on voit le nombre de logements vides rien qu'au Sanitas. La situation est devenue dramatique… »

Justement, une réunion est prévue cet après-midi en mairie de Tours : en sortira-t-il une solution ou l'arrêté d'expulsion sera-t-il exécuté ? Une solution, c'est ce qu'espère Sükh (prénom changé) : il était journaliste en Mongolie. Mais un jour, un de ses reportages a déplu au pouvoir en place et il a dû partir avec sa femme et ses trois enfants. Il a absolument voulu raconter son histoire à un confrère, par le truchement d'une traductrice au téléphone, un peu comme on lance une bouteille à la mer : « Nous sommes arrivés à Tours en mars. Nous avons couché sur les sièges de la gare, sur les bords de la Loire, comme on pouvait. Et maintenant, on essaye de dormir sous une tente. Nous n'en pouvons plus… »



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