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2e journée de combats à N'Djamena, le président tchadien assiégé
Reuters, le 3 février 2008 |
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N'DJAMENA (Reuters) - Au cours d'une deuxième journée de combats, des hélicoptères de l'armée tchadienne et des soldats fidèles au président Idriss Déby ont riposté aux rebelles qui assiégeaient le palais présidentiel de N'Djamena, tandis que la France évacuait plus de 700 expatriés. Les hélicoptères ont bombardé les rebelles qui, à bord de pick-up armés de canons et de mitrailleuses, affrontaient chars et soldats pour tenter d'évincer Déby de son palais étroitement protégé dans l'ouest de la capitale. À la frontière orientale du Tchad avec le Darfour soudanais, l'armée gouvernementale a dit avoir repoussé une attaque aéroterrestre lancée sur la ville d'Adré par une force mixte composée de soldats soudanais, de rebelles et d'alliés. Intervenant sur Radio France Internationale, le général Mahamat Ali Abdallah Nassour, ministre d'État chargé des Mines et de l'Énergie, a qualifié l'attaque d'Adré de "déclaration de guerre" du Soudan . Le porte-parole des rebelles Henchi Ordjo a affirmé pour sa part qu'Adré avait été "libérée", ainsi que la ville de Faya-Largeau, dans le nord du pays, ce qui n'a pu être confirmé de source indépendante. Le gouvernement de Khartoum a nié soutenir l'offensive des groupes rebelles tchadiens, qui accusent Déby de corruption et d'exercice dictatorial du pouvoir. Les insurgés, dont l'assaut est sans précédent depuis deux ans, ont pénétré samedi dans la capitale par le nord après une offensive éclair à travers le pays à partir de la frontière soudanaise. On ne dispose d'aucun bilan précis des victimes, mais l'ONG Médecins Sans Frontières estime que plusieurs centaines de personnes ont été blessées en deux jours d'affrontements confus dans la capitale, a rapporté RFI. Selon France Info, deux soldats français ont été légèrement touchés en protégeant des ressortissants étrangers. PONT AÉRIEN VERS LE GABON Les dirigeants tchadiens accusent le Soudan d'être à l'origine des combats et de chercher à saboter le déploiement prochain de la force de paix européenne Eufor à la frontière du Tchad avec le Darfour, où des milliers de réfugiés soudanais sont confiés aux soins des organisations humanitaires. Habitants de N'Djamena et résidents étrangers ont signalé des tirs d'armes lourdes avant l'aube à proximité du palais, non loin de deux hôtels abritant plusieurs centaines d'étrangers. Mais ils ne semblaient pas en mesure de prendre le contrôle de l'ensemble de la ville des bords du fleuve Chari. Selon un correspondant de Reuters, la capitale était coupée en deux, les rebelles occupant l'ouest et l'armée gouvernementale l'est de la ville. "Les gens craignent que ces combats continuent", a-t-il ajouté. Dans les affrontements confus qui ont émaillé la journée de samedi, des détenus se sont évadés de la prison centrale de N'Djamena et des scènes de pillage ont été signalées en ville. La France, dont un contingent est stationné en permanence au Tchad, a annoncé que ses avions militaires avaient transféré depuis samedi soir plus de 700 personnes du Tchad à Libreville (Gabon). Six appareils militaires sont mobilisés et neuf rotations ont eu lieu depuis samedi soir, dit un communiqué du ministère français des Affaires étrangères émis en début de soirée. "Environ 200 et 250 ressortissants français et étrangers restent actuellement regroupés sur la base militaire française Kossei", à N'Djamena, ajoute le texte. À Libreville, un Boeing 777 affrété par le Quai d'Orsay et un Airbus A310 de l'armée française attendent les personnes qui arrivent de N'Djamena. Un premier départ pour Paris a eu lieu dimanche et l'avion, avec 130 Français et 69 étrangers à bord, était attendu vers 23h30 (22h30 GMT) à Roissy-Charles-de-Gaulle. L'ONG Oxfam a évacué son personnel international de la capitale tchadienne et annoncé que les combats risquaient de compromettre l'assistance destinée à un demi-million de personnes déplacées dans l'Est tchadien. Les ambassadeurs de l' Union européenne ont tenu à Bruxelles une réunion consacrée au Tchad, où aucune décision n'a été arrêtée. Washington a dit avoir évacué une partie de son personnel diplomatique vers le Cameroun. La France a condamné l'offensive insurrectionnelle à l'instar de l'Union africaine et des États-Unis . Dans une interview au Journal du Dimanche, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, note cependant que les accords de coopération franco-tchadiens ne prévoient pas de "participation directe (des troupes françaises) aux combats". UN CHEF REBELLE ACCUSE LA FRANCE Mais Timane Eridimi, chef rebelle du Rassemblement pour le changement (RDC), estime que la France "persiste à soutenir" Déby, dont il est le neveu. "Au lieu de l'évacuer et de nouer rapidement des relations avec nous, la France persiste à soutenir Déby", a-t-il dit au Journal du Dimanche. Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a déclaré dimanche à des médias que la situation au Tchad restait "incertaine", avis partagé à Washington. Le ministre français a estimé que Déby gardait "la maîtrise de la quasi-totalité de l'armée tchadienne" et avait "repris les choses en main sur une partie de N'Djamena, repoussant les forces rebelles sur la périphérie de la capitale". Il a ajouté que, d'après ses informations, le chef d'état-major de l'armée tchadienne était mort dans les combats. Le ministre francais a indiqué par ailleurs que les six avions Mirage dont Paris disposait sur l'aéroport de N'Djamena avaient été transférés au Gabon "pour des raisons de sécurité". Déby est resté au palais présidentiel en repoussant une offre d'exfiltration de la France. "On dit que Déby est toujours au palais et qu'il riposte", écrit Gabriel Stauring, de l'ONG "Stop Genocide Now", dans un courriel adressé à Reuters de l'hôtel Méridien, où il attendait d'être évacué avec d'autres étrangers. Plusieurs milliers de Tchadiens et d'étrangers ont franchi les frontières sud-ouest du pays avec le Cameroun et le Nigeria , ont fait savoir des responsables locaux.
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