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Près de 6.500 civils tués dans les combats au Sri Lanka, 100.000 déplacés depuis lundi
AP, vendredi 24 avril 2009
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Près de 6.500 civils ont été tués et 14.000 autres ont été blessés au cours des trois derniers mois de combats entre forces régulières et séparatistes tamouls dans le nord du Sri Lanka, selon un document confidentiel de l'ONU. Ce document circulant actuellement dans les missions diplomatiques au Sri Lanka a été remis à l'Associated Press par un diplomate étranger. Les Nations unies n'ont pas rendu public de bilan humain des combats en cours, et se sont refusés à tout commentaire de ce document. Alors que l'armée gouvernementale, tout comme les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), nient viser des civils, il précise que depuis le 20 janvier, 6.432 civils ont été tués et 13.946 blessés. Toujours selon ce document, le nombre de victimes civiles n'a cessé d'augmenter: fin janvier, il y avait en moyenne 33 morts par jour, un chiffre passé à 116 en avril. Et plus de 5.500 de ces morts ont été tués dans la zone soi-disant "sans combats" décrétée par les forces gouvernementales, où les civils avaient été cantonnés au début de l'offensive. Et l'inquiétude s'accroît pour les civils : lundi, l'armée a enfoncé les fortifications ennemies en lisière de cette "zone sans combats", déclenchant un exode de plus de 102.000 personnes. Selon la guérilla, cette seule bataille aura causé la mort d'au moins un millier de civils, la Croix-rouge faisant pour sa part état de centaines de morts et blessés. Selon Médecins sans Frontières (MSF), un nombre grandissant de civils blessés par balles ou par des explosions arrivent dans un hôpital situé près de la zone de conflit. La porte-parole de l'ONU Elisabeth Byrs a expliqué qu'il y aurait encore 50.000 personnes prises au piège dans cette étroite bande côtière toujours tenue par les Tigres, dernier réduit qui ne mesure plus que 12 kilomètres carrés. Et selon l'armée, qui rapporte les informations de ses services de renseignements, le chef des Tigres, Velupillai Prabhakaran, et d'autres responsables du mouvement, se trouveraient toujours dans ce territoire encore aux mains de la guérilla. Les installations gouvernementales du secteur sont débordées par cet exode massif, selon les humanitaires et diplomates. La seule journée de jeudi a vu arriver à Trincomalee quelque 1.200 personnes fuyant les combats, selon le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) Andrej Mahecic. Débordé, le HCR met sur pied un camp de tentes de fortune. La plupart des déplacés se sont réfugiés à Vavuniya, au sud de la zone de guerre. Et le Sri Lanka a demandé jeudi l'assistance de la communauté internationale pour venir en aide à ces 100.000 déplacés, évoquant une "situation humanitaire d'urgence". Vendredi, l'Inde voisine, sous la pression de son importante population tamoule, a dépêché au Sri Lanka son conseiller pour la sécurité nationale M.K. Narayanan et son secrétaire aux Affaires étrangères Shivshankar Monen, afin de tenter d'obtenir un cessez-le-feu. "Nous sommes très mécontents du massacre continu au Sri Lanka. Ces tueries doivent cesser. Il faut que cessent immédiatement toutes les hostilités", avait souligné jeudi le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères. De son côté, la France a annoncé le doublement de l'aide aux ONG présentes au Sri Lanka ainsi que de sa contribution au HCR, qui passe à un million d'euros. Un hôpital de campagne, doté d'un bloc opératoire et d'une équipe médico-chirurgicale, va également être envoyé au Sri Lanka. La guerre civile a fait plus de 70.000 morts depuis que les LTTE ont pris les armes en 1983, pour obtenir la création d'un Etat indépendant dans le nord et l'est du Sri Lanka et en finir avec les discriminations de la part de la majorité cinghalaise au pouvoir. Ces derniers mois, les troupes gouvernementales ont fait tomber les derniers bastions des Tigres tamouls, qui tenaient autrefois tout le nord-est du pays.
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